13 Militants IRA
13 militants des Droits de l’Homme ont été arrêtés entre le 30 juin et le 9 juillet, après une manifestation organisée par les habitants d’un bidonville de Nouakchott qui étaient menacés d’être expulsés car la ville se préparait à accueillir un sommet de la Ligue arabe.
Parmi ces 13 militants, aucun n’a organisé ni participé à la manifestation.
La cour criminelle de Nouakchott a déclaré tard dans la soirée de jeudi 18 août, 13 militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) coupables de rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue.
Ils ont été condamnés entre 3 et 15 ans de prison ferme et à payer une amende d’environ 94 000 euro.
(Amnesty International)
« La libération des trois militants anti-esclavagistes, qui avaient été injustement condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions, est un grand soulagement pour les personnes arrêtées arbitrairement, leurs familles et pour tous ceux qui ont fait campagne pour mettre fin à la répression violente des défenseurs des droits humains en Mauritanie.»
« Toutefois, le fait que la Cour n’ait pas acquitté les 10 d’entre eux dont trois qui vont rester en prison représente un signe inquiétant du rétrécissement de l’espace dont disposent les organisations de la société civile et les personnes qui défendent les droits humains en Mauritanie. Il est aussi consternant que la décision du tribunal ait ignoré les allégations de torture formulées par les accusés et qu’aucune enquête n’ait encore été ouverte ».
Kiné Fatim Diop, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International
Condamnation de 13 membres de l’IRA-Mauritanie – Appel urgent Défenseurs des droits humains – (FIDH/OMCT)
Selon les informations reçues, le 18 août 2016, MM. Moussa Biram, vice-président du bureau de Sbeka, Adballahi Abou Diop, membre du bureau de Riadh, Amadou Tidjane Diop, vice-président national de l’IRA, et Adballahi Matallah Seck, président du bureau de Sebkha, ont été condamnés par la Cour criminelle de Nouakchott ouest à une peine de 15 ans d’emprisonnement pour « attroupement armé » (article 101 à 105 du Code pénal), « violences à l’égard d’agents de la force publique » (articles 213 et 214 du Code pénal), « rébellion » (article 191 du Code pénal) et « appartenance à une organisation non enregistrée » (articles 3 et 8 de la Loi de 1964 sur les associations).
Le même jour, MM. Hamady Lehbouss, conseiller du président et chargé de la communication au niveau national, et Balla Touré, chargé des relations extérieures du bureau national, ont quant à eux été condamnés à une peine de cinq ans de prison pour « provocation directe à un attroupement armé » (article 104 paragraphe 2 du Code pénal) et « administration d’une organisation non autorisée » (article 8 de la Loi de 1964 sur les associations).
Par ailleurs, MM. Ousmane Anne, président du bureau de Tevragh Zeina, Jemal Samba Beylil, membre du bureau de Riadh, Mohamed Daty, secrétaire général de la coordination de Nouakchott, Ahmed Mohamed Jarroullah et Ousmane Lo, tous deux membres du bureau exécutif, ainsi que Khatri Rahel Mbareck, coordinateur du comité de la paix au niveau national, et Ahmed Hamdy Hamar Vall, trésorier national, ont été condamnés à trois ans de prison pour « gestion d’une organisation non enregistrée » (article 8 de la Loi de 1964 sur les associations).
Portraits
Diop Amadou Tijane, Vice-président de l’IRA :
«Au-delà de l’horreur de la discrimination, l’aspiration à l’humanisme que m’impose mon combat »
Condamné à 15 ans de prison ferme
Le dicton dit qu’un «con qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis». L’évolution du monde s’est bâtie à coups de sacrifices pour un idéal qui transcende l’humain. Diop Amadou Tijane est, d’après ses amis et proches, «de la trame de ses intellectuels qui ont fait de la lutte pour les droits humains un sacerdoce, troquant la tranquillité d’une chaire d’Université aux rudesses d’une cellule de prison à Dar Naïm ». Condamné à 15 ans de prison le 18 août 2016 pour son implication présumée dans des troubles sociaux à Nouakchott (Affaire de la Gazra Bouamatou), Diop Amadou Tijane, qui est vice-président d’une organisation antiesclavagiste IRA, «rejoint ainsi le Panthéon des grands combattants de la liberté et des causes justes » selon ses partisans. Mais pour le ministère public et la justice mauritanienne, «sa condamnation est amplement justifiée par son implication en tant que planificateur des violences dans l’affaire Bouamatou ». Parmi ses anciens amis d’IRA qui ont fait défection, notamment Dr.Saad Ould Louleid, «il fait partit de l’aile flamiste qui s’est emparée d’IRA pour déstabilise la Mauritanie».
Professeur à l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises (ISCAE) et au Sup Management ISIKOUMINIK de Nouakchott et ISI de Dakar, cadre auditeur de plusieurs institutions financières mauritaniennes et sénégalaises, Diop Amadou Tijane est membre de plusieurs ordres d’experts fiscaux, doctorant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et détenteur de plusieurs diplômes supérieurs, dont un DEA en droits des affaires économiques, un diplôme spécialisé en Ressources Humaines, un DESS en Audit comptable fiscal et financier et un DESS en gestion option Finances, après une maîtrise en Analyse économique décroché à l’Université de Nouakchott.
Le combat politique
Diop Amadou Tijane a entamé le combat politique sur les bancs des universités pour avoir été plusieurs fois délégués des étudiants, puis vice-président de l’AMESE (Amicale des étudiants en Sciences économiques en 1996), président de l’association JEUN (Junior entreprise université de Nouakchott en 1997) et puis, président de la Commission d’organisation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2000.
C’est en 2003, que Diop Amadou Tijane se lancera dans la politique informelle, en présidant le Collectif pour le Changement et l’Alternance (CCA), un mouvement de cadres mauritaniens pour le soutien de la candidature de Mohamed Khouna Ould Haïdalla. Durant cette présidentielle de 2003, il fera partie du directoire de la campagne de la jeunesse du candidat. En 2007, il co-préside en tant que vice-président, le Mouvement pour la Réconciliation Nationale (MRN) pour le soutien du candidat Ibrahima Moctar Sarr à la présidentielle de la première transition démocratique en Mauritanie.
C’est d’ailleurs au cours de la même année qu’il entrera d’une manière plus formelle dans le combat politique, en devenant vice-président de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie-Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR) que Sarr Ibrahima venait de créer, lors de son 1er congrès des 17 et 18 août 2007. L’année suivante, il est élu président de la Commission nationale d’implantation du parti.
Du combat politique aux droits sociaux
Délaissant le terrain de la lutte politicienne, Diop Amadou Tijane s’engage dans le combat pour les droits sociaux. Il rejoint le mouvement IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) un peu après sa création, en 2009, en intégrant le premier bureau exécutif du mouvement en tant que Secrétaire chargé des relations avec la diaspora.
«Au moment de la création de l’IRA, j’étais vice-président de l’AJD/MR » raconte-t-il, soulignant avoir adhéré à ce mouvement par conviction. «C’était l’organisation qui me paraissait à l’époque la seule à répondre à mes exigences de lutte contre toute forme de discrimination et qui de surcroît véhicule le message de mon idéal pour la Mauritanie, un pays débarrassé de toute forme d’injustice et d’exclusion » fait-il remarquer. En plus, Diop Amadou Tijane ajoute que IRA «recoupait une de mes vertus car j’ai l’habitude de dire que j’ai trois vertus : je crois en Allah, je crois en l’amitié et aux valeurs humaines, j’ai horreur de l’injustice et de la discrimination». Ainsi, pour lui, «au-delà de l’horreur de la discrimination, se cache ma volonté d’aspiration à l’humanisme qui s’impose dans le cadre de mon combat».
Ce n’est qu’en 2014, que l’opinion publique nationale découvre Diop Amadou Tijane. Il avait pris en main la Direction nationale de la campagne du candidat Birame Dah Abeid à la présidentielle boycottée à l’époque par l’opposition. Il termina en 2ème position, juste derrière le Chef de l’Etat sortant, créant la surprise.
Depuis lors, Diop Amadou Tijane est à l’avant-garde du combat mené par le mouvement IRA contre l’esclavage, les discriminations et les injustices sociales. Invité plusieurs fois sur les plateaux des télévisions privées, «il a su déployer un talent d’orateur hors pair, avec la modération et la retenue propre à l’intellectuel qu’il est » reconnaît ses amis d’IRA.
Lors de l’emprisonnement et la condamnation de Birame Dah Abeid et de son vice-président Brahim Bilal Ramadan le 15 janvier 2015, suite à la «Caravane contre l’esclavage foncier », il participa sans ménagement au combat pour leur libération, animant toutes les conférences de presse à côté du collectif des avocats de la défense. Il fut l’un des rares cadres du mouvement IRA qui n’a jamais intéressé les limiers du pouvoir, jusqu’à ce fatidique 29 juin 2016.
Son arrestation telle qu’il la raconte
«La journée du 29 juin, j’étais en train de travailler dans mon bureau jusqu’à ce qu’on m’apprenne par un coup de fil d’un ami, Thierno Barro, que quelque chose se passait en face de l’hôpital ophtalmologique Bouamatou. Je suis resté dans mon bureau jusqu’à 16 h 30 mn avant d’aller donner mon cours à ISIKOUMINIK. Je n’étais pas véritablement informé des événements dont m’avait parlé mon ami Barro. Le lendemain à 8 h sans mandat, six personnes vêtues en civils font irruption dans ma maison et me demandent de les suivre puisque je suis en état d’arrestation. Avant de me conduire vers une prison secrète conçue spécialement pour des terroristes. Une fois dans ma cellule, mes pieds étaient ligotés par des chaines et cadenas et 3 portes blindés se refermèrent derrière moi ».
«Plus magistral fut son intervention devant la Cour, pendant ces deux semaines de procès au cours desquelles, tant de procédures furent bafouées et tant de compromission furent dévoilées » fera remarquer son ami Wane. Le verdict du 18 août 2016 était pour lui bien clair. «Il est dicté par l’Exécutif qui commande le judiciaire dans tous les procès politiques ». Ce verdict, selon lui, vise «à entraver la liberté d’action du mouvement IRA et limiter la portée de sa légitimité politique ». Peine perdue, relève-t-il en substance, «car lui et ses camarades de cellule, sont déterminés à poursuivre leur combat et que rien ne saurait compromettre notre détermination à le poursuivre» dira-t-il.
Ce Rossossois d’origine Maghaméen
C’est le 16 février 1969 que Diop Amadou Tijane a vu le jour à Rosso. Son père, Diop Abou Demba, y servait comme instructeur au centre de formation militaire. Après sa retraite en 1974, la famille rejoignit son terroir d’origine, Maghama à l’autre bout du Fleuve Sénégal, pour s’y établir définitivement. Le petit Diop Amadou Tijane, comme tout bon Foutanké devait suivre l’apprentissage du Coran dans l’école de Thierno Saidou Ourdougal (Paix à son âme).
L’année suivante, il fit son entrée à l’école primaire de la ville tout en continuant ses études coraniques pendant sept ans, jusqu’à son entrée en 1ère année de collège. Dans la filière technique du lycée de Maghama, il sort major de tout le département.
Diop Amadou Tijane a toujours été fier de son père, Diop Abou Demba qui avait servi avec loyauté et abnégation son pays, la Mauritanie. Né en 1930 à Maghama, Diop Abou Demba s’était engagé à l’âge de 20 ans dans l’armée française. Après sa formation à Dakar Bango à Saint-Louis du Sénégal, il sera embarqué vers la France et participa à la campagne du Vietnam dans les années 1954. De retour en Mauritanie, il servit au sein de l’armée nationale, à Bir-Moghreïn puis à l’Etat-major des forces armées, surtout au centre de formation militaire de Rosso comme instructeur spécialisé en artillerie lourde. Plusieurs générations d’officiers et de sous-officiers sont ainsi passés entre ses mains, à l’image du colonel Cheikh Sid’Ahmed Babamine qui le remplacera plus tard dans son poste.
L’adjudant-chef Diop Abou Demba sera brutalement frappé de cécité et sort des rangs alors qu’il n’avait que 44 ans. Il fut admis d’office à la retraite. Parmi ses promotionnaires de l’armée nationale, le colonel Anne Amadou Babaly, dont Diop Amadou Tijane porte d’ailleurs le nom, mais aussi Yall Abdoulaye, Souedatt, Niang Ibrahima…D’autres parmi ses promotionnaires ont trouvé la mort durant la guerre du Sahara. Au niveau africain, Diop Abou Demba a eu comme promotionnaires de futurs Chefs d’Etat, comme Moussa Traoré du Mali, Aly Seybou et Seyni Kountché du Niger, André Collimba et Jean Bedel Bokassa de Centre Afrique ou encore Mathieu Kerekou du Bénin.
Diop Amadou Tijane est décrit par ses amis et ses collègues comme un patriote qui aime son pays, d’où son refus de succomber aux sirènes de l’expatriation alors que son back-ground lui offre grandes ouvertes les portes des universités à l’étranger. Ce père de deux enfants, a toujours été écartelé entre son idéalisme politique et son rigorisme scientifique. Du haut de ses 1,80 mètre, «ce grand garçon à l’air toujours jovial est plus présent sur le terrain de la réflexion et du management que sur celui de l’action » selon ses proches. «C’est un ouvrier de l’ordre social qui ne met pas directement la main à la pâte, mais conçoit l’architecture à bâtir» souligne son ami Konté. De là à associer Diop Amadou Tijane à une quelconque action violente, tous les avis sont unanimes. Sow Alioune, son camarade de combat au sein de l’IRA est formel, «Diop Amadou Tijane n’est pas un homme de terrain, et tout comme les membres de notre organisation IRA, notre combat s’est toujours inscrit dans la non-violence et l’action pacifique ».
La thèse des détracteurs
Les détracteurs du mouvement IRA sont nombreux et les plus hargneux sont, paradoxalement, leurs anciens amis qui ont fait défection. Ces derniers considèrent que le mouvement IRA a été récupéré par les Halpulaars flamistes pour d’une part, en faire un subtil tremplin pour leurs candidats à l’émigration et d’autre part, pour en faire une arme de vengeance contre les Maures. Ces derniers sont tenus comme responsables à leurs yeux des épurations ethniques qui ont particulièrement visé leur communauté durant les années de braise. Diop Amadou Tijane est ainsi cité comme l’un «des Flamistes, artisans du complot visant à déstabiliser l’Etat mauritanien en préparant les terreaux de la guerre civile sur la base des tensions ethno-communautaires en se servant du mouvement IRA comme cheval de Troie».
Dr.Saad Ould Louleid, ancien porte-parole du mouvement IRA, a publié plusieurs diatribes sous forme de déballage, révélant ce qu’il considère être «les secrets coupables du mouvement IRA ». Pour prouver le double jeu du mouvement sur le plan international et sur le plan national, il a personnellement accusé Diop Amadou Tijane d’avoir perçu lors de la campagne présidentielle de 2014 un montant de 7 millions d’UM versés par des proches du pouvoir pour soutenir la campagne de Birame Dah Abeid.
Durant son réquisitoire pendant le procès sur «l’affaire de la Gazra Ould Bouamatou » qui a valu à Diop Amadou Tijane une peine de 15 ans de prison, le Ministère Public accuse ce dernier d’avoir été l’un des planificateurs des troubles ayant conduit à l’attaque contre les policiers, attaque qui s’est soldée par la blessure de plusieurs policiers (dont certains dans un état grave) et l’incendie de leur véhicule.
Thèse que la défense a balayé d’un coup de toges, estimant que les preuves déployées par le Parquet étaient inexistantes et qu’ensuite la Cour a commis au moins deux fautes de procédure, en violant d’abord les dispositions de l’article 278 du Code des procédures pénales qui interdit l’introduction de tout appareil photo et audiovisuel en salle d’audience, et ensuite, en ignorant les plaintes pour torture déposées par Diop Amadou Tijane et ses compagnons conformément à la législation nationale et les conventions internationales signées par le pays.
Cheikh Aïdara (aidara.mondoblog.org)
Qui est Balla Touré ?
chargé des relations extérieures du bureau national
Condamné à 5 ans de prison ferme
Par : I.BADIAN
L’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie) vient d’être frappée par la condamnation, le 18 août dernier, de 13 de ses membres et non des moindres accusés d’appartenance à une organisation non reconnue, incitation à la violence et attaque d’autorités publiques dans l’exercice de leurs fonctions. Parmi ces 13 détenus, figure Balla Touré, un ingénieur agro-environnementaliste, considéré comme l’un des éléments le plus important, un activiste de première heure d’IRA. Une force tranquille du mouvement abolitionniste. On dit de lui qu’il est l’antidote de tous les virus dévastateurs d’IRA Mauritanie. Portrait.
Il y a des hommes qui ont la conviction de leur action dans le cœur et la révolution dans leurs veines. Ceux-là ne reculent devant rien, pour rien au monde. La justesse de leur combat est un sacerdoce. Balla Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait partie de ces hommes. Fils d’une famille soninké de Gorgol, le père – paix à son âme – fut un grand commerçant qui a sillonné l’Afrique centrale et l’Asie. Balla Touré, né en 1970 à Djéol, un village situé à quelques kilomètres de Kaédi, est un leader et fervent militant du mouvement IRA -Mauritanie dès sa création.
Cet enfant de Djéol a fait ses études primaires dans ce village, et le secondaire à Kaédi. Après le Baccalauréat en 1988, il franchit les portes de l’Université de Nouakchott. Un an après, précisément en 1989, Balla Touré prend le chemin de la Russie pour étudier l’agronomie. Après quatre ans d’études, il obtint son Bachelor, puis son Master en agronomie, avant de faire des études en environnement.
Après avoir obtenu de hauts diplômes et fait deux années de stages dans un centre de recherches, cet agro-environnementaliste quitte la Russie en 1995 pour rejoindre sa Mauritanie natale. Sans tarder, il intègre, de Juin 1997 à fin 1999, le Programme d’insertion des agronomes à Foum Gleita. Dans la même année 99, Balla Touré retourne à Nouakchott pour travailler comme consultant sur des questions de développement et des programmes agropastoraux (production agropastorale, énergie et hydraulique principalement). Mais aussi il travaille sur l’environnement avec la gestion des ressources naturelles et des questions de changement climatique.
En Juin 2000, avec un groupe d’amis ingénieurs, Balla Touré crée une ONG d’appui au développement dénommée « Population et Développement (POPDEV) ». Ce n’est pas tout, Balla Touré a initié et conduit des projets de développement rural avec l’appui des organisations communautaires de base (Associations villageoises, coopératives, GIE de développement); une activité que cet ingénieur agro-environnementaliste exerçait jusqu’à son arrestation le 1er Juillet 2016 alors qu’il était sur le chemin de son bureau. Balla Touré, marié, père de deux filles dont l’une porte le nom de la vice-présidente de l’IRA, Coumba Dada Kane, a, depuis 2008, adhéré à IRA où, avec quelques personnes, il s’est attelé à faire de ce mouvement anti-esclavagiste un moyen de combattre l’esclavage pour son éradication totale.
Les objectifs de déconstruction du système de domination, le discours de vérité et la démarche pacifique l’ont incité à militer dans cette association. Dès sont entrée dans ce mouvement, Balla a été désigné pour assurer le poste de Secrétaire aux Relations Extérieures. Poste qu’il occupe jusqu’à présent. Doué dans l’organisation associative, compétent, déterminé et connu pour son sens inné de justice et d’équité, Balla Touré a contribué activement à la mise en place d’une vraie structure d’IRA qui fonctionnait auparavant avec un comité provisoire. On dit de lui et de son ami et compagnon de prison Hamady Lehbouss, qu’ils sont la base de données du Mouvement IRA-Mauritanie.
Faut-il souligner au passage que cet homme calme, intelligent, ce gentleman a milité aux FLAM (Forces de Libération des Africains de Mauritanie) bien avant de venir à IRA, entre 89 et 94 et au parti Action pour le Changement (AC) auprès de son oncle Touré Mamadou. Mais aussi, il fut militant et dirigeant de Conscience et Résistance avec son ami Jemal Ould Yessa. Aujourd’hui condamné à 5 ans de prison ferme pour les chefs d’inculpation cités ci-haut, Balla Touré, purge cette peine depuis le 18 août dernier. Une sentence qualifiée de lourde pour « des gens qui n’ont fait que défendre une juste cause », selon le collectif des avocats de la défense qui tenait une conférence de presse au moment de la délibération.
Pourtant, Balla n’en est pas à son premier séjour carcéral. En décembre 2010, il a été arrêté avec son compagnon de lutte Biram Dah Abeid dans l’affaire d’Arafat lorsque les leaders d’IRA avaient engagé une opération de libération de deux filles considérées comme esclaves d’une famille. C’est dire que ce fils de Djéol était déjà dans le viseur du système qui a fini par l’avoir dans son escarcelle.
Ce jeune homme de taille moyenne aime le sport, la lecture orientée sur la littérature engagée, les romans d’espionnage mais aussi la nature. Il aime s’entourer de sa famille ou des amis. Toutefois, il le faisait quand il avait le temps. Aujourd’hui, selon les amis du Djéolois « quelque soit le jugement ou la condamnation, Balla ne baissera jamais les bras. Il continuera le combat pour une Mauritanie libre, juste et démocratique ». Le journaliste-éditorialiste, Camara Seydi Moussa, qui est l’un de ses meilleurs amis, déclare : «Balla, c’est comme le soleil. Il brille pour tout le monde sans exception. Et ne change jamais de mouvement d’Est en Ouest ». Et d’ajouter «le Papa de Coumba et de M’Ma est un homme de paix et de sagesse qui frise l’exagération. Les valeurs des mots et des gestes envers les inconnus sont d’importance pour cet homme, ami de tout le monde. Balla, c’est l’anti-vulgaire dans les propos mais tenace dans ses convictions, parfois même têtu».
Moussa Bilal Biram dit Pape : « Affable et généreux dans l’effort ! »
vice-président du bureau de Sbeka
Condamné à 15 ans de prison ferme
Par : THIAM MAMADOU
Du haut de ses 2 mètres, Moussa Ould Bilal Ould Biram (Pape pour les intimes, Senseï, selon ses disciples) ne laisse personne insensible. Sportif accompli, Moussa est d’un tempérament plutôt calme et posé, affable et généreux dans l’effort, et profondément religieux. Né en 1967 à Keur Macène, Moussa est ceinture noire 4ème dan. Ce père de famille (cinq enfants – 4 filles et un garçon) qu’il prenait en charge, ne cessait aussi de régler, par-ci et par-là, discrètement, quelques petits problèmes dans son fief, à Sebkha. « Il s’est toujours rangé du coté des faibles et n’a cessé de ‘casser’ les classes d’âges », indique Babou, jeune militant de IRA et membre de la section de Sebkha.
Apprécié aussi bien par les jeunes, les femmes que les vieux, Pape a su tisser dans les différents quartiers de la Sebkha, de relations fécondes bâties sur une amitié sincère, un respect mutuel. « C’est un homme pacifique, engagé et fin stratège », souligne Kaw, son compagnon de lutte.
Des années glorieuses où ses affaires faisaient florès, Pape aura été l’un des distributeurs automatiques du mouvement IRA qui finira au bout du compte par tomber en faillite. La politique coûte cher et fait couler des initiatives privées. La grande salle de peinture du cinquième et dojo de karaté la nuit, symbole de réussite, lui fileront entre les doigts. Le dojo, fréquenté par de nombreux sportifs de la Sebkha, finira par fermer. Il sera combattu par les dirigeants de la Fédération mauritanienne de karaté qui entendaient lui faire payer son « orientation politique ». Des policiers et même un préfet du département lui notifieront les décisions de fermeture de son dojo non affilié à la Fédé avant de se raviser. Les rares fois qu’il aura accompagné la délégation officielle de budoka mauritanien, senseï Moussa n’en garda pas de bons souvenirs. En 2014 aux championnats d’Afrique, à Dakar, les athlètes mauritaniens ont du passer deux nuits à la belle étoile faute d’arriérés de cotisations. Pour avoir dénoncé cette situation, Moussa sera de nouveau combattu par ses propres congénères. Il sera mis encore sous embargo par la Fédé de karaté. Mais, il n’en a cure !
Que de souvenirs chagrinant ses anciens adeptes. Croyant au bien-fondé de la lutte pour l’émancipation de sa communauté et de la défense des opprimés, Moussa Ould Biram, loin d’être ébranlé par cette faillite, dépense sans compter. Lors de la présidentielle de juin 2014, il n’hésitera pas une seconde à vendre sa voiture, une Mercedes 190 acquise sur fonds propres, pour financer la campagne de son candidat Biram Dah Abeïd, dans le département de Sebkha. Loin d’être ébranlé par cette perte et la défaite de son candidat, Moussa continue son militantisme en prenant part à toutes les manifestations initiées pour la libération des leaders du mouvement et contre l’enrôlement sélectif des populations noires.
Connu pour son dévouement au travail, le vice président de la section IRA de Sebkha, deviendra plus tard taximan, activité qu’il mènera jusqu’à son arrestation. « Persévérant, Pape ne se laisse pas abattre », renchérissent ses camarades. « Moussa a été forgé par la nature et a connu toutes les épreuves de la vie », font-ils remarquer. « C’est Moussa qui est le concepteur de nos slogans. Il a de l’imagination », révèlent Kaw et Babou. Lors des tournées de précampagne et de campagne, Moussa sera un renfort de taille pour la garde rapprochée du candidat Biram Dah Abeïd.
Ayant pris l’habitude de s’enchaîner symboliquement à chaque manifestation de IRA, Moussa Biram a, se félicitent ses camarades, marqué les esprits et surtout celui du Président de la République.
Lors de son discours à Néma, Mohamed Ould Abdel Aziz avait laissé entendre que : « L’esclavage en tant que tel n’existe pas. Mais, il y a des gens qui s’enchaînent qui se font passer comme esclaves et postent ça sur le net et les télévisions. Et on ne peut rien contre ces gens ».
Accusé d’avoir pris part activement aux affrontements du 29 juin et d’avoir incendié le bus de la police, Moussa a été condamné, le 18 août dernier, à 15 ans de réclusion criminelle. Acculé aussi bien par le président de la cour criminelle que le procureur de la République, Moussa est resté flegmatique. Pape était dans la ligne de mire des autorités depuis un certain temps en attestent les conditions atroces de sa détention et les traitements cruels et dégradants dont il a été victime. On le soupçonne de former des combattants du mouvement abolitionniste aux techniques de combat dans l’optique de la mise en place d’une milice. « Il fallait qu’il en paie le tribut », souffle-t-on. Et ce fut cruel. A la barre, le budoka plaide non coupable et réfute les faits qui lui sont reprochés.
Relatant les conditions de son arrestation et de détention marquées, dit-il, par 72 heures de tortures affligeantes avec privation de nourriture et de possibilité d’aller aux toilettes.
Il avait nommément cité ses tortionnaires et évoqué non seulement le refus du procureur de la République de prendre en compte sa plainte contre ses bourreaux et de le faire bénéficier d’une réquisition, de manière à lui permettre d’être ausculté par un médecin.
Hamady Ould Lehbouss, chargé de communication de IRA
Conseiller du président et chargé de la communication au niveau national
Condamné à 5 ans de prison ferme
La maison de Hamady Ould Lebhous, sise au Poteau 17 d’Arafat à Nouakchott, est triste en ce jour d’avant-fête d’El Id. La petite Mama, 4 ans, dernière née de la famille, est encore inconsciente du drame dans lequel est plongée la famille. En l’absence du père, la mère de famille, Mâame Mint Saleck, épouse de Hamady, tente d’égailler sa petite maisonnée. Malgré une joie feinte qu’elle tente de plaquer sur son visage, la tristesse se lit dans ses yeux. Son homme du moment, son aîné Lehbouss, 25 ans, «Papis » pour les intimes, lui sert en attendant de rempart contre l’angoisse qui l’étreigne. Pour Mama, la toute dernière, «c’est la première fête sans Papa ! ». Sa grande soeur, Oumoulkheïry dite Mamy, 22 ans, et son autre grand-frère, Birame, 18 ans, sont parfaitement au courant du sort qui a été réservé à leur père. Ils pensent qu’il est en prison pour une noble cause, «défendre les droits de l’homme en Mauritanie et libérer les esclaves encore sous le joug des maitres ».
Paradoxalement, c’est à la sortie d’une conférence de presse organisée par IRA pour demander la libération de leurs amis emprisonnés dans ce qu’il est convenu d’appeler «Affaire Gazra Ould Bouamatou » que Hamady Ould Lehbouss a été arrêté dans la rue par des policiers en civil. C’était le 3 juillet 2016. Soit six jours après les évènements qui avaient opposé des populations d’un squat à une force de police venue les déguerpir par la force.
La première arrestation
Hamady Ould Lehbouss a été arrêté en même temps que Mohamed Ould Ahamdy, Trésorier de l’organisation, ainsi que Mohamed Jar. Le trio fut conduit au Commissariat de la Police Judiciaire (CSPJ) de Nouakchott. Jusqu’au 12 juillet, Hamady déclare avoir vécu le pire moment de sa vie. «Je ne pensais jamais qu’on pouvait nous traiter comme des criminels et nous faire dormir pendant des jours et des nuits dans des cellules nauséabondes, à même le sol, avec un trou comme toilettes à côté ! » témoigne-t-il. Il croît que ce traitement s’inscrit dans la même logique que celle que l’Etat mauritanien a toujours adopté vis-à-vis des militants et cadres de l’IRA. «Nous rappeler constamment qu’en luttant contre l’esclavage, nous devenons pire que le commun des criminels, assassins, violeurs et autres malfrats, qui sont souvent mieux traités que nous » renchérit-il.
Comme Diop Amadou Tijane dans son témoignage, Hamady a dit toute son émotion, lorsqu’aux environs de 4 heures du matin du 12 juillet 2016, ils furent conduits au tribunal pour leur première audition. Ils y découvrirent leurs avocats, qu’ils rencontraient pour la première fois. «Pourtant, la législation mauritanienne, notamment la loi sur la torture, exige la présence de l’avocat et d’un membre de la famille dès les premiers instants de l’arrestation » indique-t-il. Une présence qui les a fortement réconfortés, dira-t-il en substance. Celle d’un groupe de défenseurs en robe noire, bénévolement engagés à défendre leur cause et celle du droit, et qui n’ont pas hésité à interrompre leur sommeil à l’appel du devoir.
C’est surtout le comportement des policiers, lors de leur arrestation et tout au long de leur séjour en garde-à-vue, d’ailleurs prolongé bien au-delà du délai légal, qui a frappé Hamady, selon sa déclaration. «Ils nous insultaient, nous traitaient de toutes les insanités, comme si nous avions commis un crime abominable alors qu’au début de notre arrestation, nous ne savions même pas ce qui nous était reproché » témoigne-t-il.
Les souvenirs de l’interrogatoire lui semblent encore plus surréalistes. «Ils m’ont posé des questions sur les évènements de la gazra Bouamatou que je n’ai appris d’ailleurs que le soir en rentrant chez moi après le travail » a-t-il souligné. «Je suis écoeuré par tout ce faux et cette manipulation des faits pour nous faire porter le chapeau comme si enfin, l’heure de nous liquider en tant qu’organisation avait sonné » soupire-t-il.
Selon lui, malgré la perquisition opérée chez lui et dans son bureau, la saisie de ses trois ordinateurs, et de son téléphone portable, la fouille dans sa page facebook, son watsap et dans ses mails, la police n’a trouvé le moindre élément de compromission. «Alors, ils ont déclaré que je m’étais réuni la veille avec Balla Touré pour planifier les évènements du 29 juin 2016 ayant conduit aux terribles évènements, alors que je n’avais pas vu Balla depuis au moins une semaine » martèle-t-il. «Et quand je leur ai demandé de me donner la moindre preuve de leurs allégations, ils m’ont dit, que c’était comme ça et c’est tout ».
Il étai devenu clair pour Hamady et ses compagnons, que la police voulait coûte que coûte fabriquer un scénario pour les impliquer et leur faire porter la responsabilité de ce qui s’était passé dans ce squat du quartier Leksar à Nouakchott ;
«Au CSPJ, j’ai vu beaucoup de jeunes de la Gazra. Ceux qui acceptaient de coopérer avec la police et qui déclarent que c’est IRA qui a fomenté le coup était relâché et ceux qui refusaient de cautionner le faux était emprisonné, torturé et bastonné » a-t-il ajouté.
Pourtant, fait remarquer Hamady, les jeunes de la Gazra qui avaient assisté aux évènements, qui avaient lancé des pierres, participé au lynchage des policiers et brûlé le bus de la police, ont été acquittés. Une plainte a été même déposée contre la plupart d’entre eux par les propriétaires de la Gazra. Mais un arrangement a eu lieu entre leurs familles et les plaignants et ils ont été relâchés. «Par contre nous, contre qui aucune plainte d’un tiers n’a été déposée et qui n’étions même pas présents sur les lieux, on nous colle des condamnations de 3 ans, 5 ans et 15 ans de prison ! »
Très amer, Hamady soutient que ses camarades et lui continueront à maintenir le moral au beau fixe, persuadés qu’ils sont qu’ils ont été emprisonnés pour la simple raison que leur mouvement dérange le pouvoir esclavagiste et raciste en place. «Ce qui nous réconforte davantage, c’est que nous ne nous sentons pas seuls, beaucoup de personnes de bonne volonté, des amis, des proches, tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, des organisations nationales et internationales, des institutions, nous soutiennent dans notre combat».
Hamady Lehbouss s’est dit encore plus révolté quant au septième jour de sa détention, il a vue certains de ses amis, comme Moussa Birame et Abou Sow, portant encore les stigmates des tortures qui leur ont été infligées. «J’ai vu leurs corps zébrés, leur visage ravagé, et j’ai eu du mal à concevoir que malgré la ratification de la Convention contre la torture, cette pratique est encore récurrente en Mauritanie ».
L’enfant de Jidrel Mohguen
C’est à Rosso, capitale du Trarza, que Hamady Ould Lehbouss a vu le jour, en 1964. Mais c’est à Jidrel Mohguen, là où se trouvent ses véritables racines et le jardin de sa première enfance, qu’il grandira. Son père, Lehbouss, était commerçant dans la ville sénégalaise de Dagana, là où deux de ses filles fonderont plus tard leur foyer. Dernier né d’une fratrie de six enfants, quatre filles et deux garçons, Hamady perdra son unique frangin, mort à bas âge. Depuis, il était le seul garçon de la famille.
C’est dans ce fief reculé du Trarza, que Hamady et Birame Dah Abeid, celui qui deviendra plus tard son compagnon de lutte, grandiront ensemble. Ils avaient le même âge et partageaient déjà une profonde amitié et une indescriptible complicité. Même parcours scolaire, école primaire et collège de Jidrel Mohguen, puis Lycée de Rosso.
En 1984, Hamady opte pour l’enseignement. Après une formation à l’Ecole des Instituteurs de Nouakchott, en 1987, il sert comme instituteur à Ouadane, puis dans plusieurs établissements scolaires à Nouakchott. En 1999, il est affecté à l’Institut Pédagogique National (IPN) où il sert jusqu’aujourd’hui.
Un farouche opposant
Hamady Ould Lehbouss a adhéré très jeune aux mouvements politiques, mais toujours du côté de l’opposition avec laquelle il a partagé la plupart des combats, depuis la liste beige de Messaoud lors des municipales de 1986, en passant par le FDUC, l’ancêtre de l’UFD qui sera la première force de l’opposition réunie qui se battra contre Ould Taya lors de la première présidentielle de l’ère démocratique en 1992. Plus tard, Hamady, militera au sein du parti AC (Action pour le Changement) que Messaoud Ould Boulkheir fondera après la dissolution de l’UFD, longtemps tiraillé entre UFD/A et UFD/B. Et enfin le mouvement IRA en 2008.
IRA, un rêve de changer le monde
Membre fondateur de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et chargé de sa communication, Hamady Ould Lehbouss raconte que l’idée de créer un mouvement pour la lutte contre l’esclavage est née de longues discussions entre plusieurs cadres haratines. «A l’époque, moi je servais à l’IPN et Birame était à la Commission nationale des droits de l’homme » se rappelle-t-il. «Entre Birame et moi, c’était vraiment une convergence absolue de point de vue, quant à l’urgence de créer une organisation dont l’objectif principal est de déconstruire le système inique qui gouverne le pays » ajoute-t-il.
«J’ai vu naître, puis grandir IRA et j’ai vu beaucoup de personnalités le rejoindre, à l’image de Brahim Bilal Ramadan, Mohamed Jar, puis plus tard, Mohamed Amou Moustapha et bien d’autres » énumère-t-il. Par la suite, poursuit-il en substance, IRA est devenue cette grande tentacule populaire qui attire de plus en plus de masses, mais aussi une des forces qui fait l’actualité nationale et internationale depuis plusieurs années, par ses coups d’éclats, ses dénonciations, ses sit-in et marches, l’emprisonnement courant et permanent de ses militants et de ses leaders. Bref, selon Hamady «IRA est aujourd’hui la seule force qui inquiète les tenants de l’ordre établi et qui sait faire bouger la rue et les lignes ».
Hamady Ould Lehbouss est décrit comme un homme affable, très peu porté vers l’ostentatoire, un homme qui n’aime pas s’afficher, dont la discrétion n’a d’égale que son efficacité dans la communication médiatique des activités du mouvement. Très effacé et peu bavard, il fait l’unanimité au sein de l’IRA. «Il s’entend avec tout le monde, surtout les jeunes, même les ennemis d’IRA, les dissidents en particulier continuent à lui vouer un grand respect. S’il y a des faucons à IRA, Hamady est la Colombe du mouvement » témoigne Alioune Sow, son compagnon de lutte.
«Le toutou de Birame »
Beaucoup reproche à Hamady Lehbouss son alignement quasi légendaire sur tous les faits et gestes de Birame. C’est la critique que lui adressent souvent ses détracteurs. Ces derniers n’hésitent pas d’ailleurs à le désigner comme le «toutou de Birame ». Hamady se défend énergiquement de cette accusation. Il reconnaît avoir une convergence totale de point de vue avec Birame sur la lutte que mène IRA. «Je discute beaucoup avec Birame et je n’y peux rien, si nos idées se recoupent » se rebiffe-t-il.
Mais le plus virulent adversaire de l’IRA, Dr.Saad Ould Louleid est allé plus loin dans son attaque personnelle contre Birame et son entourage. N’a-t-il pas qualifié Hamady Ould Lehbouss de «coursier fidèle de Birame », l’accusant de trafics illicites de migrants ?
Une accusation que beaucoup de personnes très proches de Hamady Ould Lehbouss ont repoussé d’un revers de main, soutenant qu’IRA n’a jamais trempé dans un quelconque trafic de quelque genre qu’il soit. « Saad est-il plus intelligent ou plus renseigné que la Sûreté d’Etat mauritanienne ou les chancelleries occidentales ? Si ce trafic existait, l’Etat mauritanien qui n’a cessé de fouiller et de farfouiller dans les affaires des militants d’IRA et de ses cadres n’auraient eu la moindre peine de le dévoiler puis de le brandir comme un trophée, ce qui lui aurait permis de décapiter en toute légalité le mouvement qui lui cause le plus de problèmes au monde » confie-t-on.
Hamady Ould Lehbouss est père de six enfants, quatre filles et deux garçons. Lui-même est issu d’une famille de six enfants, quatre filles et deux garçons. Quelle coïncidence attend encore Hamady dans sa longue quête d’une Mauritanie juste, où tous les enfants naîtront dans l’égalité ?
Abdallahi Matalla Saleck : «un homme avenant et jovial »
président du bureau de Sebkha
Condamné à 15 ans de prison ferme
Né le 31 août 1971 à Nouakchott, Abdallahi Matala Saleck, chef garagiste, est porté sur la mécanique. Chaudronnier, tôlier, mécanicien, Vieux est aussi conducteur de gros engins. Pouvant aussi effectuer cinq soudure différente, son garage au cinquième ne désemplit. La clientèle satisfaite du fin travail afflue de partout. La rudesse du métier n’a pas affecté l’homme.
Vieux est aussi un sportif accompli. Il est à la fois ceinture noire 2 e dan de Karaté et ceinture marron de judo polyvalent taulier
« C’est un militant engagé, brave, modeste et sympathique », dit de lui le jeune Babou. «Malgré notre différence d’âge, Vieux et Pape m’ont adopté comme leur frère, leur neveu, leur ami et confident », ajoute-t-il. «C’est un homme sans problème», renchérit Kaw Lo, membre de la section de Sebkha.
Papa Poule, Vieux est aujourd’hui l’absent le plus présent dans la concession familiale. Ses sept filles comptaient sur un père généreux, courtois et avenant pour solutionner leurs multiples besoins. Elles ont du passer malgré elle pour la première fois de leur vie la Tabaski sans ce père poule qui ne ménageait aucun effort pour satisfaire sa famille. Condamné à 15 ans de réclusion pour avoir exécuté avec Pape le plan ourdi par Diop Amadou Tidjane, selon l’accusation, Abdallahi est loin d’être affecté par une sentence « injuste », « taillée sur mesure ».
Les limiers de la police ont vite fait le rapprochement de la disparition du moteur du bus de la compagnie avec le garage de Vieux, la boutique de vente de pièces détachées de Jemal Bleil et la salle de peinture du cinquième.
Mohamed Daty, le militant tout-terrain
Secrétaire général de la coordination de Nouakchott
Condamné à 3 ans de prison ferme
C’est le greffier du groupe des 13 détenus d’IRA Mauritanie. Il est arrêté une semaine après l’incident de la population du gazra. Il est accusé de flagrant délit de rébellion, d’agression des forces l’ordre et d’appartenance à un mouvement non reconnu.
Mohamed Daty est un juriste brillant et agréable. Ould Datti est du type des militants tout-terrain. A IRA, Mohamed est dans la réflexion mais aussi présent sur le terrain des actions. Il est visible dans tous les sit-in et manifestations pacifiques organisées par IRA Mauritanie.
Sur le plan juridique, concernant les affaires d’IRA, le jeune professionnel du droit, a fait tous les arcanes de la justice mauritanienne du ministre de la justice au procureur de la cour suprême en passant par les procureurs des trois wilayaa deNouakchott.
Il est surtout l’homme le plus occupé le jour de la libération d’un détenu d’IRA Mauritanie, c’est lui qui s’occupe des formalités du parquet et à la direction de la prison…
Il est à son tour en prison pour trois ans fermes avec comme chef d’accusation « appartenance à un une organisation non reconnue ».
Mohamed Daty Eblal est né en 1980 à Moudjeria, marié et père d’une fille. Cet officier pont de la marine marchande de 2003 à 2005, est, depuis 2008, greffier auprès des tribunaux. Il a officié au tribunal de Néma et à ceux de Kiffa,Nouadhibou, Nouakchott Ouest, Nouakchott Nord… jusqu’à son arrestation.
Ce jeune du Tagant, principal soutien de sa famille, en plus du droit et de l’économie, est aussi un connaisseur des palmeraies. Un savoir qu’il a reçu de son père agriculteur. La maman du jeune prisonnier est, quant à elle, commerçante des produits agricoles (légumes).
Comme plusieurs jeunes de Moudjeria, Mohamed Daty connait bien les dattes et sait s’occuper des palmiers comme son père. Mohamed, en plus du « langage des palmiers dattiers », parle l’arabe excellemment et s’exprime couramment en français et en espagnol.
Il a commencé son militantisme au parti Action pour le Changement. Il a été militant du mouvement ELHOR de 2006 jusqu’en 2011 et il adhère à IRA Mauritanie en 2012. Dans ce mouvement, le jeune juriste cumule les fonctions de Secrétaire Général de la Coordination de Nouakchott et membre du Bureau exécutif comme Chargé de mission.
Le directeur de la campagne du candidat Biram Dah Abeid au niveau de la Wilaya du Tagant durant la campagne présidentielle 2014 est un jeune homme plaisant et affable. Il avait donné des vertiges aux adversaires politiques de son Tagant natal après la réussite de ce meeting mémorable à Tidjikjat pendant cette campagne.
On dit de lui un homme équilibré qui a de la suite dans les idées. « Mohamed est un jeune modeste avec un cerveau vif », déclare un responsable de la coordination de Nouakchott. Et Moulaye un militant d’Arafat d’ajouter : « Daty est un militant sûr qui assure et rassure. Il est au service de tout le monde, et pour la défense des faibles il est toujours au rendez-vous».
Le jeune du Tagant est en prison pour avoir cru être dans un Etat de droit où on peut manifester et réclamer des droits pour ceux qui sont brimés et exclus de la société…. Hélas pour lui, il découvre un Etat policier qui réprime et jette les citoyens en prison, un Etat qui est au début et à la fin de la misère des citoyens. Un Etat pusillanime où une certaine « classe » pense que les droits des autres peuvent être source de déstabilisation de son système.
Mohamed, lui, n’en a cure ; pour lui, l’homme sur terre n’est utile dans la vie que quand il fait l’histoire, une histoire positive. Sur ce chapitre, on peut dire queMohamed et ses codétenus sont sur le chemin des chantiers des grands hommes de notre monde, ces hommes qui ont servi positivement l’humanité.
Mohamed, on raconte que dans un passé lointain, au royaume de Ségou, le roi avait ordonné l’arrestation et la maitrise de tous les hommes de petite taille à partir du crépuscule jusqu’au petit matin. Cette mesure était source de sérénité et de tranquillité pour le roi sinon il ne pourrait dormir.
Et Mohamed Abdel Aziz, comme le roi de Ségou, pense que votre liberté est source de danger pour le système qu’il incarne. Daty, un griot traditionnaliste soutient que les hommes courts ont le triple de leur taille sous la terre pleine d’énergie positive, source de leur courage et leur détermination à venir à bout de toute épreuve.
On comprend nettement, à travers l’histoire, pourquoi on dit de toi… « Ce Daty-là est petit par la taille mais grand par les œuvres ».
Camara Seydi Moussa
Ahmed Hamar Vall Hamdi : Après sa condamnation, nul n’est plus à l’abri de l’arbitraire
S’il y a un cadre au sein du mouvement IRA dont la condamnation constitue une honte pour l’appareil judiciaire mauritanien, c’est bien lui, Ahmed Hamar Vall Hamdi.
Trésorier national
L’homme est connu pour sa pondération, sa probité et son extrême respect de l’Etat et de ses symboles. Il est l’interlocuteur respecté par les officiers de police et de la garde dans tous les cas où des militants d’IRA étaient en prison ou dans les cellules des commissariats.
Peu loquace, Ahmed est l’un des soldats les plus convaincus de la cause antiesclavagiste, une cause dont il est l’un des pionniers.Né en 1966 à MBallal, Ahmed Hamar Vall, y a fait le primaire avant de poursuivre ses études secondaires puis jusqu’à la terminale en 1986, à Rosso,. Il abandonnera l’école pour aider son père, Hamar Vall, qui possédait des stations à essence et cela jusqu’en 2002, quand il décida de se mettre à son propre compte. Il se lança alors dans le commerce des matériels de communication, secteur dans lequel il a évolué jusqu’à son arrestation le 3 juillet 2016, en compagnie de Hamadi Ould Lehbouss et Mohamed Jarallah.Ahmed Hamar Vall Hamadi ne soupçonnait pas en effet, ce jour où il venait d’assister à la conférence de presse d’IRA destiné à réclamer la liberté pour ses compagnons d’armes, qu’il allait être mêlé une affaire qui s’est déroulé quatre jours auparavant. Il s’agit des émeutes de la Gazra Bouamatou, véritable cheval de Troie pour un régime, qui aurait utilisé un clash entre des squatters opposés à un déguerpissement forcé et des éléments de la police, pour liquider tout le bureau exécutif du mouvement. Jugé avec douze autres membres d’IRA, il a été condamné à 3 ans de prison.
Ce père de 5 enfants a déjà connu les affres de l’emprisonnement. En effet, Ahmed Hamar Vall a été arrêté en 2012, suite à l’autodafé des livres à Riadh. Il partagea avec le président Birame Dah Abeid et d’autres membres d’IRA, la même cellule à la prison civile de Nouakchott.
C’est dans une tristesse partagée de colère que ses enfants, Aly (26 ans) et Papa (22 ans), issus d’un premier mariage, vivent aujourd’hui l’incarcération injuste de leur père. Un père qu’ils décrivent comme un exemple de rectitude et de loyauté. Mais ceux qui souffrent le plus, ce sont ces derniers enfants, Marième dite Beyah (11 ans), Hamar Vall (9 ans) et Mohamed (5 ans), mais surtout son épouse, Youma Mint Mohamed, sa compagne qui l’a toujours soutenu dans son combat pour la libération des esclaves et l’instauration d’une Mauritanie égalitaire et juste.
C’est en 1980, alors qu’il était au collège de Rosso, qu’Ahmed Hamar Vall fera la connaissance de Birame Dah Abeid. Adolescents à l’époque, ils étaient obnubilés par la situation des esclaves, une institution sociale fortement ancrée dans le Trarza. Mais ce n’est qu’en 2007, devenus adultes et intégrés dans la vie active, qu’ils mûriront davantage leur projet. Ils décidèrent de mettre sur place une organisation dont l’objectif est de lutter contre l’esclavage. L’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) vit ainsi le jour en 2008 avec sept signataires. Pourtant, une soixantaine de personnes avait assisté à la naissance de cette ONG des droits de l’homme qui fera beaucoup parler d’elle dans les années à venir.
Dénonciations, sit-in, marches de protestations, solidarités avec les victimes de l’esclavage, firent connaître aux Mauritaniens le mouvement IRA qui hantera le régime de Mohamed Abdel Aziz. Tandis que les rares maîtres esclavagistes que la justice acceptait aux bouts des lèvres de condamner s’en tiraient avec le minimum de dégâts, les abolitionnistes d’IRA devinrent quant à eux la marchandise la plus prisée par les commissariats et les tribunaux du pays, mais aussi par les hôpitaux. La lutte que mena Ahmed Hamar Vall aura ainsi permis d’acculer le régime jusque dans les tribunes internationales.
Ahmed Hamar Vall, trésorier du mouvement IRA, chargé de récolter les maigres cotisations et dons versés par les membres ou quelques mécènes, fut de toutes les campagnes du mouvement. Il s’illustrera surtout dans l’affaire des 5 esclaves de Ehel Khanvour à Aïn Varba. Une affaire dans laquelle, les antiesclavagistes furent jugés à la place des maîtres esclavagistes.
Ousmane Amadou Anne, piégé pour son amour pour une Mauritanie juste et égalitaire
Président du bureau de Tevragh Zeina
Condamné à 3 ans de prison ferme
Ousmane Amadou Anne, à l’état civil et « ZO » pour les intimes, est un enfant de Nouakchott. Ce jeune Mauritanien est né le 06 août 1980. Fils du colonel Anne Amadou Babaly, une mémoire emblématique de la marche de la Mauritanie.
Le colonel a marqué d’une encre indélébile plusieurs évènements importants du pays. La mère d’Ousmane est Dia Fatimata, assistante sociale et ancienne cadre à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), « la maman de tout le monde ».
Ce jeune des grandes ambitions et qui a une pensée pour le bien être de tout le monde, comme on aime le qualifier, est marié à Mme Raki Barro. Il est père d’un garçon de 2 ans. Très tôt, il rejoint l’Agence française de tourisme Allibert pour un poste de responsable administratif à Atar au nord de la Mauritanie. Il y passera 4 ans et demi entre 2002 et 2006 avant de regagner Nouakchott pour rejoindre, en septembre 2006, la société Mauritano-espagnole Grupo Barber & Cie en qualité de responsable commercial jusqu’en Mai 2011.
Ousmane travaillera par la suite à la SOGECO en tant qu’assistant projets. Poste qu’il occupera jusqu’en novembre 2013 où il est promu Client Opérations Manager Airfreight (COM). Il s’envole pour Dakar pour une formation en management des métiers transit chez Bolloré avant de prendre sa nouvelle fonction. Il sera envoyé à Abidjan en juin 2014 d’où il reviendra certifié IATA pour le transport des matières dangereuses de l’académie “Sayna Consulting”.
En août de la même année, il sera certifié AIEA à Nouakchott par l’ARSN (Autorité de régulation de sûreté et de sécurité nucléaire) pour le transport et la manipulation des matières radioactives. Ousmane fut très tôt animé par un amour de sa nation. Et pour cela il est en prison aujourd’hui.
En 2007, il se trace une voie dans les mouvements politiques, son entrée au parti AJD/ MR marque ses premiers pas dans un tourbillon d’opposants et de résistants.
Mais le chemin ne sera pas long : Ousmane, frappé par certaines injustices liées aux politiques à l’époque, décide d’écrire « Sauver la Mauritanie ». Dans cet article, le jeune homme fait part de ses inquiétudes et dénonce la politique qu’il juge « fantôme » à l’époque. « Les militaires dans les casernes », c’est la vision du jeune halpuular qui maîtrise bien la langue de Molière.
Ousmane est militant des premières heures de “Touche pas à ma nationalité” qui dénonce l’enrôlement biométrique qu’il continue d’appeler “le génocide biométrique”. En 2012, il rejoint l’Initiative de la Résurgence Abolitionniste (IRA) et accompagne Biram Dah Ould Abeid dans sa course à la Présidence. Il occupera le poste de président de la Section de Tevragh-Zeina et Directeur de campagne adjoint à Nouakchott lors des présidentielles de juin 2014. Ousmane reste ferme dans sa position de militant des droits humains.
De l’esclavage à la discrimination des noirs en Mauritanie en passant par le racisme, Ousmane dit NON ! Le jeune nouakchottois aspire à une véritable unité nationale où les droits de tous sont consacrés et non cette unité de façade qu’on sert au peuple mauritanien. Pour Ousmane, donner un sens à la vie en tant que jeune noir mauritanien, c’est promouvoir les droits des Noirs, des Harratines et l’égalité de tous les fils de la Mauritanie. C’est soucieux de cela que « ZO » s’est armé de mots et de plaidoiries pour éveiller l’opinion internationale sur les questions de différences et d’identités en Mauritanie.
Il devient ainsi le porte-parole de Biram, le 29 janvier 2014, auprès des médias nationaux pour parler de la candidature de Biram Dah Abeid pour les présidentielles. Au côté d’IRA, il soutient la marche du Manifeste pour les droits politiques, socioéconomiques et culturels des Harratines. Le 8 mai 2015, il est l’invité de la plus grande émission géopolitique d’Afrique « Le Grand rendez-vous » de la chaîne sénégalaise 2STV pour parler de l’esclavage en Mauritanie et des actions d’IRA.
Il voyage à travers la Mauritanie et le Sénégal, lance les actions d’IRA à travers des médias nationaux et internationaux. En septembre 2015, il décide de créer avec des amis de très longue date ce qu’ils ont appelé « Groupe de réflexion et d’action » où il sera désigné Coordinateur pour approcher les leaders politiques afin d’attirer l’attention sur les dangers qui guettent la cohésion nationale. Ce groupe reçoit la majorité des leaders politiques et met en marche un plan d’action qu’il compte porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale dans les prochains jours ou semaines…
Suite aux émeutes qui ont opposé les habitants d’un squat (Gazra Bouamatou) et avec les arrestations de ses camarades de lutte (militants d’IRA), Ousmane élabore un plan et passe des jours et des nuits à la recherche de la vérité auprès des politiciens de renom de ce pays afin de réfléchir à la situation de ses compagnons de lutte. Un combat « pacifique et patriotique », dira Ousmane lors de la conférence de presse qu’il a animée pour dénoncer les arrestations injustifiées des membres de l’IRA le 3 juillet 2016.
Dans son élan de recherche de la vérité, Ousmane se verra priver de la liberté le 8 juillet 2016, une liberté de parler, celle de plaider, de militer, et surtout une liberté de vivre auprès des siens. Il sera enfermé entre le commissariat du CSPJ et le commissariat Tevragh-Zeina 3, où il passera des jours dans des conditions de détention inhumaines, privé de la visite de sa famille, de ses avocats et des ONG des droits de l’homme, avant d’être présenté au Procureur en compagnie de ses camarades de lutte dans la nuit du 11 au 12 juillet à 4 h du matin. Ils seront déférés à la prison civile de Dar Naim, jugés et condamnés le 18 août 2016 à de très lourdes peines de prison allant de 3 ans à 15 ans.
Ousmane Amadou Anne écopera de trois ans d’emprisonnement ferme. Et depuis, il croupit avec ses camarades dans les geôles du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il a été piégé pour son amour pour une Mauritanie juste et égalitaire.
Son ami Birane Sakho confie que : « Ousmane Anne, ZO comme j’ai l’habitude de l’appeler, symbolise, à mes yeux, Le Patriotisme. De son engagement pour les nobles causes, de l’Honneur (pour tous les Mauritaniens), de la Fraternité (entre tous les Mauritaniens) et de la Justice (pour tous les fils du pays) prend naissance son Amour pour sa patrie, pour notre patrie. Je lui connais un patriotisme et une conviction qu’aucune prison ne peut étouffer».
Et l’ami Ahmed Barro d’ajouter : « Ousmane est l’une des rares personnes qui arrivent à voir et comprendre l’essentiel des choses sans tergiversations ni hésitations. Ousmane, c’est aussi l’intelligence, l’indépendance d’esprit, le pragmatisme et l’extrême générosité ». Quant à ses proches, ils tiennent le coup, le petit, avec, parfois, un regard perçant, sembler chercher son Papa qu’il ne voit plus à la maison. On lui avait dit que Papa était parti en mission. En mission pour la restauration de l’honneur et de la dignité de l’homme mauritanien. En mission pour une Mauritanie avec des citoyens des droits et des devoirs ; des citoyens à part entière et non entièrement à part.
ZO, à bientôt.
Camara Seydi Moussa