Lancement de la campagne « Osons le courage » : Amnesty déplore la mort de 271 manifestants (lesoleil)

Amnesty International a lancé hier une nouvelle campagne mondiale « Osons le courage » pour mettre un coup d’arrêt à la vague d’attaques dont sont victimes les hommes et les femmes qui défendent les droits humains. L’Organisation décompte 271 manifestants tués en Afrique de l’Ouest et du Centre depuis 2014.

Dans de nombreux pays, le travail des défenseurs des droits humains est rendu de plus en plus difficile et dangereux par l’adoption de lois et de politiques répressives, a souligné Amnesty International. Dans le même temps, ils sont souvent désignés plus ouvertement comme des « criminels », des « indésirables », des « défenseurs de démons » et accusés d’être « antinationaux », des « agents de l’étranger » ou des « terroristes ». Selon l’organisation de défense des droits humains, dans presque tous les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, des manifestations pacifiques ont été interdites ou les autorités ont eu recours à une force injustifiée ou excessive contre des manifestants. Ainsi, depuis janvier 2014, l’organisation a dénombré 271 manifestants tués, soit un tous les cinq jours, et des milliers de blessés lors de rassemblements organisés dans la région, « sachant que ce chiffre est probablement en deçà de la réalité ». A en croire Amnesty, l’immense majorité de ces homicides et blessures est imputable aux forces de sécurité qui ont utilisé du gaz lacrymogène, des matraques et des munitions réelles pour disperser des manifestants ou des véhicules blindés pour fendre la foule alors qu’il s’agissait de manifestations pacifiques. Et les responsables présumés de cette répression brutale ne sont pratiquement jamais amenés à rendre des comptes.

C’est pourquoi une campagne dénommée « Osons le courage » a été lancée hier pour appeler les États de la région à reconnaître la légitimité des défenseurs des droits humains en respectant leur travail, en leur ménageant l’espace nécessaire à leurs activités et en les protégeant des menaces. « Il faut que les États prennent des mesures concrètes en ce sens, notamment qu’ils adoptent des lois fortement protectrices et qu’ils révisent ou abrogent les textes utilisés pour attaquer les défenseurs des droits humains », a plaidé Amnesty International.
Pour marquer le lancement de cette campagne, un panel sur « Les voix critiques étouffées, défenseurs des droits humains en danger » a été organisée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en partenariat avec l’Institut des droits de l’homme et de la paix. « Jamais la peur et les clivages n’auront été aussi instrumentalisés qu’en ce moment. Partout, nous assistons à l’émergence et au développement des politiques populistes, des discours de haine, de diabolisation de l’autre et de discrimination. Des discours pernicieux et hallucinants du « eux contre nous » qui servent à rejeter sur les boucs émissaires la responsabilité des problèmes politiques, économiques et sociaux dont souffre la société », a soutenu le directeur d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Selon Alioune Tine, dans ce contexte, les personnes qui osent élever la voix pour défendre les droits humains sont de plus en plus pris pour cibles et les espaces de liberté où elles peuvent agir en toute sécurité se réduisent comme « peau de chagrin ». Alioune Tine a salué le courage des trois panélistes que sont Mme Dieynaba Diallo du Sénégal, Hamady Lehbouss du mouvement Ira de la Mauritanie et Kemba Alain du Tchad.

Ndiol Maka SECK

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