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Prix des Nations Unies des Droits de l’Homme 2013

Prix des Droits Humains de la ville de Weimar 2011 – Prix Front Line Defenders 2013 – Prix Echoes of Africa de la ville de Philadelphie 2014 – Parmi les 100 intellectuels les plus importants du monde en 2014 (Foreign Policy) – Parmi les 15 défenseurs des Droits de l’Homme qui ont le plus marqué l’année 2014 (Jeune Afrique) – Tulipe des Droits de l’Homme 2015 (Pays-Bas) – Prix Lawson James 2016 (USA) – Prix des héros contre l’esclavage et la traite des personnes 2016 (USA)…

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« pour son combat non-violent et son action pour libérer les esclaves et vaincre l’esclavage en Mauritanie ». Lawson James – 2016

Human Rights Prize of the city of Weimar 2011 – Front Line Defenders Prize 2013 – Echoes of Africa Prize of the city of Philadelphia 2014 – Among the 100 most important intellectuals of the world in 2014 (Foreign Policy) – Among the 15 defenders of Human Rights who most marked 2014 (Jeune Afrique) – Human Rights Tulip 2015 (Netherlands) – James Lawson Award 2016 (USA) – Hero Award against slavery and human trafficking2016 (USA)…

 

« Je suis libre, bravo au collectif des avocats, aux militantes, militants, sympathisants et sympathisantes d’IRA-Mauritanie, et à Abdallahi Houssein Messoud, qui est aussi libre. Bravo à vous tous chères amies et chers amis, soutiens indéfectibles de par le monde »

Biram Dah Abeid le 01 janvier 2019

La police vient de me réveiller pour me dire qu’ils ont reçu l’ordre d’en haut de m’arrêter et que je dois les suivre au commissariat …

Biram Dah Abeid le 07 août 2018

Arrêté de nouveau le 7 août 2018,

Lettre de Biram Dah Abeid, prison civile de Nouakchott, le 15 août 2018.

De la cécité du maître à la prescience de l’esclave.

Récit d’une manipulation de dilettante

Abstract : Entre les militaires de mon pays et moi subsiste un mécompte séculaire, que nous peinons, ensemble, à apurer ; de notre laborieuse insolvabilité à deux, découlent des épanchements de bile et des déglutitions de rancœurs, d’une régularité plus ou moins mesurable. Leur vaine rébellion contre le temps me conforte et procure de la pitié : gardiens d’une citadelle promise à la ruine, ils s’obstinent, cependant, à la croire inexpugnable. Or, parmi eux, à découvert, sans jamais agir à leur insu, je m’assume fossoyeur de cette bâtisse hideuse que maintient debout et désaltère le sang de mes ancêtres. Chaque jour, j’arrache une brique de l’édifice et défait ainsi un pan de mur ; mieux, désormais, je ne suis solitaire à l’ouvrage.

Au début

L’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (Ira –Mauritanie), organisation de défense des droits humains et de lutte contre la persistance de l’esclavage et du racisme, est interdite depuis sa naissance en 2008. Son président-que je suis-et plusieurs autres cadres dirigeants, dont Coumba Dada Kane, Balla Touré, Ousmane Lo entre autres, ont été démis de leurs fonctions en lien avec l’Etat et persécutés dans les activités privées qui leur assurent le pain. Dès sa naissance en 2013, la branche politique du mouvement d’émancipation des noirs et de jonction avec les justes parmi les concitoyens arabo-berbères est frappée d’illégalité, par simple communiqué du ministère de l’intérieur.

En 2014, je me porte candidat à la magistrature, avec le handicap de l’impréparation et quelque défaut de moyens. Malgré la fraude en amont, le bourrage des urnes sans vergogne et le tripatouillage massif des résultats, je m’impose second, face au candidat des tribus, de l’oligarchie militaire, de l’obscurantisme religieux, des milieux affairistes, de l’ethnicité et de l’histoire en déclin, Mohamed Ould Abdel Aziz.

Sa campagne, dotée de plus de 5 milliards d’ouguiya, lui assurait l’instrument de la victoire, en sus des militaires, du personnel et de la machine administrative de l’Etat. Dépourvu des avantages comparatifs, je bénéficiais, cependant, de l’espoir et de l’enthousiasme parmi la jeunesse d’ascendance subsaharienne, que le trop plein de misère et de frustration déterminait au changement. Une fraction éclairée au sein de l’élite maure m’apportait un appui davantage qualitatif et bien moins de suffrages. A mes réunions, se pressaient, se bousculaient surtout, beaucoup de hratin, poullarophones, soninké, wolofs et bambaras.

A ce moment, Mohamed Abdel Aziz, mon concurrent pourtant largement favori, panique et incline aux procédés comminatoires, en violation des règles de la bienséance et des usages de la chevalerie ; il me fait parvenir un message de menace, par l’intermédiaire d’une tierce personne dont je ne dévoile l’identité pour l’instant : « tu vas rectifier tout de suite ton discours séditieux dont tu as usé pendant la campagne, sinon nous allons prendre nos dispositions et sévir à l’avenir. » L’ultimatum ne comportait de terme précis dans le temps.

Sans hésiter, je réponds, avec la fougue et la véhémence que suscite le sentiment de l’honneur bafoué, « je persiste et signe dans mes propos ! Qui es-tu pour dicter la ligne de mon discours ?»

A son investiture, après une victoire dont je contestais le score, l’inélégance et les expédients douteux, Mohamed Ould Abdel Aziz laissait entendre la résolution à éradiquer l’Ira – Mauritanie. Cinq jours avant mon arrestation à Rosso, en novembre 2014, une personnalité proche du susdit me remet en garde : « tu es visé, tu risques un long séjour en prison » ; selon mon interlocuteur, « si tu restes libre jusqu’en 2019, tu risques de multiplier ton aura et ta capacité de mobilisation ; fais attention ». La suite n’infirmait ses avertissements.

Tomber, se relever

Hélas pas seul je dus subir 18 mois de prison, sans motif plaidable dans une démocratie et recouvrais la liberté pour des raisons tout autant inexpliquées.

Libéré en 2016, je récoltais un bain de foule, d’une taille inaccoutumée ; la presse acquise à l’ordre établi s’inquiéta du nombre, de la compacité et de la joie en partage. Aussi, sans tarder, juste un mois après pareille apothéose, une série d’arrestations de ses cadres, décapitait l’association non-reconnue ; s’ensuivaient la torture durant la détention préventive et de lourdes peines de réclusion, avant leur allègement grâce aux pressions diplomatiques et à l’intérieur du pays. Néanmoins, la main lourde des services de sécurité favorise, parfois orchestre, des départs tonitruants de transfuges et des défections malveillantes, toutes fragilités mise en scène pour occasionner, dans nos rangs, le maximum d’acrimonie, de doute, bref nous démobiliser.

En janvier 2017 je me résolus à rompre un long séjour à l’étranger et regagnais le sol de la Mauritanie sous haute surveillance ; les rassemblements du mouvement essuient de violentes attaques par les forces de sécurité, la tension avec le pouvoir évolue en dent de scie. Ira se bat et s’illustre avec les forces de la coalition G8, contre le référendum puis seule face à la cherté de la vie.

L’aile politique d’Ira – en l’occurrence le Rag – cherche le partenariat avec un parti autorisé, pour pouvoir participer aux élections municipales, législatives et régionales ; certains, approchés, par nos soins prudents, ont tergiversé, louvoyé, pesé de la poussière de détail, avant de se résoudre, quasiment, à un identique agenouillement : ils disaient redouter la réaction de Mohamed Ould Abdel Aziz, le principal détracteur de la dynamique de libération des noirs en Mauritanie et de leur jonction avec les justes parmi les maures.

Alors, que l’espoir d’une collaboration fructueuse s’éloignait, le parti Sawab franchit le rubicon et rejoint l’alliance de la coalition qui soutient ma candidature au scrutin présidentiel de 2019. Dès l’annonce de la date de signature de cet accord au 31 mai 2018, le ministre de l’intérieur interdit l’évènement ; par la suite, après conciliabules avec la direction de Sawab, les autorités lèvent la mesure mais agitent des menaces, notamment sur les lèvres du porte parole du gouvernement, d’ailleurs expert en propos de faible discernement et d’une teneur toujours à l’avenant.

Le piège

Le 31 mai 2018 à la maison des jeunes de Nouakchott, l’enceinte débordait d’un public de circonstance où se retrouvaient quelques observateurs, curieux d’assister à une telle alliance, entre descendants d’esclaves, noirs victimes de l’exclusion et de l’impunité et des nationalistes arabes d’inspiration baassiste.

A la fin de la cérémonie les journalistes se ruent vers moi ; je ne les reconnais tous. L’un d’eux, en particulier, me marque, de près ; avec l’insistance habituelle des gens du métier et leur désir légitime de s’exonérer des mauvaises pratiques qui en ébrèchent la réputation, il se prétend « indépendant » et précise travailler pour plusieurs chaines de télévisions arabes ; elles lui auraient commandé une émission avec moi, au sujet de l’accord politique que nous venions de conclure.

Evidemment, je fais signe au Comité de la paix (sécurité d’IRA) de lui ouvrir le chemin, lui fixe un rendez-vous ; depuis, les témoins nombreux en attestent, il n’a presque plus quitté mon domicile ; son attitude ayant dérogé à la moins rigoureuse des déontologies, je me vis dans l’obligation de lui rappeler qu’il n’a pas le droit d’enregistrer les conversations et les échanges, en dehors de l’interview convenue. Il obtempère et explique avoir seulement besoin des images de la famille, des amis et promet de ne pas user des voix de fond, ni du son des conversations courantes. Plusieurs proches et amis de Ira assistaient à l’expression de ses assurances. Après deux semaines du séjour de l’individu chez moi, je quitte Nouakchott en direction des Etats unis d’Amérique.

Le déclenchement

Alors, en mon absence, Deddah Abdallah poste, sur Youtube, un montage vidéo exactement à charge, de la même veine que ceux produits, envers Ira, par les services des renseignements mauritaniens ; les ficelles de la fabrication, les séquences de montage, les arguments de diabolisation, les omissions, les recollages tendancieux recyclent les classiques de la communication anti-insurrectionnelle, en particulier les contre-mesures psychologiques, aux fins d’accentuer la rupture, dans l’opinion, entre la cible et ses partisans. Bref, il fallait me présenter sous un jour de répulsion, afin d’accorder, au discrédit recherché, les garanties de vraisemblance et de durée. Mohamed Ould Abdel Aziz, en principe constitutionnel, ne pourrait briguer un 3ème mandat en 2019. Ses zélateurs et lui cherchaient à me briser, d’abord. Ce que la télévision publique n’avait pu réussir à l’occasion de ses vidéos de propagande lors de mon arrestation à Rosso, Deddah Abdallah, dûment commis à cet office, s’en acquitta avec plus de fortune.

La voix du journaleux m’accablait de maintes épithètes, point d’une exquise flatterie. J’y apparaissais, sous les traits détestables de l’intrigant prétentieux, orgueilleux, corrompu, vendeur de sa cause aux ennemis de la Mauritanie et de l’Islam, haineux, revanchard, singulièrement jouisseur de luxe et de facilité. Bref, j’alliais ainsi les qualités irréconciliables, du révolutionnaire illuminé et du satrape cynique. Bien entendu, le reportage accorde la parole à mes contempteurs habituels, parmi les compagnons de lutte en rupture de ban mais, aussi, les politiciens de l’extrême droite arabo-berbère. A aucun moment, mon entrevue de plus d’une heure avec Deddah Abdellah, ne sera exploitée dans le document posté sur Youtube et Facebook.

La polémique déferla sur les réseaux sociaux et en dépit de mes instances réitérées, l’auteur refusait encore de retirer la vidéo diffamatoire, que jalonnaient des propos tenus, hors cadre, dans ma maison. L’auteur, l’on s’en souvient, s’était engagé à respecter cette part de débat privé avec les militants.

Sous la machination, le rouage

Oui, très en colère et dépourvu de recours, je demandais, aux militants, de répondre aux insultes celui qui a dérogé à son rôle de journaliste pour s’ériger en insulteur publique malgré notre hospitalité et nos cœurs ouverts. Ultime provocation après la diffusion de son travail de sape, il vint au logis, en mon absence, dans l’espoir de se faire lyncher par les jeunes mais il ne récolta que l’indifférence. Dès lors, il décida de se répandre en calomnies, partout ; au prétexte de défendre la liberté de la presse soi-disant compromise par nous, les chaînes locales de radio et de télévision lui offraient une tribune à titre gracieux et consentaient la connivence d’une corporation indignée.

La plupart ignorent la mesquinerie du calcul en dessous de tant d’acharnement et de laborieuse menterie : le système d’hégémonie ethno-tribal en délitement, ne saurait souffrir l’entrée, au Parlement, de Biram Dah Abeid et de ses compagnons, tels Adama Sy veuve du sergent Oumar Gadio tué dans le cadre de l’épuration raciale de 1991 et dont l’Assemblée nationale, deux années plus tard, amnistiait les meurtriers ; oui, comment accepter l’élection de Haby Rabah, esclave libérée par Biram Dah Abeid et Aminetou Mint Moctar en 2008 ; comment tolérer qu’elle affrontât les tenants du déni et de l’occultation !!!!

Le deux poids, deux mesures

A propos des griefs d’incitation à la violence et au meurtre, certains segments de la société mais également des soutiens et proches du pouvoir, s’y livrent impunément: Pendant l’incinération des livres esclavagistes que je menais en avril 2012, Mohamed Ould Abdel Aziz et son entourage m’ont souhaité la peine capitale ; ils parrainaient et encourageaient des manifestations de rue, avec des banderoles et pancartes exigeant ma mise à mort. Les Ouléma, hauts fonctionnaires et ministres prônaient mon élimination physique, au nom de la Charia. L’actuel ministre des affaires islamique le formulait dans un message audible sur Youtube ; à l’époque, il occupait le poste de chargé de mission auprès du département éponyme. De nos jours comme avant, beaucoup de pages facebook des colonnes de sites électroniques, les demandes quelquefois détaillées de me tuer ou d’exécuter les militants des droits humains relèvent de la banalité en République islamique de Mauritanie. Les plaintes de plusieurs victimes demeurent sans suite.

A titre d’exemple, tous se souviennent d’un plateau de télévision fameux où le salafiste et extrémiste violent Yehdhih Dahi annonçait le vœu de supprimer Biram Dah Abeid et Aminetou Mint Moctar, leader de l’Association des femmes chefs de famille (Afcf). Un entrepreneur, proche du pouvoir et des milieux de l’extrémisme religieux, mettait en gage de 10 000 euros, la tête de Mohamed Cheikh Mkhaitir, le blogueur toujours détenu, malgré le dépassement de sa peine de deux ans d’emprisonnement. Et la Mauritanie, membre du G5 Sahel, arbore son entrain à combattre le terrorisme…..

Un poète proche du pouvoir Douh Ould Begnougue déclamait, en public, son intention de tuer les ambassadeurs occidentaux et exposer leurs corps aux fourmis s’ils poursuivaient leur solidarité avec Mohamed Cheikh Mkhaitir accusé de blasphème.

Selon Sidi Ould Dahi un ex sénateur, interrogé lors d’une émission politique de la chaîne Alwataniya, l’ex dictateur Maawiya avait bien agi, en exécutant une tentative de génocide qui se soldait, sur trois ans, par la déportation, l’expropriation et l’assassinat collectif de centaines de noirs mauritaniens.

La justice, jusque-là, ne s’est inquiétée de tels dérapages en dépit de vives protestations de la part de courants influents de la société civile.

Et maintenant, que faire ?

En comparaison, Deddah Abdellah joue ouvertement le rôle d’un agent provocateur, guère d’un journaliste consciencieux. Le propos, en vertu duquel le magistrat m’incrimine, date de la dernière semaine du mois de juin ; donc pourquoi l’arrestation n’intervient que le 7 août, veille de la validation des candidatures ?

Oui, l’on me prépare un procès politique, dans la droite ligne des enseignements du passé, lorsqu’une tyrannie décatie refuse les outrages du temps et se croit de jeunesse perpétuelle. J’aborde la vieille ingrate avec l’aplomb et l’insolence de ma certitude en la toute puissance de l’opprimé, quand sonne l’heure de sa libération.

Biram Dah Abeid

Prison centrale, de Nouakchott, le 15/08/2018

Lettre de Biram Dah Abeid depuis sa cellule, le 9 août 2018

Chers frères et sœurs de la coalition de Sawab et parti Rag /IRA

Militants et militantes d’IRA à l’intérieur et à l’extérieur, chers compatriotes

Je vous informe que la couardise de Mohamed Ould Abdel Aziz et de son pouvoir ne lui a pas permis de me laisser me présenter librement aux futures élections municipales, législatives et régionales. C’est pourquoi il a procédé à mon arrestation sur la base de l’échafaudage d’un plan fondé sur la malveillance, le mensonge et la mauvaise foi supervisé par la police politique depuis la salle où a été organisé le partenariat entre les ailes politiques de Sawab et IRA . Etant sûr que je ne serai pas présent avec vous au cours de cette importante bataille électorale de l’histoire de nos combats et de tous ceux des libres de Mauritanie, je n’ai aucun doute que vous allez gérer ce choc comme d’habitude et que vous allez administrer à ce régime qui torture, qui divise et qui appauvrit le peuple une défaite électorale sans précédent. Pour cela, je vous exhorte à vous concentrer sur la bataille électorale et ses exigences sans vous consacrer à rien d’autre comme les manifestations réclamant ma libération qui ne constitue pas pour le moment une priorité.

Sachez que ce régime et son président psychopathe s’est affolé à cause des données suivantes :

  1. L’intégration entre le parti Sawab et le Rag issu d’IRA dans une coalition qui soutient Biram Dah Abeid à la présidentielle et qui constitue un rapprochement et une concrétisation d’unité entre des communautés et ethnies nationales représente un danger sur la stratégie de Mohamed Ould Abdel Aziz et son pouvoir fondé sur la division et l’exacerbation des tensions communautaires.

  2. L’accès d’une ancienne esclave et d’une veuve qui a perdu son mari dans les assassinats de 90/91 et le risque d’entrée au parlement de grands leaders d’IRA et de Sawab pour défendre une nouvelle vision basée sur la lutte contre les injustices historiques et imposer le changement voire la fin du pouvoir autocratique afin d’arrêter le saccage des ressources nationales par les voleurs et les prédateurs du régime.

  3. Le chef du régime Mohamed Ould Abdel Aziz ne supporte pas l’élection de Biram Ould Dah Abeid au parlement pour que celui-ci ne bénéficie pas de l’immunité parlementaire. Mais je lui rappelle que mon immunité est d’Allah le Tout Puissant et Miséricordieux.

Enfin, j’appelle toutes les forces vives politiques, civiles, démocratiques et des droits de l’homme à être vigilantes et de dresser des jonctions et des passerelles qui permettent de raffermir leur unité et leur alliance dans ce combat face à ce régime destructeur et injuste. Tout comme j’adresse un appel solennel aux partenaires de la Mauritanie (ONGs non gouvernementales et gouvernementales, gouvernements, Etats et autres) de mobiliser des mécanismes de supervision pour assurer que ces élections soient justes et transparentes pour qu’elles constituent le début de la libération des Mauritaniens, de leur démocratie prise en otage et de leur justice inféodée et apprivoisée.

J’ai parlé du dossier fabriqué qui est la première réaction officielle sur le partenariat entre IRA et Sawab. Mais aussi une réaction officielle à la candidature de Biram Dah Abeid et certains de ses amis comme l’esclave Haby Mint Rabah et la veuve Adama Sy à des postes électifs qui leur permettent d’entrer au parlement. J’ai décidé de ne prononcer aucun mot ni aux juges ni aux instructeurs puisque l’expérience de cinq arrestations m’ont appris l’inutilité de cela pour des magistrats aux ordres du chef d’une autorité qu’ils suivent dans ses directives d’arrêter ou de libérer selon sa volonté.

Nouakchott le 09/08/2018

Biram Dah Abeid depuis sa cellule

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Arrêté le 11 novembre 2014, condamné à 2 ans de prison

Libéré le 17 mai 2016 après après dix-huit mois de détention

 

Arrested on 11 November 2014 in Mauretania sentenced to 2 years Released May 17, 2016 after after eighteen months of detention

WF-Biram

logo-onuPrix des Nations Unies des Droits de l’Homme 2013

pour son combat non violent contre l’esclavage en Mauritanie

 

 

Lettre ouverte de Biram Dah Abeid, président d’IRA Mauritanie, depuis la prison civile d’Aleg le 20 août 2015 :

Je m’appelle Biram Dah Abeid. J’ai voué ma vie à la lutte contre l’esclavage, l’impunité et l’injustice. C’est une promesse que j’ai faite à mon père, qui a épousé une esclave et a vu sa famille déchirée par l’esclavage. Aujourd’hui, je vous écris du fond d’une prison dans laquelle j’ai été jeté pour avoir appelé à la fin de cette pratique cruelle. Mon pays, la Mauritanie, a le pire problème d’esclavage de la planète. La majorité des esclaves sont des Haratines (nom donné aux esclaves et anciens esclaves), communauté représentant 50% de la population mauritanienne. Les bébés naissent sous la coupe de leurs maîtres, et sont contraints de les servir toute leur vie. En octobre 2008, j’ai pris la décision de créer IRA Mauritanie (Initiative de Résurgence pour le Mouvement Abolitionniste), une association indépendante, pacifique et non violente dont le but premier est de délivrer notre pays du fléau de l’esclavage.

Malgré le soutien de la communauté internationale, nos nombreux sit-in et nos manifestations pacifiques, notre organisation, l’IRA Mauritanie, n’est toujours pas reconnue par le gouvernement de Mauritanie. Au contraire, nos membres ont été harcelés, torturés, jugés, condamnés et emprisonnés pour appartenance à une organisation illégale. Je suis moi même derrière des barreaux depuis novembre dernier, avec mon adjoint Brahim Bilal. C’est la troisième fois que l’on me jette en prison pour avoir dénoncé l’esclavage.

Le gouvernement a adopté des lois qui menacent toute personne investie dans l’exploitation d’esclaves de sanctions, mais en pratique il ne fait que piétiner nos efforts pour mettre fin à l’esclavage. Mon gouvernement veut me réduire au silence, et me diabolise, me persécute, me jette en prison, et espère me voir abandonner et quitter le pays. Néanmoins je refuse de céder à leur chantage. Pour mettre un terme à cette souffrance, il nous faut plus que des déclarations de la communauté internationale: nous avons besoin d’actions fortes. Les leaders de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique entretiennent des liens étroits avec le gouvernement de Mauritanie.

Depuis ma sinistre cellule, je les appelle à mobiliser tous les moyens légaux et diplomatiques, y compris la suspension de toute aide financière, pour inciter le gouvernement à arrêter la répression et agir réellement pour éradiquer l’esclavage, ainsi que le racisme et l’exclusion qui le sous-tendent. Je refuse de jeter l’éponge. Je refuse d’être réduit au silence. Je refuse de me soumettre au dogme qui légitime l’exploitation de l’esclavagisme ici. Je refuse d’abandonner mon pays et ceux dont la vie est ruinée par l’esclavage. Aujourd’hui, j’appelle le monde à soutenir notre lutte pour la liberté. »

biram1-onuOpen letter from Biram Dah Abeid, President of IRA Mauritania, from Aleg civilian prison, 20 August 2015:

My name is Biram Dah Abeid. I have devoted my life to the struggle against slavery, impunity and injustice. This is a promise I made to my father, who married a slave and had his family torn apart by slavery. Today I am writing to you from the depths of a prison into which I was thrown for calling for the end of this cruel practice. My country, Mauritania, has the worst slavery problem of on the planet. The majority of slaves are Haratins (a name given to slaves and former slaves), representing 40% of the Mauritanian population community. Babies are born under the control of their masters, and are forced to serve them all their lives. In October 2008, I took the decision to create IRA Mauritania (Resurgence of the Abolitionist Movement Initiative), an independent, peaceful and non-violent association whose main goal is to deliver our country from the scourge of slavery.

Despite the support of the international community, our many sit-ins and our peaceful demonstrations, our organization, IRA Mauritania is still not recognized by the Government of Mauritania. On the contrary, our members have been harassed, tortured, tried, convicted and imprisoned for belonging to an illegal organization. I am myself have been behind bars since last November, along with my assistant Brahim Bilal. This is the third time that you have thrown me in jail for denouncing slavery.

The government has passed laws threatening to punish anyone involved in the exploitation of slaves. In practice, however, it has merely trampled on our efforts to end slavery. My government wishes to silence me and demonizes me, persecutes me, throws me in jail, and hopes to see me give up and leave the country. Yet I refuse to give in to their blackmail. To put an end to this suffering, we need more than declarations from the international community: we need strong action.

The leaders of the European Union and the United States of America have close ties with the government of Mauritania. From my dismal cell, I call on them to mobilize all legal and diplomatic means, including the suspension of all financial aid, to bring the government to stop the repression and to take real action to eradicate slavery and the racism and exclusion that underlie it. I refuse to give up. I refuse to be silenced. I refuse to submit to the dogma that legitimates the exploitation of slavery here. I refuse to abandon my country and those whose lives are ruined by slavery. Today, I call on the world to support our struggle for freedom.

Intervention de Biram Dah Ould Abeid à L’ONU

 

L’engagement de Biram Ould Dah Ould Abeid

(octobre 2013, avant l'élection présidentielle de 2014)

Cher amis,

Biram Leila

Je me permets de vous exposer la situation dramatique de mon pays, la Mauritanie, et vous demander votre soutien dans notre lutte contre l’esclavage et l’impunité.

L’histoire de l’esclavage en Mauritanie ne date pas d’hier. Pourtant malgré plusieurs tentatives répétées d’abolir cette pratique, l’esclavage est encore aujourd’hui largement accepté dans la société. Il concerne 20% de la population, pour la plupart des Haratins, un groupe ethnique « noir » qui représente 40% de la population totale de la Mauritanie.

The solemn commitment of Biram Ould Dah Ould Abeid

(October, 2013, before the presidential election of 2014)

Dear Friends,

Allow me to explain to you the dramatic situation in my country, Mauritania, and to ask for your support in our struggle against slavery and against the impunity of those who organise it and benefit from it.

Slavery in Mauritania has a long history. Yet despite  repeated attempts to abolish it, slavery is still widely accepted in Mauritanian society and some 20% of the population are slaves. Most are Haratins, a ‘black’ ethnic group which represents 40% of the total population of Mauritania.

Derrière ce terme d’esclavage se cache une réalité faite de violences, de mutilation, d’exploitation sexuelle, et de travaux forcés. Jusqu’en 1981, il était encore légal de posséder un autre être humain, de le vendre, de l’offrir en cadeau de mariage, ou encore de l’utiliser comme un objet sexuel, un serviteur, un souffre douleurs. Ces esclaves ne bénéficient d’aucune rémunération, et n’ont accès ni à l’éducation, ni au mariage, ni au voyage. La Mauritanie a été le dernier pays au monde à abolir l’esclavage en 1981, mais cette décision n’a en rien délégitimé ou désacralisé cette pratique.

Behind this term of slavery lies a reality made up of violence, mutilation, sexual exploitation and forced labor. Until 1981, it was still legal to own another human being. Human beings could be bought and sold, given as wedding presents, and used as sex objects, as servants, or even, literally, as whipping-boys (or girls).1 These slaves received2 no wages, and had no access to education or marriage or travel. In 1981 Mauritania became the last country in the world to abolish slavery, but this decision has done nothing to delegitimized this practice or to remove its sanctified position in society.

La loi de 2007, qui criminalisait l’esclavage, a également eu un impact très limité, puisque le gouvernement et le système judiciaire n’ont pris aucune mesure pour mettre en pratique des lois qu’ils semblent avoir rédigé simplement pour se déresponsabiliser.

The law of 2007 criminalizing slavery has also had a very limited impact, since the government and the judiciary have not taken any measures to implement the laws they seem to have written as mere window-dressing.

Il est important de comprendre la duplicité du gouvernement et du système judiciaire qui se moquent des lois internationales et laissent croire en leur volonté d’éradiquer l’esclavage. En effet, alors que le gouvernement met en place des lois modernes contre cette pratique et ratifie les conventions internationales, il continue parallèlement à promouvoir d’anciennes références religieuses qui rendent légitime le système d’esclavage et ses atrocités telles que décrites ci-dessus. Ce code de l’esclavage, qui fut écrit entre le 9ème et le 13ème siècle, est toujours enseigné dans de nombreuses écoles de lois et de théologie, et est considéré comme un texte sacré et infaillible, en dépit des contradictions évidentes d’avec les conceptions égalitaires, libertaires et humanitaires de l’Islam pur et originel. Cette interprétation et manipulation du Saint Coran est la première source de loi dans mon pays ; une loi supérieure à toute norme internationale, dont la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

It is important to understand the duplicity of the government and the judiciary who care nothing for international laws and seek only to give the impression of their commitment to eradicating slavery. Indeed, at the same time as it adopts modern laws against this practice and ratifies international conventions, the government continues to promote  ancient religious references legitimizing  slavery  and the associated atrocities described above. This code of slavery, which was written between the ninth and the thirteenth centuries, is still taught in many schools of law and theology, and is considered a sacred and infallible text, despite its obvious contradictions  with the egalitarian, libertarian and humanitarian conceptions of pure and original Islam. This interpretation and manipulation of the Holy Quran is the primary source of law in my country, and is considered superior to any norm of international law including the Universal Declaration of Human Rights.

L’abolition de l’esclavage en Mauritanie est notre but premier. Pour autant, l’esclavage se transmettant par descendance n’est malheureusement pas le seul fléau ici. D’autres formes d’esclavage (que l’on nomme souvent « esclavage moderne ») touchent également les employés dans le secteur de l’industrie minière, dans les ports de marchandises et dans les sites de construction. On note aussi toute sorte de discriminations dont les ethnies noires sont victimes.

The abolition of slavery in Mauritania is our prime goal. Unfortunately, however, hereditary slavery is not the only scourge here. Other forms of slavery (which are often called ‘modern slavery’) also affect workers in the mining sector, in cargo ports, and on construction sites. We also note any kind of discrimination of which black ethnic groups are victims.

L’opération de nettoyage ethnique qui eu lieu entre 1986 et 1991 dans le but d’arabiser l’ensemble de la population mauritanienne est un exemple tristement parfait de cette discrimination raciale. Aujourd’hui, de nombreux sympathisants de notre cause sont également victimes de discriminations prenant la forme d’arrestations arbitraires, de refus de reconnaissance de leur identité nationale, ou de renvoi de poste stratégiques.

The ethnic cleansing that took place between 1986 and 1991 in order to arabize all of the Mauritanian population is sadly a perfect example of this racial discrimination. Today, many supporters of our cause are also victims of discrimination in the form of arbitrary arrest, the denial of recognition of their national identity, or their removal from sensitive or strategic posts.

J’ai voué ma vie à la lutte contre l’esclavage, l’impunité et l’injustice. Petit fils d’une esclave, membre de la classe des Haratins, je suis né dans un groupe servile dans lequel j’ai refusé de grandir. J’ai fais un jour la promesse de vivre ma vie pour la liberté du peuple que je représente aujourd’hui. En 2008, j’ai pris la décision de créer IRA Mauritanie (Initiative de Résurgence pour le Mouvement Abolitionniste), une association indépendante, pacifique et non violente dont le but premier est de délivrer notre pays de son fléau.

I have devoted my life to the struggle against slavery, against the impunity of slavers, and against injustice. As a Haratin and the grandson of a slave, I was born in a slave group in which I refused to grow up. I made a promise to one day live my life for the freedom of the people I represent today. In 2008, I took the decision to create IRA Mauritania (Resurgence of the Abolitionist Movement Initiative), an independent, peaceful and non-violent association whose chief aim is to deliver our country from its scourge.

Nous avons décidé de ne plus accepter les pratiques dictées par le gouvernement en créant un mouvement reposant sur une méthode d’action directe. Malgré notre présence quotidienne auprès des victimes de l’esclavage, nos nombreux sit-in, nos manifestations pacifiques, le soutient de la communauté internationale, notre organisation, IRA, n’est toujours pas reconnue par le gouvernement de Mauritanie. Plusieurs de nos membres ont été arrêtés pour faute d’appartenance à une organisation illégale et j’ai moi-même été mis en prison à plusieurs reprises.

We decided no longer to accept the practices dictated by the government and to create a movement based on direct action, Despite our daily presence among the victims of slavery, our many sit-ins, our peaceful demonstrations, and the support of the international community, our organization, IRA, is still not recognized by the Government of Mauritania. Many of our members have been arrested for  membership of an illegal organization and I myself have been imprisoned several times.

La dernière fois en Avril 2012, lorsque j’ai été inculpé de trois chefs d’accusation après avoir volontairement incinéré le code de l’esclavage en public pour protester contre sa sacralisation. J’ai passé six mois en prison puis libéré en Septembre 2012 simplement parce que le gouvernement, qui avait d’abord rejeté une décision de la cour criminelle d’annuler les poursuites pour vice de procédure, s’est senti menacé par un soutien populaire et international grandissant. Un an et demi après, je suis toujours menacé de peine de mort pour des accusations d’apostasie, d’atteinte à la sécurité de l’État et au sentiment islamique. Je suis toujours dans l’attente de la tenue de mon procès qui ne cesse d’être repoussé. Le gouvernement aimerait que j’abandonne la lutte en rejoignant leurs rangs ou en quittant le pays. Néanmoins je refuse de céder à leur chantage. Je refuse de jeter l’éponge. Je refuse d’abandonner mon pays.

The last time [before my present incarceration] was in April 2012, when I was charged on three counts after having deliberately and publicly burnt a copy of the slavery code in order to protest against its sacred status. I spent six months in prison and was only released in September 2012 because the government, which had initially rejected the decision of the criminal court to annul the prosecution on procedural grounds, felt threatened by growing popular and international support. A year and half later, I am still threatened with the death penalty for ‘apostasy’, for breaching the security of the state, and for offences to Islamic feeling. I am still awaiting my trial, but it has repeatedly been postponed. The government would like me to give up the fight by joining their ranks or by leaving the country. Yet I refuse to give in to their blackmail. I refuse to give up. I refuse to abandon my country.

J’ai décidé au contraire d’utiliser cet emprisonnement comme un tremplin pour faire connaître la cause des Haratins dans le monde entier et je remercie chaleureusement les organisations internationales qui m’ont aidé et sont toujours là pour m’aider à atteindre ce but. Je pense à Amnesty International, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), Front Line Defender, l’Organisation pour les Peuples et les Nations Non-représentées (UNPO), UN Watch, Freedom House, la Société pour les Peuples menacés, les Nations Unies, et le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme…

I decided instead to use my imprisonment as a springboard to make known the cause of the Haratins worldwide, and I warmly thank the international organizations that have helped me and are still there to help me achieve this goal. I am thinking of Amnesty International, the International Federation for Human Rights (FIDH), the World Organisation Against Torture (OMCT), Front Line Defender, the Unrepresented Nations and Peoples Organization (UNPO), UN Watch, Freedom House, the Society for Threatened Peoples, the United Nations, and the Office of the High Commissioner for Human Rights...

Toutes ces organisations et personnes qui, comme nous, sont convaincus de la nécessité urgente de bannir l’esclavage de notre temps présent, et qui savent que l’Histoire ne peut être écrite que par la détermination et l’engagement de ceux qui croient en la potentialité et en la nécessité du changement. Le soutien que m’ont témoigné ces organisations était antérieur et va bien au-delà de mon arrestation.

All of these organizations and people who, like us, are convinced of the urgent need to ban present-day slavery, and who know that history can only be made by the determination and commitment of those who believe in the potential and the need for change. The support that these organizations have shown me predated my arrest and has continued well beyond it.

Le Prix des Droits de l’Homme que m’a remis la ville de Weimar en 2011 fut une première reconnaissance donnée à la légitimité du combat d’IRA Mauritanie. Par la suite, en me récompensant du Prix pour les Défenseurs des droits de l’Homme en danger, Front Line Defender a non seulement reconnu les efforts et sacrifices que j’ai du faire à travers cette lutte contre l’esclavage, mais m’a également donné une voix sur la scène internationale. Lorsqu’ils m’ont invité en Irlande pour me remettre ce prix, ils m’ont permis par la même occasion de faire connaitre la situation mauritanienne dans de nombreux pays européens où j’ai eu l’occasion de rencontrer des députés, journalistes, employés des Nations Unies ou de l’Union Européenne, etc.…

The Human Rights Award given to me by the city of Weimar in 2011 was a first recognition of the legitimacy of IRA Mauritania’s struggle. Subsequently, Front Line Defender, by giving me the 2013 Front Line Defenders Award for Human Rights Defenders at Risk, Front Line Defenders not only recognized the efforts and the sacrifices I had had to make for the fight against slavery, but also gave me a voice on the international stage. When they invited me to Ireland to receive this award, they allowed me at the same time to make the Mauritanian situation known in many European countries where I had the opportunity to meet MPs, journalists, UN or European Union staff, and so on.

biramONUMaintenant que les Nations Unies ont ouvertement valorisé notre combat, que d’autres pays et institutions nous aient exprimé leur soutien, notre renommée est sans précédent. Néanmoins, notre lutte est loin d’être terminée puisque l’attitude du gouvernement de Mauritanie n’a en rien changé. La délégation mauritanienne était la seule à s’opposer au prix des Nations Unies qui m’a été remis. Ses membres me suivent dans chaque conférence internationale pour tenter de me discréditer, ils mènent une lutte acharnée contre moi dans les médias, et menacent ma famille et mes amis.

Cependant rien de cela ne pourra atténuer ni ma volonté de défendre les droits fondamentaux, ni ma foi en la justice. J’ai déjà abandonné mon confort et ma propre liberté pour cette cause que je défends, je n’ai pas peur de donner mon dernier souffle pour rendre la liberté à tout un peuple car je suis convaincu de la justesse de notre lutte pour une Mauritanie unifiée et égalitaire. J’ai donc pour cette raison décidé d’aller plus loin encore en annonçant ma candidature aux prochaines élections présidentielles en Mauritanie qui sont prévues en Juin 2014. Je n’ai pas pris cette décision par enthousiasme ; pas plus que je ne mène cette lutte pour le plaisir et la gloire. J’ai pris cette décision par devoir car je me suis promis que ma mission ne prendrait fin que lorsque l’esclavage serait banni de mon pays.

None of this, however, can diminish either my willingness to defend fundamental rights or my faith in justice. I have abandoned my personal comfort and my own freedom for this cause that I defend, and I am not afraid to give my last breath to restore freedom to a whole people, because I am convinced of the rightness of our struggle for a Mauritania that is united and equal. So I therefore decided to go even further by announcing my candidacy for the next presidential elections in Mauritania planned for June 2014. I have not taken this decision out of enthusiasm, any more than I am leading this fight for the pleasure and glory. I have taken this decision because I have promised myself that my mission would only end when slavery was banned in my country.

 

Slavery’s last stronghold (CNN)

 

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Martin Luther King & James Lawson
Martin Luther King & James Lawson

 

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