Conférence de presse du parti Rassemblement pour une Action Globale et IRA – Mauritanie
Discours du président Biram Dah Abeid conférence de presse 9 juin 2020
Mesdames et messieurs de la presse
Bienvenue à vous !
Nous avons souhaité nous adresser à vous, après un cumul exceptionnel de dysfonctionnements dans la gouvernance d’Etat. Parmi les évènements portés à votre connaissance, je souligne le détournement de fonds au siège de la Banque centrale de Mauritanie (Bcm), la découverte présumée d’un lot de faux dollars et les tentatives de cambriolage de bureaux de la Direction du budget et de la Cour suprême (Csm) ; à ces incidents – je n’en minore la gravité – s’ajoutent les contentieux de corruption en examen par la Commission d’enquête parlementaire (Cep). Selon toute probabilité, des scandales de même facture pourraient rajouter au discrédit d’une gestion publique, en panne dès le lendemain du 10 juillet 1978.
Notre propos, ici, ne consiste ni à exagérer la critique fût-elle légitime d’ailleurs, ni à démonter la faillite de l’hégémonie ethno-tribale. A cet égard, l’essentiel a été dit, réitéré et prouvé ; les derniers évènements confirment nos constats, de jour en jour. Vous vous souvenez avec quel scepticisme, une frange de l’opinion accueillit mon projet, formulé durant la campagne électorale en 2019, de confier, à une instance permanente de contrôle, le soin de vérifier et authentifier les diplômes et qualifications du personnel de l’Etat. A l’époque, je pressentais combien le pays s’enracinait dans la culture du faux, généreusement servie par la négligence, l’impunité, les ententes de clan, la pression des clientèles et le cynisme ambiant. L’autorité de l’Exécutif étant devenue une entreprise de prédation, elle ne produit plus que des passe-droits, des indulgences et des distributions rotatives de rente, sans se soucier de réduire les inégalités hérités, métastase de la gouvernance en Mauritanie. La clochardisation de la fonction publique et de ses bâtiments témoigne de la ruine. Oui, le modèle a dépassé ses limites et sa péremption menace les fondements de la cohésion sociale, du moins ce qu’il en subsiste.
Aussi, mon propos, ici, se résume en une injonction unique : l’heure impose d’oser la rupture, pour survivre, en paix.
L’objectif vital requiert d’abord la sincérité à l’application du droit, la réhabilitation de la justice, le nettoyage de la corporation des magistrats et l’avènement d’une transparence, tous azimuts. Ainsi quand tout semble perdu, un pouvoir légitime ou ambitieux de l’être gagne la confiance des gouvernés ou s’expose à l’insurrection. Or, à présent nos compatriotes ne croient plus à leurs dirigeants et regardent l’ensemble de l’élite, avec suspicion et impatience.
L’ampleur du défi exige une concertation nationale sur le devenir du pays, débat dont nul thématique ou acteur ne devrait s’exclure. Cette refondation, notre Parti radical pour une refondation globale (Rag), ne cesse de la réclamer, depuis longtemps, comme d’autres organisations interdites.
Aujourd’hui, le Président de la république et le Parlement ne sauraient éluder ni différer davantage l’instant de vérité, qui est le temps des réformes, à la racine et vite. Il lui appartient de prendre la population à témoin, d’en susciter la confiance puis le concours, sur la base d’un inventaire franc, qui n’esquive les fautes, les insuffisances, les erreurs, encore moins les crimes. Le moment est venu de reconnaitre, juger, présenter des excuses, réparer ; la part symbolique de l’exercice concerne, d’abord, les protagonistes actuels de la faillite. A force d’amnisties dénuées de raison juridique et de consensus, nous avons appris à banaliser le vol, l’usage de faux, les nominations pour faire plaisir, toujours aux mêmes. Je reviens, ici, sur la nécessité d’abroger la loi scélérate du 14 juin 1993, qui insulte la mémoire et le sentiment d’une composante de la communauté de destin.
Jusque-là, la Mauritanie se singularisait par le racisme et l’esclavage ; la voici atteinte au cœur de la crédibilité de ses institutions, ; les incidents que j’ai cités plus haut attestent d’une dérive vers l’Etat-voyou. Sortir de l’engrenage, a un prix, un seul : il faut aller loin, privilégier la générosité et le courage, bref oser mieux que des ravaudages de grand-mère, des demi-mesures et la sagesse fataliste du laisser le temps au temps.
Si le gouvernement et le Chef de l’Etat s’engagent sur la voie du discernement et de l’équité, il mériterait notre soutien vigilant. En revanche, nous continuerions à combattre le maintien du statu quo, grâce au surcroit d’ardeur que commande l’urgence. Mon camarade Oumar Yali et moi n’avons failli au devoir de l’avertissement et de la proposition.
Tous deux, nous vous remercions d’accorder votre attention à notre propos liminaire.
Nouakchott, le 9 juin 2020
Discours du président Oumar Yali
Depuis quelques jours maintenant, le scandale dit de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) anime les discussions de groupes en même temps qu’il constitue un sujet important de débat dans les réseaux sociaux, de même qu’on en parle dans des journaux de la place.
Certaines opinions, clamant haut et fort que notre Banque Centrale n’est, ni plus, ni moins, qu’une boutique placée à la disposition d’une poignée de ceux qui nous gouvernent et soutiennent que ce scandale déclenché depuis plus d’une année vient de paraitre au grand jour pour noyer les travaux et les résultants de l’enquête sur lesquels une commission parlementaire s’attèle de janvier à nos jours.
Il est de coutume que face à des questions d’une extrême importance pour l’opinion nationale, surgissent le plus souvent des événements créés pour abuser et détourner l’attention du peuple. Ainsi, c’est dans ce cadre que pourrait s’inscrire l’événement de la BCM, ce cadre que caractérisent un moment où les mauritaniens sont plus que jamais attachés à voir clair dans la gestion du patrimoine national, le moment où un groupe de personnes excessivement restreint vivent dans le luxe le plus insolent alors que l’écrasante majorité croupit dans la misère la plus triste, le moment où une prise de conscience conjuguée à une profonde aspiration au changement dans le sens de la liberté, de la justice, de l’égalité, et du bien-être s’installe dans le pays.
Si une opinion privilégie de considérer que le scandale de la BCM a été déclenché depuis longtemps mais qu’il vient de se révéler, une autre opinion défend et signe que ce scandale est relativement récent tant en ce qui concerne son début que pour ce qui est de sont développement.
Ici, chez nous, en Mauritanie, nous avons été et de longue date, habitués aux opérations frauduleuses de toutes catégories et de toutes envergures, à l’escroquerie la plus voyante, à la malversation, au mensonge, aux discours, aux soutiens et applaudissements de laudateurs et prédateurs qui, par leurs attitudes gauches vis à vis de l’intérêt supérieur de l’Etat et des citoyens, conduisent irrémédiablement, et directement aussi bien la Mauritanie que son peuple à la grande catastrophe.
Mais heureusement, nous n’avons jamais connu un scandale dans le domaine, un scandale d’une gravité telle que celle du scandale de la BCM. En effet, la portée de ce scandale va au-delà de nos frontières nationales.
Oui, effectivement il en est ainsi car, selon l’avis de certains grands connaisseurs du domaine des finances et de l’économie, ce scandale pourrait avoir des répercussions extrêmement graves sur la renommée de notre Banque Centrale, des répercussions négatives sur notre monnaie, sur les rapports monétaires de notre pays avec le monde extérieur et sur la crédibilité du système monétaire mauritanien.
Cet avis de spécialistes des finances et de l’économie, ajoutée à la montée de la criminalité, à l’injustice de tous les jours, à la mauvaise gestion endémique, aux pratiques rétrogrades et inhumaines de l’esclavage, à la négation de réalités à la fois amères et criantes, aux viols et vols devenus monnaie courante dans les édifices publics (comme c’est le cas de le Direction du Budget et de la cours suprême de justice) et d’autres maux sociaux et culturels justifient bel et bien le souhait de la refondation de l’État mauritanien et de la radicalisation pour une action globale envisagés respectivement par AREM et RAG.
Il revient aux citoyens que préoccupe la Mauritanie, aux citoyens femmes et hommes jeunes et vieux épris d’une Mauritanie juste, égalitaire, digne, unitaire, et vivable d’être plus vigilants afin que le pays ne sombre définitivement dans la catastrophe qui le guette par ces temps que nous vivons actuellement.
Je vous remercie.
Nouakchott le 09/07/2020
Oumar Yali, ancien sénateur, ancien ministre,
Président du Parti Radical pour une Action Global