Esclavage en Mauritanie: Biram Dah Abeid dénonce un silence »coupable et complice’’ de l’Union Africaine (APA Agence de Presse Africaine-Abidjan-Côte d’Ivoire)
‘‘Il y a des dizaines de défenseurs des droits de l’homme qui sont arrêtés, torturés, condamnés lourdement pour le seul crime d’avoir milité contre les pratiques esclavagistes dont souffre 20% de la population mauritanienne’’ a-t-il déploré.
En tournée de sensibilisation africaine pour l’abolition de l’esclavage ascendante et sous toutes ses formes et du racisme en Afrique, particulièrement en Mauritanie Biram Dah Abeid a rencontré la société civile ivoirienne avec qui il a eu des échanges enrichissants.
‘’Les actions que j’ai initiées avec la société civile Ivoirienne visent à sensibiliser l’Afrique sur le fait que l’esclavage n’est pas encore terminé, surtout l’esclavage orientale c’est-à-dire la traite arabo musulmane’’, a-t-il expliqué.
Cette sensibilisation, a poursuivi Biram Dah Abeid, vise également l’opinion publique africaine, la société civile, des décideurs africains sur la pérennité de l’esclavage par ascendance en Mauritanie. A l’en croire, l’esclavage en Mauritanie a un caractère ethnique et racial parce qu’ il vise à réduire les noirs en esclave dans le cadre des relations sociales avec la communauté arabo berbère minoritaire, mais dominante en Mauritanie’’.
‘’En Mauritanie une communauté des esclaves appelée les harratines qui sont le fruit de l’assujetion des tribus arabo berbère, d’une partie de la communauté noire autochtone s’identifient par le nom harratine c’est -à- dire fils d’esclave et descendant d’esclave. Ils représentent plus de 50% de la population mauritanienne, mais 30% de ces 50% c’est-à-dire 20% de la population mauritanienne sont encore des esclaves par ascendance’’, a-t-il encore soutenu.
‘’Les harratines sont des personnes attachées à la famille des maitres. Ils n’ont pas le droit à l’éducation, ils n’ont pas le droit au mariage sauf par l’autorisation du maitre. Les biens à la propriété s’exerce entre eux comme des biens meubles’’ a ajouté Biram Dah Abeid, mettant en exergue une ‘’pratique inhumaine’’.
Pour lui, cette lutte ne peut pas aboutir sauf si elle continue de s’inscrire dans un cadre pacifique non violente et adossée sur le droit international.
‘’Les pratiques sur ces personnes sont des pratiques inhumaines et dégradantes qui sont les viols, la castration. Dans le code d’esclavage toujours en vigueur en Mauritanie, le maître a le droit de vie et de mort sur son esclave et il exerce sur lui tous les droits de propriétés’’ a encore regretté Biram Dah Abeid qui dit bénéficier du soutien des organisations internationales dans la lutte anti-esclavagiste, mais reste toutefois inquiet quand au silence des Etats africains face à cette pratique.
‘’Des organisations internationales des droits de l’homme de part le monde ont pris position des faits en Mauritanie et ont soutenu les mouvements anti-esclavagistes. Il y a des gestes qui restent encore timide mais quand même ce sont des gestes qui viennent des pays occidentaux, des nations unies (…)’’, s’est-il félicité.
Mais, a dénoncé Biram Dah Abeid, ‘’l’absence grave, criante, choquante et sidérante de l’Union africaine et de la Commission de des droits de l’homme et des peuples des différents Etats africains qui ont des rapports avec l’Etat mauritanien’’ et gardent un ‘’silence complice, coupable et ne veulent pas jouer le rôle qu’ils doivent jouer c’est-à-dire combattre l’esclavage’’.
Pour lui ‘’il est temps que les africains prennent leur responsabilité pour dire non à l’esclavage des africains en Mauritanie, non au racisme en Mauritanie car nous sommes dans la décennie qui est nommée par les Etats-unis comme étant la décennie des droits des personnes d’ascendance africaine. Il est paradoxale que le continent noir continue à tolérer dans son flan ouest un apartheid, un état d’esclavage antique en Mauritanie’’.
Malgré l’abolition de l’esclavage en Mauritanie en 1981, le phénomène de l’esclavage ascendant et domestique est encore pratiqué dans ce pays. Biram Dah Abeid figure emblématique de la lutte contre l’esclavage dans son pays a été condamné en appel à 2 ans de prison puis relâché en Mai dernier.