La prison pour femmes de Sebkha (Nouakchott) : 33 détenues dont 20 hartanyate (esclaves ou descendants d’esclaves)
Sitôt sortis de prison et malgré l’épée de Damoclès qui plane sur leur liberté et que constitue leur condamnation à un an de prison avec sursis, les trois ex-prisonniers d’IRA, Dr Saad Ould Louleyd, Mariem Mint Cheikh et Yacoub Moussa reprennent le combat, un combat toujours pacifique mais jamais complaisant ni tendre avec les forces esclavagistes et rétrogrades du pays. Ce mardi, 17 mars 2015, moins d’une semaine après leur libération intervenue après quatre mois de séquestration émaillés de grève de la faim, d’hospitalisation en urgence et de torture, les trois militants anti-esclavagistes, entourés de leurs avocats et de leurs soutiens tenaient une conférence de presse, à Nouakchott, devant un aréopage de représentants de la presse écrite, audiovisuelle et électronique.
Pour le Dr Saad, la case prison a permis à IRA de compter ses soutiens et ses véritables amis au sein du personnel politique mais aussi de mesurer l’état de l’opinion nationale et internationale par rapport à la question de l’esclavage. IRA et la cause anti-esclavagiste en sortiront grandies. Il est vain, précise l’ex-détenu, de penser que la prison nous affaiblira. Prenant la parole à son tour, Yacoub Moussa reviendra sur les conditions de vie au sein des prisons mauritaniennes. Pour lui, il s’agit là de la meilleure école de la délinquance et de la dépravation. Pourtant, ajoute le militant, on y envoie des mineurs côtoyer des bandits de grands chemins, des trafiquants en tous genres et des dangereux psychopathes. Puis fut le tour de Mariem Mint Cheikh, militante d’IRA connue sur les réseaux sociaux pour sa verve et son franc parler de prendre la parole. Dans la prison de Sebkha où j’ai passé les trois derniers mois, précise-t-elle, nous étions 33 détenues dont j’ai compté 20 issues de la communauté hratîn, 4 Halpularen, 2 de la communauté soninké, 1 Wolof, 3 Bydhanyate et 3 étrangères. Les 3 Bydhanyate (issues de la communauté des Bydhane) étaient là sur la demande expresse de leur famille suite à des liaisons qu’elles auraient eues avec des garçons Hratîn ; les familles bydhane espèrent, par ce séjour forcé, punir les effrontées et cacher la honte que représentent ces liaisons contre-nature.
Les trois militants ont profité de cette conférence de presse pour remercier ceux et celles qui les ont soutenus et continuent à soutenir le combat d’IRA. Ils ont annoncé l’organisation d’une visite de groupe en direction de la prison d’Aleg (250 km au sud-est de Nouakchott) où continuent à croupir le président d’IRA, Biram Dah Abeid et son adjoint, Brahim Ould Bilal. Le troisième prisonnier, Sow Djiby, président de l’ONG Kawtaal a été évacué vers Nouakchott pour des raisons de santé mais toujours sous le régime de la détention. Nous apprenons d’ailleurs que, même entre les mains de ses médecins, ce militant pour les droits de l’homme est tout le temps obligé de garder ses menottes.