Nous jugeons que rester sans réagir face à des décisions injustes et disproportionnées, c’est en quelque sorte « accepter de mourir à petit feu » (Première partie)

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Haimeda Ould Magha – Les autorités qui nous gouvernent doivent de temps en temps s’accorder un moment de répit pour discerner le vrai du faux, replacer tout problème dans son contexte réel, et savoir qu’en ces temps qui courent, et où le monde bouge à une vitesse vertigineuse, il leur est demandé de faire preuve d’une grande vigilance.

Jusqu’à une date récente, la liberté d’expression était tolérée et chacun pouvait librement s’exprimer, «à la manière voulue, et avec le style d’expression qu’il voulait ». Certes, toute chose a des limites, mais faut-il que celles-ci soient préalablement bien définies.

Toutefois, une bonne compréhension de notre environnement, une large culture générale, peut-être même de bonnes bases mathématiques alliées à du bon sens, à la connaissance de ses propres limites et au désir de les éloigner, ainsi que le goût véritable de la recherche d’une unité nationale entre autres, seront pour nos gouvernants plus utiles qu’un improbable « don » dispensé plus ou moins miraculeusement.

Certes, nous sommes toujours dans une ère où il y a toujours des gens plus intelligents ou plus instructifs que d’autres, donc plus constructifs. Ce sont ceux-là qui peuvent comprendre et définir cette notion de limites.

Par contre, je me permettrai de donner une définition simple d’un technocrate que je suis, susceptible d’être comprise et éventuellement acceptée,pour dire que les limites définissent les contours extrêmes d’une tolérance, et constituent donc cette marge ou cette plage dans laquelle tout individu peut évoluer aisément sans toutefois être inquiété.

Si cette définition est bien comprise, on peut alors facilement convenir que cette plage ait été préalablement définie depuis cette dernière élection présidentielle de juin 2014, où l’histoire pouvait nous édifier sur les limites permises compte tenue des discours véhiculés tout au long de cette campagne, voire même depuis l’accession à la magistrature suprême de l’actuel président de la république.

Certes, il y a eu des discours dont certains étaient d’un style nouveau, que certains jugeaient de par leur interprétation d’extrémistes, d’hostiles à la cohésion sociale et à l’unité nationale,mais qui ont été par le passé tolérés par les pouvoirs publics.Chacun avait donc sa manière de mener son combat et agissait parfois de façon impromptue.

Bien sûr, nous savons que la manière de mener un combat et celle d’inculquer à quelqu’un une idée diffèrent d’un individu à un autre et requièrent toute une pédagogie, et c’est ce sur quoi nous pouvons aussi diverger.

Pourtant, nous savons que depuis cette élection présidentielle de juin 2014 jusqu’à présent rien n’a changé, et on peut se demander alors pourquoi n’avait-on pas considéré que ces genres de discours qui pouvaient provoquer parfois l’ire et la haine entre certains ne puissent-ils pas constituer des troubles à l’ordre public et à l’incitation à la violence.

Tout ceci est pour simplement dire que quand des responsables prennent des décisions qui nous paraissent injustes ou du domaine de la « science occulte », des décisions qui pourraient être graves et lourdes de conséquences pour le peuple mauritanien, nous devons être en mesure de dénoncer ces responsables.

Nous jugeons que l’instinct et l’intuition doivent être chez nos gouvernants actuels, des éléments fondamentaux qui demandent à être constamment cultivés et entraînés. Ceux-ci émergent des relations non évidentes que l’on est capable d’établir entre certaines choses et ils résultent essentiellement d’une « façon » de regarder les choses et d’en extraire tout ce qu’on peut.

Ensuite, ces gouvernants doivent savoir classer ces informations dans leur mémoire de façon qu’en réponse à un stimulus sensoriel, ces informations puissent se présenter naturellement, au bon moment, à leur esprit, car nous devons bien reconnaître qu’aucune école aujourd’hui aussi grande soit-elle, n’entraîne ses étudiants sur la voie d’une synthèse précise.

Certes, il y a ceux qui ne veulent pas mentir parce qu’ils savent que le mensonge est interdit, mais aussi qui ne disent pas cette vérité, ou ne veulent pas dire celle-ci pour éclairer l’opinion publique. Ce manque de loyauté vis-à-vis de soi-même d’une part, et vis-à-vis de ceux à la recherche de la bonne information d’autre part, est souvent la source de notre division.

On véhicule parfois même une fausse information qui conduit le peuple à demeurer divisé pour ne jamais s’entendre sur ce qui doit constituer l’essentiel afin que ce peuple puisse parler d’une seule voix face à n’importe quelle situation.

A titre d’exemple, nous pouvons soulever ce qui s’est passé un vendredi 24/10/2014 lors d’un prêche de l’imam de la grande mosquée de Nouakchott entre celui-ci et quelques militants du mouvement anti-esclavagiste IRA et sur lequel nous n’avons nullement été édifiés. Un incident qui est demeuré flou à nos yeux, même si certains se sont évertués à accorder du crédit à une déclaration non convaincante des pouvoirs publics.

Pourtant, si ce n’est par manque d’une vision claire de la part de nos gouvernants, et même tenant compte de n’importe quel statut auquel toute personne peut prétendre, nous disons que la tolérance ne doit pas être un privilège que l’on accorde à certains et dont on prive d’autres, car dans un Etat de droit nul n’est au-dessus de la loi.

Entre autres agissements à préciser, cette répression aveugle orchestrée à l’endroit de certains militants, défenseurs des droits de l’homme, par des gendarmes déchainés dont certains étaient considérés, à première vue par des témoins oculaires, pour des mercenaires venus uniquement dans le but de mater ces caravaniers.

S’en est suivie par la suite les arrestations abusives du président de l’initiative anti-esclavagiste IRA, Biram Dah Abeid, et de certains de ses compagnons par les autorités,sans que celles-ci n’aient de preuve valable de leur culpabilité.

Il y a lieu de préciser ici et à visage découvert que ces évènements « douloureux » qui viennent de se passer à l’entrée Est de Rosso, et qui constituent des injustices commises à l’endroit de ces défenseurs des droits de l’homme, qui n’ont d’ailleurs pour tort que d’avoir entrepris une campagne contre l’esclavage foncier, ne peuvent laisser en nous, citoyens avisés, que des cicatrices largement ouvertes.

Un traitement inhumain du genre consistant d’abord à maintenir en détention arbitraire ces défenseurs des droits de l’homme ne peut passer inaperçu aux yeux de ceux qui connaissent bien ce qui s’est passé et qui n’est qu’une série d’instrumentalisations de l’Etat afin que les autorités parviennent à l’atteinte de l’objectif fixé par celles-ci.

Mais, peut être que tout ceci n’était qu’une action programmée dans le temps par les pouvoirs publics, dans le but d’une part de légitimer cette élection boycottée par toute une opposition démocratique, et par la suite viser à neutraliser pour ne pas dire éliminer cette icône devenue célèbre même au-delà de nos frontières. Tout de même, je voudrai ici préciser qu’on veuille bien accepter de ma part ce terme icône comme étant un qualificatif au mouvement anti-esclavagiste IRA.

Dans un pays où les libertés d’expression étaient jusqu’ici tolérées, je me demande ce qu’il y a de grave dans le fait de vouloir dénoncer ce que certains qualifient à leur manière de situation alarmante, à savoir le problème de « l’esclavage foncier » que nous connaissons et qui peut être compris et interprété sous différentes formes.

Bien sûr, nous savons que « les malheureux n’ont point de parents », toutefois nous nous demandons par où sont-ils passés ces citoyens soucieux de bâtir une Mauritanie plurielle pour manifester leur mécontentement et laisser éclater leur colère face à ces décisions qui relèvent de l’incompétence d’une administration ou d’un système entièrement en déroute et dont la mission première doit être de donner confiance au peuple.

En fait, je n’arrive toujours pas à comprendre ce qui peut différencier un mauritanien d’un autre, quel que soit le statut qu’il puisse occuper dans la société, pour que l’un d’eux puisse être soumis à une « exclusion » qu’il n’a pourtant pas méritée. D’ailleurs, je trouve même que pour une question d’objectivité, nul d’entre nous ne doit se sentir heureux, ni en sécurité là où les autres communautés ne sont pas toutes représentées.

Pour notre part, Nous jugeons que rester sans réagir face à des décisions injustes et disproportionnées, c’est en quelque sorte « accepter de mourir à petit feu ». D’autre part, nous pensons que rendre service à cette nation, c’est posséder certaines compétences dans un domaine d’exploration et être en mesure d’apporter des jugements objectifs dans le raisonnement qui poussent impérativement à lever le voile des mensonges,en osant dire cette vérité qui parfois brûle les lèvres.

Haimeda Ould Magha

Notable de la ville de Rosso

Tel : 46309795/47511073

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