FONADH : Déclaration

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FONADH – En 1950, l’Assemblée Générale des Nations Unies a invité tous les Etats et toutes les organisations internationales concernées à célébrer le 10 décembre de chaque année, la Journée Internationale des Droits de l’Homme. Elle marque l’anniversaire de l’adoption en 1948, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Le 10 décembre est devenu au fil des années une date centrale dans la promotion des droits humains.

Le soixante sixième anniversaire de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme est une excellente occasion pour tous les responsables et militants des organisations regroupées au sein du FONADH de s’interroger sur l’état d’avancement de la lutte contre les violations de droits humains, en Mauritanie.

Cet anniversaire est aussi une occasion pour nous, de saluer partout dans le monde, les progrès enregistrés et de flétrir toutes les violations des droits humains, sur tous les continents de notre planète.

En Mauritanie, nous avons une pensée pieuse pour toutes les victimes de graves violations des droits humains, notamment celles, très nombreuses, de l’esclavage et du racisme d’Etat.

En dépit de l’adoption de la loi incriminant l’esclavage, d’une part et de mesures très partielles pour le règlement de ce qu’il est convenu d’appeler le « passif humanitaire », force est de constater que les autorités politiques, administratives, sécuritaires et judiciaires de la Mauritanie continuent de bloquer tout processus visant l’application de ladite loi et la mise en œuvre correcte de solutions idoines au passif humanitaire.

Plusieurs cas d’esclavage avéré ont été démasqués, grâce à l’action vigoureuse des organisations de la société civile, notamment les organisations anti-esclavagistes (SOS Esclaves, IRA) sans qu’aucune suite judiciaire ne suive. Les rapatriés du Sénégal, en dépit d’engagements dans le cadre d’un « Accord tripartite » et de déclarations publiques, souffrent toujours de manque de programme efficace d’insertion et de non indemnisation pour les préjudices subis. Quant aux victimes d’exécutions extra – judiciaires des années 1989 -1992, elles se plaignent des tentatives de « saupoudrage » tendant à clore le dossier, alors que les veuves et orphelins attendent toujours de pouvoir faire le deuil de leurs proches, un quart de siècle après leurs disparitions.

Concernant les indemnisations des victimes militaires et des anciens fonctionnaires et agents de l’Etat, elles ne constituent qu’une goutte d’eau dans la mer. En effet, plusieurs autres victimes (anciens travailleurs du secteur para public, du secteur privé, de l’informel, du secteur rural, de l’artisanat, etc.) attendent toujours un début de solution.

En outre, il existe encore des réfugiés mauritaniens au Sénégal et surtout au Mali, qui attendent des opérations de rapatriement.

D’une façon générale, concernant le passif humanitaire, il convient de créer une commission indépendante, qui sera chargée de se pencher sur l’étude et la mise en œuvre de solutions consensuelles définitives.

En effet, il est indispensable d’entreprendre des investigations poussées sur les douloureux évènements, d’en déterminer les véritables auteurs et d’établir les responsabilités des uns et des autres. Ce devoir de vérité est nécessaire, pour envisager le pardon des victimes. Et, pour commencer, il faut abolir la loi scélérate d’amnistie des criminels.

Il faut noter que depuis que ces dernières années, la situation des droits humains connaît une nette détérioration. Et, celle – ci ne manque pas de provoquer une tension intercommunautaire très préoccupante, encouragée par des menaces du Président de la République lui – même, des déclarations incendiaires dans les médiats contre des militants des droits humains et même des arrestations arbitraires. C’est ainsi que nous dénonçons avec la dernière énergie l’arrestation de M. Birame Ould Dah Ould Abeid et 17 militants de l’IRA depuis plusieurs jours déjà.

Un retour déplorable aux méthodes des régimes d’exception constitue une menace très grave pour la paix et la sécurité des citoyens. On constate en effet des actions qui nous rappellent les « années de braise » (siège de Niabina), traque inconsidérée des ressortissants subsahariens, contrôles intempestifs avec accent de délit de faciès.

Le respect des droits humains est une condition sine qua non pour la construction d’un Etat moderne, où les citoyens vivent égaux et en paix.

Nouakchott, le 10 décembre 2014

Les membres du Forum des Organisations Nationales des Droits Humains (FONADH)

– 1. Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),

– 2. Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),

– 3. Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE

(AMPLCS), – 4. Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),

– 5. Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),

– 6. Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),

– 7. Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),

– 8. Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),

– 9. Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),

– 10. Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),

– 11. Collectif des Veuves,

– 12. Collectif des Rescapés, Amnistiés, Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT)

– 13. SOS – Esclaves,

– 14. Association pour le Développement Intègre de L’Enfant (APDE),

– 15. Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM),

– 16. Association d’Appui au Développement à la Base (SALNDOU).

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