UN ENNEMI DE L’ESCLAVAGE – PAR ALEJANDRO MÉDINE
Biram Dah Abeid a fondé un mouvement qui cherche à abolir l’esclavage dans son pays, la Mauritanie. FORBES MEXIQUE a interrogé avec Laura Spinola au sujet de cet état de fait aberrant, qui malheureusement, reste une réalité dans ce pays africain.
PAR ALEJANDRO MÉDINE
La Mauritanie est un pays où la population subit encore l’esclavage, et classée 6e dans le monde, conformément au lndex Global Slavery 2018, une étude élaborée par l’organisation australienne Walk Free Foundation. À l’intérieur des frontières de ce territoire, situé au nord-ouest du continent Africain dont la population compte presque 4.2 millions d’habitants, il existent un peu plus de 90 000 personnes esclaves, indique le document.
Les victimes font partie de la communauté majoritaire de l’ethnie afroamuritanienne les haratin, et vivent sous le joug de la communauté arabo-berbère qui représente à peine 20 % de la population du pays.
C’est dans ces circonstances dans laquelle Biram Dah Abeid est né il y a 53 ans, en 1965, au sein d’une famille avec une longue histoire relative à ce grave problème. Comme lui, son père est né en étant libre, mais sa mère et ses frères ne l’on jamais été, ils n’ont jamais pu être libérés.
Ce fait a non seulement affecté Biram Dah Abeid, mais l’a convaincu d’étudier le Droit avec un unique objectif dans son esprit : défendre tous les hommes et femmes de son pays qui vivent dans l’esclavage.
La lutte contre ce fléau, mais aussi contre la discrimination et le racisme, pour laquelle Biram est considéré comme une réincarnation de Nelson Mandela, a été reconnu, en 2013, avec le prix de Droits de l’homme discernée toutes les 5 années par l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Le mouvement qu’il porte se nomme l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), et il se porte aussi candidat pour les élections présidentielles de 2019. Une mission qui n’est pas tout à fait simple. Étant donné qu’il y a quelques semaines il a été emprisonné par le gouvernement mauritanien.
Depuis sa propre cellule, Biram Dah Abeid lutte et lève la voix pour qu’elle s’écoute dans tous les coins du globe, par le biais de sa meilleure alliée et coordinatrice internationale, Laura Spinola dont la mission est de porter partout le message de l’activiste mauritanien.
« La lutte que nous entreprenons contre la discrimination nous la présentons au monde entier, car en Mauritanie comme comme en Europe, en Asie et en Amérique subsitent des victimes de ce problème, qui semble ne pas avoir de limites encore de jours « , explique Laura Spinola.
De son point de vue, la discrimination a été banalisé dans le monde, à un tel degré, que dans beaucoup de cas, elle passe inperçue aux yeux du citoyen labda.
« En Mauritanie et dans beaucoup d’autres parties du monde, comme au Mexique ou, aux États-Unis, la discrimination apparait à tous les niveaux et va au-delà de l’aspect simplement racial, mais elle englobe une communauté de classes, de religions et de préférences communautaires; elle n’est pas qu’homogène « , souligne Laura.
C’est par cette raison que son groupe travaille contre ce problème, même dans des pays comme la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada, l’Italie, l’Allemagne et les États-Unis, où l’IRA dispose de bureaux d’où le problème est analysé et cherche la meilleure manière de l’affronter.
UN DÉFI INITIAL
Sa stratégie principale face à ce défi passe pour un concept qui parait simple, mais dont l’application est plus que complexe : l’éducation.
« L’éducation est le domaine principal par lequel nous pouvons en finir avec ce problème ; cependant, le travail de sensibilisation est complexe à plusieurs titres, surtout dans les pays où cette pratique est plus grande. Nous sommes convaincus que les enfants doivent savoir ce qui signifie la discrimination » expose-t-elle.
En Mauritanie, comme dans d’autres endroits où il y a des personnes qui subissent la discrimination pratiquement depuis leur naissance, celle-ci se produit aussi par le fait simple d’appartenir à un groupe social spécifique.
« Nous avons besoin que les enfants grandissent avec une idée très claire de la dignité humaine et ce que signifie la discrimination, parce qu’ils seront ceux qui rompront avec cette situation de racisme », mentionne-t-elle.
En Mauritanie on n’a pas pu exclure le problème, malgré le fait que des mesures pour pénaliser l’esclavage et pour en finir avec elle; la dernière datant de 2007 avec une loi qui punit directement cette activité.
SOUTIENS DANS LA BATAILLE
« Un allié clef dans ce processus de transformation est la technologie », nous explique Laura, principalement poussée par les téléphones intelligents (smartphones) et les applications permettant aux jeunes de connaître le monde au-delà de leurs frontières.
« Le rôle que joue la technologie dans un pays comme la Mauritanie est plus que crucial, parce que les jeunes se nourrissent d’informations. C’est un rapprochement qui est généré dans tout le monde et qui permet que ce changement se développe » finit-elle.
Malheureusement, dans la majorité des pays subissant un tel niveau de discrimination, l’accès à la technologie est limité pour les jeunes.
« Nous avons à être sincères : la technologie est un grand allié; cependant, dans des pays d’une grande pauvreté et de discrimination comme la Mauritanie, où les habitants réussissent à peine à couvrir leurs besoins élémentaires, avoir un smartphone est compliqué », commente Laura.
Mais, peu à peu, la technologie agit dans la société de manière positive, en servant dans des tâches d’organisation ou pour relayer avec force la situation qui est vécue en Mauritanie.
« Nous cherchons à faire le plus grand bruit possible autour de ces sujet, non seulement en Mauritanie, mais sur toute la planète. Car c’est problème gravissime que nous devons tous combattre à voix haute afin de faire entrer l’huamanité dans une aire moderne». conclut-elle.
L’AUTRE MANDELA
Par son travail contre l’esclavage Biram Dah Abeld a été reconnu, en 2013 avec le Prix des Droits de l’homme de l’ONU.