Arrestation de Biram Dah Abeid : Les gendarmes répriment la Caravane contre l’esclavage foncier
Ce matin du 11 novembre 2014, aux alentours de 9 heures, la Caravane contre l’Esclavage Foncier organisée par l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), a été l’objet d’une charge d’une rare violence de la part de la brigade de gendarmerie opérant sous les ordres du Wali de Traraza, Isselmou Sidi, connu pour ses prises de position esclavagistes et racistes. La charge des forces de l’ordre, usant et abusant de grenades lacrymogènes et assourdissantes, a eu lieu dans la localité de Chgara, à quelques kilomètres de l’entrée de la ville de Rosso, capitale de la Wilaya. Six dirigeants anti-esclavagistes dont Monsieur Biram Dah ABEID, Prix de l’ONU 2013 pour les Droits l’Homme sont aux arrêts après avoir été molestés par les gendarmes. Outre Dah ABEID, président d’IRA, son vice-président, Brahim Bilal RAMDHANE, le Président de l’ONG Kawtal Djélitaré Djiby Sow et trois autres hauts dirigeants du combat pour la dignité, Khattri RAHEL, Fatis CHEIKHNA et Mouhamed ALLOUCHE, croupissent depuis ce matin dans les cachots de la gendarmerie de Rosso.
La Caravane contre l’Esclavage Foncier s’était lancée le 7 novembre dernier après un sit-in devant la préfecture de Boghé, à 200 kilomètres au sud de Rosso. Elle a sillonné tous les villages de la Vallée avec de nombreuses haltes, meetings, soirées de sensibilisation qui ont vu affluer les habitants des localités traversées et celles qui les entourent. L’objet de la Caravane est la dénonciation de l’exploitation des Hratines et autres marginalisés de la société de la part des propriétaires terriens ou soit disant tels qui les font trimer à longueur de saisons et viennent, après les récoltes, emporter les fruits de leur labeur. Le but de cette manifestation pacifique est d’obliger l’Etat à entamer une véritable réforme foncière accordant la propriété et l’exploitation de la terre à ceux qui la travaillent et qui l’ont toujours travaillée.
Le programme de la Caravane prévoyait que le Président d’IRA, Biram Dah ABEID, rejoigne le cortège à son avant dernière étape, celle de Rosso. Il semble que cette jonction entre le Lauréat du Prix de l’ONU 2013 pour les Droits l’Homme et la Caravane contre l’Esclavage Foncier a été la goutte qui fit déborder le vase et fit sortir le Wali de Rosso de ses gonds. Autrement, comment expliquer qu’il ait laissé la Caravane venir jusqu’aux portes de la capitale régionale ? Comment expliquer que le Wali du Brakna ait « toléré » que la Caravane sillonne « sa wilaya » pendant deux jours sans s’y opposer ?
Devant ce réflexe de répression et de déni systématique de droits, IRA tient à clamer :
1- Sa dénonciation de la violence sans retenue dont ont usé les gendarmes à l’encontre de militants pacifiques qui ne font qu’exercer leur droit constitutionnel à manifester ;
2- Son étonnement du peu d’égards dont fait preuve l’Etat mauritanien vis-à-vis de l’autorité morale que représente le Prix de l’ONU pour les Droits l’Homme ;
3- Son exigence de la libération immédiate et sans conditions de l’ensemble des militants interpelés ; ceux interpelés aujourd’hui et ceux qui croupissent depuis plusieurs jours en prison ;
4- Sa dénonciation de la connivence manifeste de l’Administration mauritanienne avec les esclavagistes féodaux qui n’ont eu de cesse d’exiger que la Caravane contre l’Esclavage Foncier soit stoppée le plus vite et le plus rudement possible ; Ce sont d’ailleurs ces mêmes obscurantistes qui réclamaient, il y a quelques jours, de châtier, y compris physiquement, les leaders de notre organisation et ce du haut du perchoir de la Grande Mosquée de Nouakchott ;
5- Sa volonté, sans retour, de continuer la lutte pacifique pour que la propriété de la terre revienne à ceux qui la cultivent et que les terres spoliées à l’occasion des années de braises soient restituées à leurs propriétaires ;
Nouakchott le 11 Novembre 2014 La Commission de Communication