Les avocats d’IRA sont revenus sur bien des vérités amères
Le Fonadh a abrité mardi 17 mars 2015, une conférence de presse bien animée, en présence de quelques membres du collectif des avocats du mouvement IRA, Me Ebetty, Mohamed Lemine Moussalem, Ould Ahmed Miské, entre autres. Les militants récemment libérés étaient aussi de la partie ainsi qu’une bonne quarantaine de partisans d’IRA.
Marième Mint Cheikh Dieng, l’une des récemment libérées a déclaré avoir été internée à la prison des femmes qui compte selon elle, présentement, 33 femmes, dont 20 hartanyates, 4 Halpulaars, 3 négro-mauritaniennes, 3 étrangères et 3 mauresques. Ces dernières selon elle, ne sont pas là à cause d’une décision de justice, mais par la volonté de leurs parents qui les ont placées en prison pour les punir à cause de certaines déviances.
Elle a déclaré que la prison n’est pas la solution pour taire les revendications sociales et qu’elle continuera son combat, prête de nouveau, selon elle, à consentir d’autres sacrifices pour la cause pour laquelle, elle est engagée ;
Pour Yacoub, le deuxième militant libéré, la prison civile de Nouakchott est une usine de fabrication de délinquants, notant la présence de 178 mineurs, dont 170 jeunes haratines qui sont en train d’être formés selon lui, par les grands délinquants avec lesquels ils partagent leur séjour carcéral.
Me Ebetty a déclaré pour sa part, être depuis trois jours et trois nuit d’affilée balloté entre studios de télévision et salle de conférence, sur des sujets en rapport avec la liberté d’expression, les prisonniers de Guantanamo et le sort de détenus d’opinion. Pour lui, le sort des militants d’IRA permet de tirer trois leçons. Un, aucune preuve de violence n’a pu être établie à l’encontre des détenus, précisant que les avocats ont demandé à la cour de leur présenter une pierre qui a été jetée, une chemise d’un élément des forces de l’ordre déchirée, ou un bouton arraché. La cour selon lui n’a pu apporter la moindre preuve de violence, c’est pourquoi, dira-t-il, les charges relatives à ce volet ont été abandonnées. Deux, la Mauritanie continue à se référer à une loi datant de 1964 organisant les associations, en déphasage totale avec les conventions internationales signées qui garantissent la liberté d’expression, d’association et de manifestation. Et ce serait sur la base de cette loi caduque de 1964 que Birame, Brahim et Diby auraient été jugés et condamnés. D’où la gêne ressentie par l’Etat mauritanien, selon lui, face à la charge du responsable du Haut conseil des Nations Unies des droits de l’homme de Genève qui a appelé récemment la Mauritanie à ses responsabilités sur ce point. Trois, Me Ebetty trouve scandaleux que les avocats n’aient pas pu avoir accès, deux mois après le procès de Rosso, au dossier des détenus. Selon lui, la cross du verdict serait parvenue depuis le 25 février à la Cour d’Appel sans qu’ils en aient été informées.
Me Moussalem a circonscris son intervention, purement technique avait-il averti, au dossier des trois détenus de Nouakchott, Dr.Saad, Marième et Yacoub. Il trouve que le dossier était vide et que la condamnation à 1 an avec sursis des prévenus exprime la gêne des autorités judiciaires, qui pour ne pas perdre la face et ne pas tomber également dans l’excès, ont libéré tout en condamnant, même si c’est par sursis. Il a tenu cependant à saluer la clairvoyance de la Cour et sa lecture parfaitement équilibrée du dossier. Selon lui, les avocats ont fait néanmoins Appel à la sentence car ils pensent qu’ils doivent être acquittés. Selon lui, il y a une contradiction entre le procès de Rosso et celui de Nouakchott. A Rosso, dira-t-il, l’accusation d’appartenance à une organisation non reconnue a été abandonnée à la décharge de Birame et de ses compagnons, pour ne retenir que la « rébellion non armée » terme aussi ambigu qu’inexistant dans le code pénal, alors que les prévenus d’IRA à Nouakchott ont été condamnés pour appartenance à une organisation non reconnue, alors que les charges liées au rassemblement non autorisé ont été abandonnées.
Me Moussalam dira par la suite que sur le plan purement théologique, rien ne justifie la pratique de l’esclavage dans l’Islam, soulignant que la religion est venue pour libérer les gens et les extraire de l’obscurantisme vers la Lumière. Il dira que le Prophète (PSL) est mort sans laisser derrière lui un seul esclave, que Zeyed qu’il avait parrainé, et qui est le seul compagnon dont le nom figure dans le Coran, il lui avait donné sa propre cousine comme épouse. Oussama, d’origine captive, a aussi commandé les armées musulmanes, coiffant les plus prestigieux compagnons, dont Omar et Abu Bakar, de rang social plus élevé que lui,. Enfin, il dira que le combat que mène IRA n’est pas la seule affaire des Haratines, ni des seuls Mauritaniens, mais qu’il interpelle l’Humanité dans son entier, car c’est un combat pour l’égalité, l’équité, la justice et la paix sociale.
Un autre avocat s’attaquera à certaines chaînes de télévisions et à des journalistes qui dans leur couverture du procès des militants d’IRA ont fait de l’amalgame, tronquant les termes d’accusation. Ils ont parlé de condamnation pour extrémisme et division, alors que de telles charges n’ont jamais été évoquées, selon lui, par aucune juridiction à l’encontre des militants. Il a invité les journalistes à plus de professionnalisme et de fidélité par rapport aux faits.
La conférence de presse s’est achevée par un speech du Dr.Saad Ould Louleid, qui a tenu à préciser que le mouvement IRA reste fidèle à son combat, et que rien ne le détournera de ce combat, ni emprisonnement, ni répression.
Cheikh Aidara