“manuel à l’usage des apprentis dialoguistes”

“manuel à l’usage des apprentis dialoguistes”

Mode d’emploi : Comment faire venir Biram à un dialogue national sans qu’il ait l’impression d’être invité à un goûter du préfet.

Eywa, soyons honnêtes : convier Biram Dah Abeid à un dialogue républicain comme on envoie un carton d’invitation à un mariage municipal, ça ne fonctionne plus. Ce n’est pas un figurant qu’on appelle à la dernière minute pour faire joli sur la photo. Ce n’est pas non plus un sous-traitant politique qu’on peut “encadrer” avec un badge.

Moussa Fall, s’il veut jouer au médiateur crédible, doit ranger les tampons officiels et sortir la boussole politique.

Première étape ? Oublier les slogans sur “l’écoute de toutes les sensibilités”. Il faut commencer par reconnaître que les précédents dialogues ont servi à meubler l’actualité, pas à changer la République. Une déclaration solennelle, claire, publique, avec un soupçon de vérité et — soyons fous — un engagement écrit. Oui, écrit, pas un post Facebook.

Ensuite, plutôt que de sortir une liste thématique style buffet froid (“justice, cohésion, esclavage, langues, éducation…”), il faudra un protocole. Un vrai. Avec délais, suivis, sanctions. Pas juste une charte en PowerPoint.

Parce que Biram, ce n’est pas quelqu’un qu’on amadoue avec un cocktail républicain et deux caméras. Il veut des résultats, pas des résolutions.

Il faut aussi arrêter de le décrire comme “opposant radical”, “turbulent”, ou “sujet sensible”. Ce n’est pas un problème à gérer, c’est une pièce maîtresse à considérer. Sans lui, ce dialogue risque d’avoir la densité politique d’un séminaire de jeunes cadres de parti.

Moussa Fall devra parler à Biram non pas comme un élève en voie de réinsertion politique, mais comme un bâtisseur. Un acteur-clé de la refondation. Sinon, autant annuler la pièce et renvoyer les figurants.

Et pour achever le chef-d’œuvre tactique : créer autour de Biram une dynamique collective. Pas l’isoler comme “celui qui boude”, mais lui tendre une scène politique où son absence serait un vide. Subtil, mais efficace. Enfin — surtout — ne pas donner l’impression que le dialogue est un décor monté par le pouvoir pour simuler l’ouverture avant de reprendre le script habituel. Il faudra lâcher un peu de contrôle, accepter que d’autres écrivent l’agenda, et — rêve fou — que la parole de Biram soit prise au sérieux, même quand elle dérange.

Bref, transformer le dialogue en co-construction, pas en validation. Sinon, autant convoquer directement les archives nationales… wetov

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