Mauritanie : Biram bientôt libre (BBC Afrique)

La Cour suprême mauritanienne a ordonné mardi la remise en liberté immédiate de deux militants anti-esclavagistes, Biram Ould Dah Ould Abeid et Brahim Ould Bilal, condamnés à deux ans de prison ferme en janvier 2014.

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Les faits sont requalifiés en délit passible d’un an d’emprisonnement maximum. selon leur avocat.

« La Cour suprême a estimé que le tribunal de Rosso (sud) et la cour d’appel d’Aleg (centre) ont fait une mauvaise qualification des faits qui sont reprochés aux deux hommes », a indiqué maître Brahim Ould Ebetty.

L’arrêt de la Cour suprême, qui a renvoyé le dossier devant une « cour d’appel autrement constituée », précise que « Les peines qu’ils auraient dû encourir ne devaient pas dépasser un an, or, cette période étant dépassée, les deux hommes doivent être immédiatement libérés ».

Arrêtés en novembre 2014 alors qu’ils menaient une campagne de sensibilisation contre l’esclavage dans le sud du pays, les deux hommes avaient été condamnés le 15 janvier 2015 à deux ans de prison pour « appartenance à une organisation non reconnue » et « rébellion ».

Le 20 août 2015, la cour d’appel de la ville d’Aleg, dans le sud-ouest de la Mauritanie, a confirmé la condamnation à deux ans de prison ferme de Biram Ould Dah Abeid, président de l’ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), son adjoint Brahim Bilal, ainsi que Djiby Sow, un militant pour les droits culturels.

Descendant d’esclaves

« Biram », comme l’appellent ses partisans, est une figure du mouvement anti-esclavagiste en Mauritanie. Lui-même descendant d’esclaves, il s’était présenté à l’élection présidentielle de juin 2014 face au chef de l’Etat sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, largement réélu. Une candidature symbolique, mais qui avait remis sur le devant de la scène la question des discriminations à l’encontre des Haratine, caste d’esclaves et anciens esclaves (environ 40 % de la population), et des Négro-Mauritaniens.

Malgré l’abolition officielle l’esclavage, en 1981, dans ce pays de 3,8 millions d’habitants d’origine arabo-berbère – les Maures – et d’Afrique subsaharienne – les Négro-Africains, le phénomène persiste, selon des ONG, notamment sous la forme de cession gratuite par les descendants d’esclaves d’une partie de leur récolte à leurs maîtres traditionnels.

Biram Ould Dah Ould Abeid dénonce avec véhémence certaines pratiques de l’esclavage qui perdurent.

Depuis que l’esclavage est criminalisé en 2007, la première condamnation pour esclavage dans l’histoire du pays a été prononcée le lundi 16 mai, par la Cour Criminelle Spécialisée en matière de lutte contre l’esclavage à Néma, dans l’Est de la Mauritanie.

Hanana Ould Sidi Mohamed et Khalihina Ould Heymad ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de cinq ans, assortie d’une amende d’un million d’ouguiyas pour avoir asservi Fatimetou Mint Hamdy et Fatimata Mint Zayda.

La Mauritanie a instauré trois Cours Criminelles Spécialisées en matière de lutte contre l’esclavage en vertu de la loi n°2015-031 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes.

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