Tirs groupés contre le député Birame (initiativesnews.com)
La dernière intervention de Birame Dah Abeid lors d’une cérémonie au cours de laquelle on lui remit un énième prix, fut l’occasion pour l’honorable député de rappeler les injustices auxquelles sont confrontées certaines franges de la population mauritanienne et notamment les haratines.
Cette sortie lui a valu un véritable lynchage médiatique, des tirs groupés provenant aussi bien des responsables politiques, des acteurs de la société civile, des activistes des réseaux sociaux ainsi que de certains milieux de la presse.
Et comme à l’accoutumée, tout ce beau monde a préféré verser dans l’amalgame et le déni, au lieu de reconnaître certains faits incontestables soulevés par le député qui, soi-dit en passant a effectivement exagéré en qualifiant le système politique mauritanien d’apartheid.
Cependant les inégalités et l’exclusion dont parle le député existent bien et même le président de la République l’a reconnu et a promis d’en tenir compte dans l’exécution de son programme.
Il est donc tout à fait curieux qu’une bonne partie de l’élite intellectuelle continue sa fuite en avant en refusant de regarder la réalité du pays en face.
Par ailleurs, le combat mené par Birame a démontré sa justesse car de plus en plus de mauritaniens y adhèrent, du moins à l’idéal poursuivi ; C’est ainsi qu’en juin 2014, l’homme qui s’était présenté à la présidentielle face au président en place a recueilli un peu moins de 10%, un score énorme malgré le manque de transparence avérée de cette élection boycottée par l’opposition radicale.
Cette deuxième place à la présidentielle et le prix offert par l’ONU ont fini par rendre l’homme incontournable. Et le fait qu’il défende une cause juste -l’esclavage est bien là en Mauritanie et ce malgré les dénégations de certains intellectuels et de la classe dirigeante-a donné des sueurs froides au régime sortant, soucieux de perpétuer la domination d’une classe qui serait, quoiqu’il en soit obligé d’être amené un jour ou l’autre à partager le pouvoir avec les autres composantes du peuple mauritanien.
Notons qu’en 1989, le pouvoir du président Taya confronté à des fantasmes diaboliques avait perpétré une tentative de génocide contre les mauritaniens noirs d’origine africaine, une entreprise barbare qui avait lamentablement échoué.
Les ténors de ce régime dictatorial s’étaient enfin rendu à l’évidence : qu’ils le veuillent ou non, ces mauritaniens noirs d’origine africaine avaient leur place ici dans ce pays qui est le leur et il fallait apprendre à composer avec eux.
Espérons qu’avec les « haratines », on ne retombera pas dans les mêmes erreurs !
En effet, l’homme dérange par son combat virulent contre l’esclavage en Mauritanie et au fil des ans il n’a cessé de monter en grade et de gagner des galons, devenant du coup une menace incontestable pour l’establishment et le système en place en Mauritanie.
Candidat à la dernière élection présidentielle, il réalisa un score conséquent malgré les anomalies qui avaient entouré le scrutin.
Et à l’occasion des récentes élections générales en Mauritanie, son alliance avec le parti nationaliste SAWAB a fait mouche car non seulement Birame a pu décrocher son fauteuil à l’Assemblée Nationale, et ce malgré le fait qu’il soit en prison, mais ce parti qui n’avait jusque là pas pu avoir des élus au Parlement a gagné plusieurs sièges grâce à l’électorat du militant anti-esclavagiste.
Il y a lieu de noter par ailleurs que Mr Birame jouit d’un vaste soutien international allant du Congrès américain au Parlement européen en passant par les organisations africaines et internationales les plus en vue dans le domaine de la lutte en faveur des Droits de l’Homme, c’est dire que les autorités mauritaniennes doivent plutôt s’employer à coopérer avec le porte étendard de la lutte contre l’esclavage et les injustices dans le pays, plutôt que de suivre la girouette des partisans du statut quo et de la préservation des privilèges.
Bakari Guèye
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