Présidentielle mauritanienne : l’opposition dénonce un « état de siège » (France 24)
Vent debout depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, l’opposition mauritanienne a accusé mercredi le pouvoir d’imposer « un état de siège » pour dresser les communautés les unes contre les autres.
La contestation ne faiblit pas en Mauritanie. Les quatre candidats de l’opposition à la présidentielle ont accusé, mercredi 26 juin, le pouvoir d’imposer un « état de siège de fait » afin couvrir son « hold-up électoral ».
« Rien ne justifie cet état de siège de fait », a affirmé lors d’une conférence de presse conjointe avec les trois autres candidats de l’opposition le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid. Il a accusé le régime de « dresser les Mauritaniens les uns contre les autres pour couvrir son hold-up et son coup de force électoral ».
« Dresser les Mauritaniens les uns contre les autres »
Une centaine « d’étrangers » ont, par ailleurs, été arrêtés en Mauritanie lors des manifestations qui ont éclaté après l’annonce de la victoire du candidat du pouvoir à la présidentielle de samedi, a annoncé mardi 25 juin le ministre de l’Intérieur, alors qu’Internet était entièrement coupé depuis le milieu de l’après-midi.
Mardi, les ambassadeurs du Sénégal, du Mali et de la Gambie ont été convoqués par le ministre des Affaires étrangères, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui les a enjoints de demander à leurs ressortissants de « s’abstenir de participer aux manifestations et à tout ce qui perturbe l’ordre public en Mauritanie », a expliqué le chef de la diplomatie sur la télévision nationale.
Selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Mohamed Oud Ghazouani a obtenu 52,01 % des suffrages, devant le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,58 %), l’ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87 %), le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71 %) et le professeur d’université Mohamed Ould Moloud (2,44 %).
Recours
Trois des opposants ont introduit mardi un recours en annulation devant le Conseil constitutionnel, tandis que le quatrième, Baba Hamidou Kane, a affirmé n’avoir pas encore pris de décision, disant à l’AFP « douter de l’intérêt d’une telle procédure devant une institution inféodée au pouvoir ».
Le siège de campagne du candidat journaliste a été fermé par la police lundi et celui des trois autres candidats de l’opposition mardi, « sur ordre du gouvernement », a indiqué leur entourage à l’AFP. « On ne peut comprendre cette décision des autorités alors que des recours sont en cours et que l’élection n’est pas terminée », a réagi Mohamed Ould Mouloud.
L’opposition a dénoncé l’arrestation de dizaines de personnes à la suite d’incidents dimanche entre manifestants et policiers dans la capitale et à Nouadhibou (nord-ouest).
Un « plan de déstabilisation »
Lundi soir, des heurts ont éclaté entre policiers et militants de l’opposition aux abords du siège des partis d’Ould Abeid et Kane, où la police a effectué une descente musclée, selon l’opposition.
« Il y a une main étrangère qui est derrière ces événements », a affirmé le ministre de l’Intérieur, Ahmedou Ould Abdallah, à propos de ces contestations, évoquant un « plan de déstabilisation » du pays.
« Nous avons arrêté une centaine d’étrangers dont on ne peut expliquer la présence dans la contestation d’une élection dans un pays qui n’est pas le leur », a ajouté le ministre.
Il a affirmé que cette présence étrangère était « en relation avec certains candidats ».
La société mauritanienne est marquée par des disparités entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d’esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d’ethnies subsahariennes.
Avec AFP
source : https://www.france24.com/fr/20190626-presidentielle-mauritanie-opposition-denonce-etat-siege