Mauritanie : Silence, on esclavagise et on torture ceux qui osent le dénoncer! (African Manager)

par Souleymane LOUM

Depuis quelques mois, la Mauritanie fait les gros titres de l’actualité, tristement. D’abord pour un fait proscrit et enterré depuis belle lurette dans toutes les nations modernes : L’esclavage. Ensuite pour la façon dont les militants anti-esclavagistes sont traités : La torture. Les sévices subis par de grandes figures de la cause des Noirs comme Moussa Bilal Bira, 51 ans et Abdallahi Maatala, 47 ans, sont soigneusement consignés dans un rapport élaboré par l’Association mauritanienne des droits de l’homme et trois autres ONG, rapporte Le Monde Afrique ce lundi 17 octobre 2016.

Mais les autorités mauritaniennes ne voient pas du tout les choses de la même façon, d’après elles les activistes de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, organisation non reconnue par Nouakchott) ont fomenté des troubles et menacent même la sécurité de l’Etat. Ces militants, qui sont pacifiques, il faut le souligner, sont accusés par le régime en place d’avoir piloté les heurts du 29 juin dernier entre des habitants d’un quartier populaire et des policiers, quand ces derniers étaient venus les déloger pour faire place nette avant le Sommet de la Ligue arabe. L’IRA rejette énergiquement l’argumentaire du gouvernement. Ce qu’on sait c’est qu’une instruction pour « flagrant délit » et une chasse à l’homme avait été lancées. Les forces de l’ordre ont mis la main sur des militants qui avaient été systématiquement torturés, écrit le journal.

Jusqu’à 15 ans de prison ferme!« Vous, gens de l’IRA, vous jouez avec le feu, tous les Bidhane [Maures] sont hyper armés, on est fatigués de les retenir, le jour où on les lâchera, ils n’hésiteront pas à vous canarder vous tous les Négro-Mauritaniens ». Ce sont les menaces proférées par un officier de police mauritanien, rapportées par treize détenus dont la plupart sont dans un état physique déplorable suite à leur passage au poste de police. Ils présentent des lésions diverses et des troubles neurochirurgicaux.
Seuls les détenus les plus gravement touchés sont admis à l’hôpital, mais le gros du paquet ne reçoit aucun soin.

Autre fait notable : Leurs aveux, extorqués par la force, ont alimenté un épais dossier judiciaire à charge et ont servi, le 13 août 2016, à faire condamner treize membres de l’IRA à de très lourdes peines de prison, jusqu’à quinze ans. Moussa Bilal Biram et Abdallahi Maatala ont écopé du maximum pour « attroupement armé », « violences à l’égard d’agents de la force publique », « rébellion » et « appartenance à une organisation non enregistrée ».
Avec les onze autres activistes de l’IRA, ils sont détenus à l’extrême nord du pays, dans le centre de détention de Zouérate, une ville minière difficilement accessible. L’audience en appel est fixée pour ce jeudi 20 octobre, mais vu qu’elle aura lieu dans cette ville reculée, loin des médias et des regards des observateurs des droits humains, il y a très peu de chances que le sort des prisonniers change.

En désespoir de cause, les ONG ont sollicité l’ONU, l’Union africaine, les institutions européennes et les chancelleries occidentales, en leur transmettant un rapport contenant les noms de neuf hauts gradés de la police mouillés dans des actes de torture. Le pouvoir mauritanien n’a pas pas pipé mot sur ces graves accusations. Catastrophique pour l’image du pays…

source : http://africanmanager.com/07_mauritanie-silence-on-esclavagise-et-on-torture-ceux-qui-osent-le-denoncer/

 

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