Arrestation de Mariem mint Cheikh – « Une véritable déclaration de guerre ! » (Le Calame)
Arrestation de Mariem mint Cheikh – « Une véritable déclaration de guerre ! » clame l’IRA
Les partisans de Biram Dah Abeïd sont très remontés contre les autorités suite à l’arrestation de la militante Mariem mint Cheikh. Et de monter au créneau pour dénoncer une attitude qui semble inscrire le pouvoir en plein sillage de son prédécesseur. Cette arrestation leur paraît « une véritable déclaration de guerre. […] Mariem a été interpellée à Nouakchott le 13 Avril, en pleine rue, par des agents de la sûreté de l’État », renseigne l’organisation abolitionniste, qualifiant sa militante de « détenue d’opinion ».
« À l’heure actuelle, ses proches ignorent où elle a été emmenée et ce qu’on lui reproche. Mais il ne faut pas être devin pour comprendre que ce sont les dernières publications de Mariem mint Cheik sur son compte Facebook qui ont suscité la réaction du pouvoir », indique IRA. Active sur les réseaux sociaux, Mariem écrivait en effet dans son post daté du 13 Avril à 11h55 : « Quand le pouvoir des Maures sera-t-il jugé pour les crimes d’esclavage et de racisme contre les communautés opprimées et démunies ? À quand un État de Droit où tous seront égaux ? […] Les gens sont fatigués. Celui qui ne tendait pas la main commence à le faire. Qu’Allah fasse que s’abatte sur les maures blancs (Bidhanes) une pandémie pire que le coronavirus ! »
Une phrase de trop ? En tout cas, « les autorités n’ont pas hésité àsaisir cette opportunité pour mettre en application les dispositions de la loi du 18 Janvier 2018 et déclencher ainsi une nouvelle offensive contre l’IRA », déplore le mouvement abolitionniste. Et de fustigerladite loi incriminant la discrimination. « Ce jour-là, l’Assemblée nationale mauritanienne adoptait un texte qui définissait les concepts de discrimination, visant en particulier les discours de racisme ou de haine ou encore simple incitation à l’un ou l’autre,avec des peines pouvant aboutir à cinq ans d’emprisonnement etprivation de tous les droits civiques. […] Dès sa publication, la loi souleva nombre de critiques de la part des organisations de défense des droits humains […] ».
«Quelle sera l’accusation portée contre Mariem mint Cheikh qui dénonce sur son blog, depuis des années, la discrimination réelle à l’égard des Noirs et des Haratines ? Une discrimination reconnue par les instances internationales et les associations des droits de l’Homme mais constamment niée par le pouvoir ? Quel motif inventera l’État pour justifier l’arrestation d’une militante qui n’a fait qu’user de son droit à la liberté d’expression ? », s’interroge un communiqué d’IRA-Belgique. « Cataloguer les opposants d’un régime en criminels équivaut à s’autoproclamer dictature ».
Véritable levée de boucliers
L’arrestation de Mariem a soulevé une véritable levée de boucliers. Partis politiques et associations de droits humains ont exprimé leur indignation et exigent la libération immédiate de la militante. Pour SOS Esclaves, « l’arrestation de la militante Mariem mint Cheikh est intervenue de manière provocatrice et inhumaine, dénuée de tout respect des règlements nationaux et internationaux garantissant à tout détenu ses droits humains, comme l’information aux siens de son lieu de détention, l’assistance d’un avocat et la présentation devant les juges dans les délais légaux, ce qui n’a pas été respectédans le cas de la militante Marieme mint Cheikh qui ressemble plus à une séquestration, sans aucune considération de la situation de son nourrisson ».
SOS Esclaves en appelle à la « nécessité d’appliquer les lois loin de toute politique du deux poids deux mesures et de la dualité des critères injustes » […] ; au « respect des libertés, des droits et [à] l’éloignement des modes opératoires de bandes, préjudiciables à l’honneur de l’autorité civile ». Il faut impérativement « permettre à la militante Mariem mint Cheikh de jouir de tous ses droits et donner immédiatement la permission aux siens de lui rendre visite ».
Pour la Coalition Vivre Ensemble (CVE), « cette arrestation dont les contours restent encore à élucider ressemble à un règlement de comptes et tout porte à croire qu’elle est liée au post de Mariem mint Cheikh sur sa page Facebook le 13 Avril, jour même de son arrestation, alors qu’elle porte un bébé d’un an en âge d’allaiter». Et de citer, insistant également sur les nombreuses réserves qu’elle avait suscitées à l’époque, la très décriée loi du 18 Janvier 2018 dont on peut maintenant constater les aspects pervers. « Soucieuse d’une Mauritanie juste et égalitaire », CVE exhorte au final le pouvoir à « plus de retenue et de clémence » et demande la « libération immédiate de madame Mariem mint Cheikh », tout en exigeant le « respect scrupuleux de toutes les formes de liberté ».
Synthèse K.T
source : http://lecalame.info/?q=node/10190