Lettre Ouverte du Collectif d’avocats de Défense
Le Collectif de défense dans l’affaire/285 Trarza 2014/
Lettre ouverte
A Monsieur le Ministre de la Justice
Objet : Détérioration de l’état de santé du détenu Biram Ould Dah
Monsieur le Ministre
Nous, membres du Collectif de défense de Messieurs BiramDahABeid et Brahim Bilal Ramdhane et de leurs coaccusés concernés par la procédure /285 Trarza 2014/, sommes honorés mais tristes de vous informer en urgence de ce qui suit :
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Notre client, BiramDahAbeid, est aujourd’hui « alité » dans une cellule de la prison d’Aleg et ce depuis un mois. Il souffre le martyre, jour et nuit, suite à un mal qui ne cesse d’empirer, dans l’indifférence totale et sans avoir accès à d’autres soins que quelques sédatifs qu’il prend de temps à autre ;
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Le 25 août 2015, notre client fut évacué en urgence vers l’hôpital régional d’Aleg suite à une crise de douleur à la jambe droite. Là, il fut examiné par le Directeur régional de la santé et deux autres médecins accompagnés d’un radiologue. Ils furent tous unanimes pour déclarer que les moyens à leur disposition à Aleg sont insuffisants pour leur permettre de poser valablement un diagnostic. Il leur faudrait, notamment, lui faire passer un scanner. Dans l’attente d’un tel examen, les médecins prescrivirent au malade des calmants qui se sont très vite révélés insuffisants pour atténuer des douleurs qui sont devenues vite insupportables. Malgré cet avis médical clair, le Parquet n’a pas jugé utile de donner suite ;
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Vue la dégradation manifeste de l’état de santé du détenu BiramDahAbeid, se traduisant par la propagation de la douleur dans la jambe gauche puis dans tout le bas du dos et après une nouvelle crise d’une rare intensité, le Parquet général d’Aleg s’est vu obligé de faire venir le Directeur régional de la santé ainsi que le Médecin chef de l’Hôpital d’Aleg le 18 octobre 2015 à minuit pour l’examiner. Cet examen a eu lieu directement dans la cellule du détenu. Les deux médecins et responsables régionaux ont posé le même constat : sans scanner, il est impossible de faire un diagnostic. Ils promettent au détenu de faire un rapport dont ils lui remettraient une copie le lendemain, 19/10/2015. Mais le Parquet s’est opposé à la communication d’un tel rapport au détenu et à sa défense ;
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En dépit des informations graves contenues dans le rapport précédent, le Parquet a demandé, par l’intermédiaire des deux ministères de la Santé et de la Justice, l’arrivée du Professeur Cheyakh et du Docteur Sidi Ould Salem OuldMemou. Les deux médecins ont examiné notre client à même sa cellule et conclurent aux mêmes recommandations que leurs prédécesseurs. Là aussi ils promettent au patient prisonnier de rédiger un rapport qu’ils soumettraient aux deux ministères mais que lui, en tant que malade, a bien le droit de se faire communiquer. Mais, là aussi, ni le malade ni sa défense n’ont pu avoir accès à ces informations qui appartiennent, avant tout, au détenu.
En résumé, notre client souffre d’une maladie grave et son état ne cesse d’empirer et, malgré de nombreux rapports médicaux concordants, le Parquet et la Direction des prisons continuent à le priver de soins élémentaires.
Aussi, Monsieur le Ministre, avons-nous tenu à vous faire parvenir ces informations espérant que vous donniez les instructions à vos services pour que Monsieur BiramDahAbeid puisse, rapidement et avant qu’il ne soit trop tard, bénéficier de soins à la hauteur de la gravité du mal dont il souffre. La Direction des prisons et le Parquet sont responsables de la santé des détenus qu’ils sont chargés de surveiller. Le droit aux soins doit être accessible à tous les détenus indépendamment de leurs opinions ou des motifs de leur détention.
Le Collectif de défenseऀऀऀऀऀऀऀ28 octobre 2014