NOUS VOULONS LA PAIX MAIS AU PRIX DU DROIT DU PEUPLE

 Déclaration de la Coalition de Soutien à la Candidature de Biram Dah Abeid 

Nouakchott, le 22 juillet 2019

 

L’opposition sociale, populaire et droit de l’hommiste mauritanienne, représentée par le courant abolitionniste et ses alliés (le parti Sawab et le mouvement Touche Pas à ma Nationalité)  vient de réaliser une nouvelle performance dans les urnes, comme d’habitude sans effusion de sang, ni violence, lors de l’élection du Président de la république, le 22 juin 2019. Le vote en faveur de notre candidat, malgré l’infériorité des moyens et l’éclectisme de la fraude, le place, selon les chiffres officiels, au deuxième rang, en nombre des suffrages. Devant l’imminence d’un second tour, le candidat du pouvoir, s’empressa, tard la nuit, de proclamer sa victoire, alors que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) devait encore dépouiller 20% des bulletins. Dès le lendemain et durant 3 jours consécutifs, une partie de la population exprimait, dans la rue de plusieurs villes, son rejet pacifique de l’imposture. A l’élan de l’indignation, s’opposera, avec virulence, le réflexe de la coercition qui est la politesse des factions antidémocratiques du régime en place. Intimidation, arrestations discriminatoires, enlèvements et sévices physiques ciblaient nos partisans présumés et ceux du candidat Hamidou Baba Kane. D’ailleurs, nos deux sièges de campagne dans la capitale furent saccagés, avant leur fermeture arbitraire. La brutalité de la réaction, son amateurisme et sa fébrilité révélaient ainsi à quel point le modèle de domination  à très fort habillage démocratique, s’essouffle quand il engage la totalité ses ressources contre la vérité et le droit. 

Face au contexte de fragilité nationale, nous et les trois autres candidats de l’opposition choisirons, de promouvoir l’apaisement et le refus de la confrontation. Le 1er juillet courant, le Conseil constitutionnel (Cc) entérine les résultats de la Ceni ; pourtant, les preuves d’irrégularités massives, ne manquaient à l’appui des recours en annulation.  

Suite aux insistances, de nos partenaires de l’opposition démocratique et nous, pour le dialogue et la sortie de crise postélectorale, le régime provisoirement bicéphale de Mohamed Abdel Aziz et Mohamed Ghazouani acceptait le principe d’une concertation avec  l’opposition que nous représentons. Nous lui réitérons notre souhait de voir les mauritaniens, ensemble, dépasser la phase de tension et revenir à un minimum de normalité. Et ce par une démarche sincère, globale et transparente. Voici où nous en sommes aujourd’hui, lundi 22 juillet. 

Telles que nous concevons ces négociations, elles viseraient à réguler les différends et les vider des ferments de la rechute ; elles tendent à rechercher une ou des solutions qui s’installent dans la durée, grâce au consensus. Or, le consensus suppose des accommodements raisonnables, lesquels requièrent le sentiment d’avoir obtenu justice, ne serait qu’en partie. 

Aussi, devant vous réunis, qui nous accordez votre confiance, nous nous engageons, à mener cette étape qualitative du combat. La prise et l’exercice du pouvoir en Mauritanie restent le moyen ultime de notre entreprise. L’objectif, lui, ne varie : nous voulons créer et convertir en actes, un récit collectif où l’individu, envers et contre les déterminismes de naissance, de race et de culture, vit les conditions d’un accès équitable au bonheur sur terre. L’effort qui nous guide, sous les matraques, l’étouffement, l’humiliation, la maladie et la faim, dans les prisons ou cachots insalubres, s’appelle la soif d’égalité. Sans égalité, il n’y pas de paix, jamais. Nous vous demandons de transmettre le message à nos enfants, d’une génération à la suivante ; leur désir de se battre pour la cause noble de l’humanité n’en sera que plus raffermi. 

A. Justement parce qu’il comporte tant de vertu, le dialogue appelle du soin et quelque préalable.  Il s’agit d’une œuvre dont la vulnérabilité, à l’image du pays, mérite, du plus fort d’entre les acteurs, un minimum de concession. Ainsi, réclamons-nous du pouvoir du moment : 

1. L’annulation des poursuites de justice contre les opposants détenus lors des troubles post-elections, ou ceux contreints à l’exil durant cette dernière décennie,   y compris les hommes d’affaires, artistes engagés, journalistes, syndicalistes, blogueurs, objecteurs de conscience et ex sénateurs. 

2. L’enregistrement immédiat de toutes les formations politiques et Ongs, non reconnues, tels IRA – Mauritanie, le FPC ou le RAG et l’adoption en urgence, d’une norme déclarative qui régirait le droit des associations. 

B. Nous participerions, avec enthousiasme, imagination et disponibilité, au dialogue inclusif pour une constitutionnalisation et normalisation des apports et rapports des deux entités : opposition et pouvoir en place. Nous reconnaitrions le pouvoir qui s’engagerait dans cette dynamique. 

Parmi les contradictions à traiter en priorité figurent l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés, le fichier et le code électoraux, la Ceni, le Conseil Constitutionnel, le Haut Conseil de la fatwa et des recours gracieux (Hcfrg), les critères de financement des partis et des associations d’utilité publique, le découpage administratif et électoral, les règles de recrutement des agents de l’Etat, le pluralisme culturel dans les média, la double nationalité, l’article 306 nouveau du code PÉNAL, la partie de l’enseignement « religieux » source de la haine et de l’esclavage, les relations de la Mauritanie avec son environnement naturel, c’est-à-dire l’espace Cedeao, et la région du Maghreb, et enfin la préservation des ressources naturelles, notamment l’eau et l’arbre. 

C. Quant au contentieux lourd, source d’impunité et de récidive, il occupera l’essentiel de l’espace et du temps alloués à la délibération. Nous voulons inviter l’intégralité des acteurs du devenir national, à :

1. Reconnaitre l’éradication du crime d’esclavage et des pratiques connexes, en mission du mandat présidentiel, à partir du 1er aout 2019. 

2. Prendre l’engagement d’apurer le « passif humanitaire et culturel», d’où l’abrogation de la « loi d’amnistie » de 1993, qui décourage la publication de la vérité et interdit, au juge, de poursuivre les auteurs des tortures, déportations, spoliations et tueries à caractère raciste. Une instance d’enquête et de réparation mettra un terme au déni et recommandera les mesures de commémoration, de dédommagement et de vulgarisation afin de maintenir la force prophylactique du souvenir contre l’oubli. 

3. Doter de moyens conséquents, une institution en charge de corriger les disparités de naissances, par l’excellence d’une école du rattrapage, au bénéfice exclusif des enfants de la rue, des descendants d’esclaves, rejetons des castes « inférieures » et ayant-droit de personnes victimes d’ injustices commises sous le commandement ou avec les moyens de l’Etat. 

4. Adopter des clauses de sauvegarde domaniale en faveur du paysannat face au péril de l’agro-business national et étranger. 

5. Instaurer un mécanisme non partisan de transparence dans la gestion des ressources du sous-sol et de la mer, en vue de mettre un terme à l’usage des prébendes et surtout arrêter le pillage et la destruction des écosystèmes halieutiques.  

6. Déclarer cause nationale et objet de concertation annuelle, les états généraux de l’écologie, de la santé et de l’enseignement, trois domaines gravement compromis par le laxisme, le faux en écriture et l’imprévoyance. 

7. Promouvoir la visibilité et le leadership de la femme dans l’appareil de justice et les mécanismes de la bonne gouvernance.

8. Animer une conférence perpétuelle contre l’extrémisme violent en Mauritanie et accorder le statut d’ « utilité publique » aux Ongs de veille en la matière. Il convient de se concentrer sur les sources de propagation du fanatisme et de l’intolérance au sein de la société ; l’endoctrinement dans certaines institutions d’enseignement traditionnel, souvent devenus une fabrique de frustration et de chômage, constitue le terreau du terrorisme de demain. Parce qu’il existe un lien désormais empirique entre l’apprentissage prématuré des langues étrangères et la porosité des esprits à la paix, la tolérance et le respect de l’Autre, nous exigeons la promotion du bilinguisme pendant toute la scolarité ainsi que le renforcement de l’enseignement de nos langues nationales. L’éducation devient un enjeu de sécurité. 

 

Vive la Mauritanie et les Mauritaniens pour une alternance historique Vraie et Historique !

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