Allocution du Candidat Indépendant Biram Dah Abeid, Élections Présidentielles Mauritanie 2019, Après le dépôt de sa candidature devant le Conseil Constitutionnel à Nouakchott le 29 avril
Allocution du Candidat Indépendant Biram Dah Abeid,
Élections Présidentielles Mauritanie 2019,
Après le dépôt de sa candidature devant le Conseil Constitutionnel à Nouakchott le 29 avril
Chers compatriotes,
Je viens d’oser un acte de foi.
Je prétends mettre un coup d’arrêt aux déviances que n’a cessé de reproduire le pouvoir politique en Mauritanie, pendant plusieurs décennies. Vous le savez et ma trajectoire l’atteste, j’ai dédié ma vie, et engagé mes facultés, voire mon peu d’argent, au service de la liberté de mes concitoyens, afin de les affranchir de la sujétion et de la résignation.
Contre qui et quoi me bats-je, aujourd’hui ?
La dérive vertigineuse de la gouvernance a entraîné la faillite, quasi-irréversible, de l’État, réduit en débris et lambeaux, au noyau même de son fondement, c’est-à-dire la communauté de destin. La sédimentation des injustices dresse les factions socio-éthniques, les unes contre les autres. La cohésion nationale n’a pu résister longtemps aux régimes d’exception depuis 1978. La vulgarisation du racisme d’État violent contre les groupes et cultures subsahariens ainsi que le déni de l’esclavage et des préjugés de naissance à l’endroit des noirs africains, renferment la vraie cause de la désagrégation, sans précédent, du sentiment d’appartenance à un même foyer. A présent, la rupture, que dis-je, la béance, s’avère si large et profonde, que je ne pouvais lui opposer l’indifférence ni l’excuse de n’en être responsable. Non, au lieu de me disculper, j’affirme combien nous avons tous contribué à notre déconfiture, à force de prudence, de négligence et de politesse naïve.
Mauritaniennes, Mauritaniens !
A la source de mon élan, s’impose le désir d’annuler le constat hideux selon quoi notre État est devenu le bourreau d’une partie de son peuple mais également l’ultime vivier de l’esclavage primitif, dans le monde. Cependant, sous l’effet de l’urgence, un autre impératif m’habite et je me désole de n’avoir pu le communiquer jusqu’ici, à mes concurrents :
Je me devais de servir, aux miens – mes compatriotes – un programme de lucidité et de riposte, un projet de vie terrestre, contre l’obscurantisme qui mise sur la mort et détruit les identités, donc la diversité. Oui, au terme de la dernière décennie, la Mauritanie compte désormais en tête de liste des laboratoires, à ciel ouvert, du fanatisme religieux ; d’ailleurs, notre vocation en la matière n’épargne plus aucun continent. L’école et la majorité du système éducatif mais aussi les médias locaux fabriquent et exportent les candidats à l’extrémisme violent, parfois sous la protection de nos lois. La Mauritanie représente, maintenant, un poste avancé dans l’expansion de l’intolérance et du takfirisme de facture orientale. Contre la régression dans le passé des tribus bédouines, avec son lot de violence et d’infériorité de naissance, nous avons besoin de délier les esprits et les talents, grâce à une école de la République, toute tendue vers l’accomplissement de l’individu et le libre-arbitre, s’il le faut malgré la contrainte du groupe. Ma détermination à rendre effective l’équité dans le bien-être économique et culturel, commence par la résolution à rehausser la valeur de la personne, selon les critères du savoir, du mérite et de l’utilité sociale.
Je compte vous rendre, par le programme que je proposerai à votre attention, une nouvelle espérance car en rejaillira la fierté d’être mauritanien, après 40 années de honte et des siècles de crimes étouffés. Je veux, grâce à vous, redonner une image et une substance aux institutions avilies de l’État, les sauver de la désuétude, retisser le fil des fondateurs de la Mauritanie, restituer et promouvoir le droit pour tous, l’intégrité du fonctionnaire et la sacralité de l’intérêt général. Oui, je revendique, d’abord, une gouvernance de la vertu. Celle-ci ne tolérera de fraude, de contrefaçon et surtout pas de faux diplômes.
Mon dessein se résume en « Pacte national de la renaissance ». Je vous invite à lui accorder vos suffrages, si vous croyez encore à une possible réparation de votre, de notre Mauritanie tant abîmée, outragée, tondue jusqu’au sang.
Enfin, mon ambition comporte le préalable de la prière pour une élection dont l’émulation courtoise, la transparence et le respect mutuel garantiront l’impartialité et l’apaisement. Je formule le serment de reconnaitre votre choix dans les urnes, si le consensus neutre en entérine la vérité. S’il advenait qu’un autre gagne vos faveurs, je consentirais l’effort de lui parler et prodiguer conseil, au bénéfice de notre chère Mauritanie. Je prie, les autres candidats, d’exprimer l’adhésion à cette charte de bonne conduite.
Vive la Mauritanie de la liberté, de l’égalité et de la paix, dans la joie !