Présidentielle en Mauritanie: deux candidats ont déposé un recours (RFI)

Sidi Mohamed Ould Boubacar (G) et Biram dah Abeid (D) lors d’une conférence de presse le 23 juin 2019.
© Sia KAMBOU / AFP
  • Par RFI Publié le 26-06-2019 Modifié le 26-06-2019 à 14:15

Deux candidats ont déposé mardi 25 juin devant le Conseil constitutionnel un recours en annulation de l’élection présidentielle de samedi qui a vu le candidat du pouvoir Mohamed Ould Ghazouani proclamé vainqueur.

Les candidats avaient jusqu’à ce mardi minuit pour déposer d’éventuels recours après l’élection présidentielle de samedi. Dimanche, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré Mohamed Ould Ghazouani, le candidat du pouvoir, vainqueur dès le premier tour.

Biram dah Abeid et Sidi Mohamed Ould Boubacar, arrivés respectivement en deuxième et troisième position, ont introduit mardi un recours en annulation du scrutin devant le Conseil constitutionnel. Le militant anti-esclavagiste et l’ancien Premier ministre demandent, en outre, l’organisation d’une nouvelle élection avec une nouvelle Céni et en présence d’observateurs crédibles à leurs yeux. Lors d’une déclaration faite à sa sortie du Conseil constitutionnel, Biram dah Abeid a annoncé avoir demandé l’annulation des procès-verbaux dans beaucoup de bureaux de vote, notamment à Nouakchott et dans plusieurs autres grandes villes du pays.

Nous venons de faire usage du recours devant le Conseil constitutionnel pour interpeller encore la communauté internationale.

Depuis la proclamation de ces résultats, les quatre candidats de l’opposition contestaient la victoire de l’ancien chef d’état-major de l’armée et ex-ministre de la Défense.

Après les violences, le gouvernement accuse une « main étrangère »

Au moment où ces recours étaient déposés au Conseil constitutionnel, la police a mis sous scellés les permanences de Birham dah Abeid et d’un autre candidat de l’opposition, Kane Hamidou Baba. Ces deux mêmes candidats ont accusé la police d’avoir saccagé leurs permanences en marge d’échauffourées entre militants et forces de l’ordre, dimanche et lundi dans la capitale.

Dans le camp du vainqueur, on explique que la police a agi pour déloger de jeunes agitateurs et qu’en aucun cas elle n’a failli à sa mission de protection des candidats et des citoyens.

Selon les informations dont je dispose, des jeunes, très jeunes, des étrangers, pas des Mauritaniens, ont essayé de profiter de la situation pour semer la zizanie, menacer les citoyens dans leurs biens et leur vie, alors les forces de l’ordre et de sécurité, avec beaucoup de professionnalisme et de vigilance, ont fait face à cette situation. Pour moi, il n’y a pas eu de saccages, il y a eu des jeunes qui se sont réfugiés dans le QG de certains candidats, alors les forces de l’ordre sont entrées pour déloger ces gens-là.

Ahmed ould Abdallah, le ministre de l’Intérieur mauritanien, s’est exprimé mardi soir devant la presse nationale et internationale, mais uniquement en hassanya, la langue locale. Il n’a pas évoqué les accusations de mise à sac du siège de la coalition « Vivre ensemble » de Kane Hamidou Baba lundi soir. Mais il a évoqué les « tentatives de déstabilisation du pays » en accusant une « main étrangère venue des pays voisins » d’avoir organisé les manifestations qui ont causé plusieurs blessés graves. Quant aux arrestations massives qui ont suivi, il a annoncé qu’une centaine d’étrangers avaient été arrêtés et que toute nouvelle manifestation serait réprimée.

Qui est visé par ces accusations ? Le ministre de l’Intérieur n’a cité aucun pays, mais dans la nuit de mardi à mercredi, le ministre des Affaires étrangères mauritanien a convoqué les ambassadeurs du Sénégal, de la Gambie et du Mali.

Ahmed ould Abdallah n’a pas dit un mot de la coupure d’internet qui a commencé dimanche à la mi-journée, qui a d’abord touché l’internet mobile et qui s’est étendue ce mardi à tout le réseau.

Amnesty International « préoccupée » par la situation

L’ONG Amnesty International exprime sa préoccupation par rapport à cette situation post-électorale. Le chercheur François Patuel souligne notamment son inquiétude quant à la coupure d’internet.

Pour nous, c’est une violation claire du droit à la liberté d’expression. Évidemment dans un contexte post-électoral, il est important, notamment alors que l’opposition contexte les résultats de ces élections, que chacun puisse s’exprimer librement, s’organiser librement, et pour cela il faut qu’il y ait un accès libre à internet.

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