A l’international, les militants d’IRA passent à l’offensive
Le 11 mars 2015, en marge de la 28ième session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, les représentants d’IRA-Europe ont été conviés par la Société des Peuples Menacés et Frontline Defenders (dont Biram est lauréat du prix 2013) à prendre part à une table ronde sur les droits de l’homme. Il y avait là de nombreuses autres délégations venues des quatre coins du monde (Mexique, Etats Unis, Maroc, Angleterre…). A la suite de son exposé sur la situation dramatique des droits de l’homme en Mauritanie, Monsieur Abidine Ould Merzoug, Coordinateur d’IRA en Europe, a proposé à l’assistance de visionner un extrait du documentaire diffusé par la chaîne de télévision franco-allemande, ARTE, sur le cas de l’une des premières opérations de libération d’esclaves organisée par IRA-Mauritanie.
extrait du documentaire diffusé par la chaîne de télévision franco-allemande, ARTE,
Comme vous pouvez le vérifier, le cas de Habi Rabah, mère de famille n’ayant jamais connu autre chose que la servilité chez ses maîtres, est particulièrement bouleversant. Il n’a, pourtant, pas empêché la délégation des officiels de la Mauritanie de soutenir qu’il n’y a plus d’esclavage en Mauritanie et que ce pays est l’exemple de la perfection de l’Etat de droit.
A l’issue de cette 28ième session du Conseil, l’institution onusienne, dont Biram Ould Dah a reçu le Prix 2013 des Droits de l’Homme, a rendu publique une déclaration d’une grande sévérité vis-à-vis de l’Etat mauritanien quant au respect des droits humains. Le Conseil a déploré la non prise en compte de ses dernières recommandations formulées après l’arrestation de Biram et de ses codétenus. Il a rappelé notamment que « Dans le cadre de nos engagements avec le gouvernement, nous avons également encouragé un examen des législations en vigueur sur les droits de rassemblement pacifique et d’association pour garantir leur conformité avec le droit international des droits de l’homme ».
Dans une réponse dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle était embarrassée et maladroite, l’Etat mauritanien, sous la plume de la Commissaire aux Droits de l’Homme et à l’action humanitaire n’a trouvé mieux à faire que d’essayer de semer la confusion en annonçant que les détenus visés par la déclaration du Conseil ont été libérés ! Une petite manipulation qui ne trompe personne.
Nous reproduisons ici le texte de la déclaration du Conseil. que vous pourrez découvrir dans sa version originale :
10 March 2015
Spokesperson for the UN High Commissioner for Human Rights: Rupert Colville
Location: Geneva
Subject: Mauritania: Prosecution of activists
French version below
Mauritania / rights activists
Nous suivons avec attention les procédures judiciaires engagées en Mauritanie contre des membres de deux organisations de la société civile, le groupe antiesclavagiste dénommé Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et l’ONG « Agir pour l’Education et le Travail pour le Progrès », suite à une manifestation organisée le 11 novembre dernier à Rosso, dans le sud-ouest du pays.
Trois hommes de ces deux organisations, y compris l’ancien candidat présidentiel Biram Dah Abeid, purgent actuellement une peine de deux ans de prison pour « rassemblement illégal » et « refus de se soumettre aux ordres des autorités administratives ». Nous sommes profondément préoccupés par la sévérité des peines prononcées contre Dah Abeid et ses collègues. Les trois hommes ont fait appel du verdict, mais restent en détention en attente de leur nouveau procès. Trois autres individus restent en détention à Nouakchott dans l’attente de leur verdict prévu jeudi prochain. Ce deuxième groupe, dont tous les membres appartiennent à l’IRA, sont notamment poursuivis pour appartenance à une organisation non enregistrée. Ce chef d’accusation n’avait pas été retenu lors du procès de M. Biram Dah Abeid, bien qu’il soit Président de l’IRA. La décision prise par le parquet d’accuser ces hommes sur cette base semble donc être injustifiée et arbitraire. Dans un rapport publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en décembre dernier, nous avions exhorté les autorités à mener une enquête indépendante afin de faire la lumière sur les événements du 11 novembre 2014, y compris sur le comportement des forces de sécurité.
Malheureusement, cette enquête n’a pas encore été établie, malgré les préoccupations dont nous avons fait part aux autorités à de multiples reprises quant à de possibles violations de la liberté de rassemblement pacifique et d’association. Nous exhortons le Gouvernement de la Mauritanie à mener immédiatement cette enquête et à libérer toutes les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits de rassemblement pacifique et d’association. Nous demandons à la Mauritanie de garantir que toutes les personnes impliquées dans le processus judiciaire accomplissent leurs tâches dans le respect des normes et des standards internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Dans le cadre de nos engagements avec le gouvernement, nous avons également encouragé un examen des législations en vigueur sur les droits de rassemblement pacifique et d’association pour garantir leur conformité avec le droit international des droits de l’homme.