Vive indignation de la FIDH et l’AMDH après le verdict de Rosso
La FIDH et l’AMDH s’indignent et s’élèvent contre la condamnation à deux ans de prison de Biram Dah Abeid, Brahim Bilal Ramdhane de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira-Mauritanie) et Djibril Sow de Kawtal N’gam Yélitaaré rendue le 15 janvier dernier, par la Cour correctionnelle de Rosso pour avoir participé et organisé une caravane contre l’esclavage foncier. Les deux organisations exigent l’abandon des charges et la libération immédiate des trois militants et la fin de la répression des voix contestataires en Mauritanie.
« Ce verdict montre une fois de plus que la volonté politique de régler les litiges fonciers, l’esclavage et le passif humanitaire est plus que biaisée et dénote d’un manque de courage pour résoudre de manière définitive la question de l’esclavage considérée pourtant comme crime contre l’humanité dans la constitution mauritanienne », a déclaré Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH, ancienne vice-présidente de la FIDH et avocate des militants antiesclavagistes.
Le 24 décembre 2014, le parquet de Rosso avait requis 5 ans de prison ferme contre Biram Dah Abeid et 8 autres militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) pour « appartenance à une organisation non reconnue » et « rassemblement non autorisé ». Le président de l’association Kawtal N’gam Yéllitaaré, Djiby Sow, était lui aussi poursuivi pour « rassemblement non autorisé ». En novembre dernier, ils parcouraient le pays à bord d’une caravane, organisée par l’organisation Kawtaal n’gam Yélitaaré visant à sensibiliser la population à la lutte contre l’esclavagisme lorsque le 11 novembre 2014, ils ont été arrêtés, inculpés et écroués dans la ville de Rosso. Les autorités avaient été dûment informées de la tenue de ces actions selon la législation en vigueur. Le 12 novembre, le siège de l’IRA à Nouakchott était fermé par la police. L’IRA-Mauritanie, qui n’avait jamais reçu d’autorisation officielle en dépit de ses demandes répétées, était sous la menace d’une telle interdiction à tout moment, ce que le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme en Mauritanie dénonce comme « une application arbitraire de la loi ».
« La garantie de jouissance des libertés fondamentales et l’exercice des droits humains en toute quiétude par les défenseurs de droits de l’Homme sont plus que jamais menacés par les pouvoirs publics et les collectivités locales qui jouissent d’une marge d’abus de pouvoir sans précèdent dans ce pays », a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.