Affaire Birame : Tuer la bête… par la justice

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RMI Biladi – La justice mauritanienne s’emploie à traiter le dossier de l’IRA, Biram et ses codétenus, dans la célérité. On s’achemine visiblement vers un procès, confie une source judiciaire à Biladi.

Il y a une nouvelle volonté politique qui décale un peu des logiques, jusqu’ici adoptées vis-à-vis des dossiers pendants devant la justice et ayant un versant politique. Arrêté, en 2011, à la suite de l’autodafé, Biram Ould Dah Ould Abeïd allait être relâché sans aucune tenue de procès.

Les choses changent à présent. La décision d’aller vers un procès rapide est prise et partagée en haut niveau. Il s’agit, dit-on, d’aller vers un procès rapide et ‘’juste’’. Juste, mais on mentionne tout de même la nécessité d’une condamnation.

Et on essaie, par ailleurs, de jouer la transparence, pour faire bonne image. On accorde, à juste titre, à Biram et à ses codétenus de jouir de toutes les libertés prévues, en vertu de la loi. Liberté de visites, de recevoir des appels téléphoniques, des conditions de détention acceptable…etc.

Et on joue également sur la sphère politico-diplomatique. Biram est trop et bien connu aux Etats Unis révèle-t-on au niveau de l’ambassade de la première puissance du monde à Nouakchott. L’image esclavagiste du pays est assez bien répandue dans bien des pays occidentaux.

Des personnalités harratines de la majorité présidentielle sont mises sur orbite diplomatique, par l’autorité publique, pour dire le contraire. Et, pourquoi pas, louer les avancées faites par le pouvoir pour l’éradication de ce qu’– officiellement- on n’appelle que sous le vocable de ‘’séquelles de l’esclavage’’. Les harratines du pouvoir font aussi du porte-à-porte dans les zones de grandes concentrations de cette frange pour répandre la mauvaise image de Biram.

Sur un autre plan, le comité interministériel chargé de la mise en œuvre de la feuille de route pour l’éradication des formes contemporaines de l’esclavage s’attèle à accélérer son plan d’action. Les recommandations et actions à réaliser de cette feuille de route s’étalent sur quinze mois, de septembre 2014 à décembre 2015.

Parmi les recommandations mentionnées, en tête, sur la feuille de route, on envisage de : ‘’Définir l’esclavage en référence à la convention de 1956 ; Prévoir toutes les formes contemporaines d’esclavages (héréditaire, servitude pour dettes, travail forcé, mariage précoce, etc.) ; Interdire toutes les formes de discrimination ; Consacrer les réparations civiles des victimes des pratiques esclavagistes ; Insérer des dispositions de réinsertion des victimes ; Prévoir l’assistance aux victimes de l’esclavage.

“Des mesures sont également inscrites au titre d’actions à réaliser, dans le cadre de cette feuille de route, dont certaines touchent l’aspect juridico-législatif, comme ‘’la mise en place d’une commission de révision de la loi de 2007’’. D’autres portent sur ‘’la propriété foncière et domaniale’’.

Un thème mobilisateur, nécessairement

Rappelons que la dernière manifestation qui a conduit Biram à la prison porte justement sur l’application d’une justice foncière. Une nouvelle thématique après celle relative à l’aspect religieux de la question de l’esclavage en Mauritanie.

Qui a été déclenchée, on s’en souvient, par la mise en accusation publique, solennelle, de la littérature malékite, – à travers l’autodafé des ouvrages du rite malékite- qui, selon Biram, nourrissent et légitiment la pratique de l’esclavage en Mauritanie.

Certains milieux s’attendaient à une escalade de la part des militants de l’IRA. Biram et ses collègues sont toujours en détention et les activistes de l’IRA ne semblent être enthousiasmés par une surenchère. Une non-réaction bien accueillie au sein des milieux sécuritaires qui militent pour une gestion radicale de la question.

On s’attendait à des pressions internationales tous azimuts. En dehors d’appels de mise en liberté faites par certaines ong internationales, au cours des premiers jours de la détention de Biram, il n’y a pas vraiment de voix significatives qui rappellent cette revendication.

Toutefois, il convient de rappeler que la justice sous le règne de Mohamed Ould Abdel Aziz n’a jamais tranché une question pendante, s’inscrivant dans le registre socio-politique. Jamais un procès à relents politiques n’a eu lieu depuis 2008. Ira-t-elle jusqu’au bout, aujourd’hui avec Biram et ses amis ? Les jours à venir le diront.

AVT

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