En Mauritanie, inculpation d’un opposant et militant anti-esclavagiste (LeMonde.fr)
Biram Ould Dah Ould Abeid, candidat aux législatives, est accusé d’« atteinte à l’intégrité d’autrui et menace d’usage de la violence ».
L’opposant mauritanien Biram Ould Dah Ould Abeid, président d’une ONG anti-esclavagiste et candidat aux législatives du 1er septembre, a été inculpé et écroué, lundi 13 août, pour « atteinte à l’intégrité d’autrui et menace d’usage de violence », a appris l’AFP de source judiciaire et auprès de son avocat.
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Le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) était depuis le 7 août en garde à vue dans un commissariat de Nouakchott, à la suite de la plainte d’un journaliste mauritanien, Deddah Abdallah, l’accusant « de calomnie, d’injures et d’incitation à la haine ». Déféré lundi devant le procureur, il a été « inculpé pour atteinte à l’intégrité d’autrui et menace d’usage de la violence », selon une source judiciaire. Un militant de son ONG, Abdallahi Ould Housseine, a été inculpé et écroué en même temps pour « complicité » dans le même dossier, selon la même source.
Alliance « contre-nature »
« La défense a cherché et obtenu un accord de principe pour un rapprochement entre les deux parties aux fins de clore l’instruction, mais le juge en charge du dossier a tenu à passer outre et renvoyer M. Biram en prison », a déclaré à l’AFP l’avocat de M. Ould Abeid, Me Cheikh Ould Hindi. « Nous savons depuis le début que l’affaire est montée de toutes pièces et que c’est la personne de Biram qui est visée », a dit le porte-parole de l’IRA, Hamadi Lehbouss, affirmant que cela « n’altérera en rien notre combat ».
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M. Ould Abeid se présente aux législatives sous les couleurs du parti Assawab, aux orientations baassistes (nationaliste arabe), qui a récemment fait alliance avec l’aile politique de l’IRA. Le journaliste Daddah Abdallah, à l’origine de la plainte contre le dirigeant de l’IRA, avait réalisé un documentaire sur cette alliance, qualifiée de « contre-nature », dans lequel des alliés et adversaires du candidat étaient interrogés sur son parcours politique et humanitaire.