IRA apprécie la position de Deddew par rapport à l’esclavage

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Ces derniers jours et ce, sans grande surprise, l’Association des Uléma Mauritaniens s’est fendue d’une déclaration qui légitime les pratiques esclavagiste en Mauritanie. En effet, nos éminents Uléma annonçaient, dans cet ersatz de Fetwa, que l’esclavage était, désormais illégal, comme si cette ignominie pouvait avoir été légale avant la date d’aujourd’hui. Dans une démarche très clairement commandée et rétribuée par les services d’un Etat aux abois, les Uléma autoproclamés, faisant l’économie de toute analyse historique ou recherche documentaire, ont exhumé l’ordonnance de 1981 pour asseoir leur Fetwa. Cette ordonnance, basée sur une autre Fatwa, réaffirmait que l’esclavage était légal puisqu’elle prévoyait l’indemnisation des maîtres d’esclaves, alors que ce sont ces derniers qui devraient être dédommagés des préjudices subis durant des siècles d’asservissement et de domination morale, matérielle et idéologique.
Mais, comme pour laver l’affront fait à notre sainte religion et rétablir sa vocation de source de libération des opprimés, le Cheikh Mohamed El Hassen Ould Deddew vient de publier, ce mardi 14 -04-2015 sur le site Essirage, une déclaration qui a le mérite, rare de nos jours, d’une très grande clarté et d’une portée considérable dans laquelle l’Erudit déclare « qu’il n’y a aucun fondement légal pour les pratiques esclavagiste en Mauritanie » et que notamment, « ces pratiques ne pouvaient avoir de lien avec celles relatives à la période de la révélation de l’Islam ». Il précise aussi que les auteurs de telles pratiques en Mauritanie sont dans un péché caractérisé dont ils répondront à coup sûr devant Allah le tout puissant le jour où ils auront à Lui rendre les inévitables comptes.
Tout en appréciant au plus haut point la position du Cheikh Deddaw qui est venue combler un vide jurisprudentiel dommageable en affirmant très nettement, contrairement aux précédentes Fetawa, qu’il n’y avait aucune filiation entre l’Islam et l’esclavage en Mauritanie, Initiative pour la Résurgence du mouvement Anti-esclavagiste (IRA) tient à souligner les points suivants:
1- nous apportons notre soutiens inconditionnel aux honorables Imams M’Barek Ould Bilal et Bilal Ould Semet ainsi qu’aux autres membres de l’association « El amrou bil maaroufi » (« Recommander des bonnes actions ») dans leur condamnation vigoureuse de la déclaration des Uléma qui nous a ramenés à la case départ;
2- nous engageons l’Etat mauritanien à adopter officiellement la Fetwa de l’Erudit Deddaw qui désigne clairement qui est victime et qui est coupable dans cette question de l’esclavage. Les victimes doivent être reconnues et traitées comme telles et les bourreaux dénoncés et châtiés pour leur forfaiture, sans complaisance ni faiblesse;
3- nous condamnons, avec la plus grande force, les déclarations de Cheikh Ould Saleh, Secrétaire général adjoint de l’Association des Uléma , qui dénigre les défenseurs des droits de l’Homme en les traitant, à longueur de diatribe, de tous les noms d’oiseaux, sans égards aux sacrifices qu’ils consentent pour la liberté du plus grand nombre. Est ce que ce personnage, sorti de nulle part, pourrait faire de telles déclarations, s’il n’était en service commandé et rétribué? Nous nous permettons de poser la question.
4- nous engageons les autorités actuelles à présenter des excuses, aux noms de l’Etat, en direction des esclaves et de leurs ayant-droits pour les préjudices et torts moraux commis à leur encontre durant des siècles par usurpation caractérisée de références à Allah et à Son Saint prophète. Une procédure adaptée d’indemnisation et de réparation doit être initiée par l’Etat en faveur des victimes de cette abomination;
5- nous renouvelons notre appel à l’ensemble des mouvements et organisations de droits de l’Homme, aux associations de la société civile, aux personnalités et groupements progressistes et à tous ceux et celles qui ont dénoncé la Fetwa des Uléma de Mauritanie à resserrer les liens et pousser l’Etat à vaincre les dernières réticences sur le chemin de la « lutte contre l’esclavage ». L’Etat doit dépasser le seul affichage à visée de communication extérieure et s’engager résolument sur la voie de l’exécution pratique de la Feuille de Route; une telle démarche ne pourra aboutir sans l’implication des défenseurs des droits de l’Homme et sans la levée des entraves qui limitent injustement et inutilement leur liberté de mouvement, d’association et d’expression.

La Commission de Communication Aleg le 17-04-2015

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