Loupe du « Rénovateur » : Un procès dans un procès !

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Le Rénovateur Quotidien – Biram et ses codétenus à la barre à Rosso. L’événement le plus marquant de fin d’année ? Accusés d’appartenance à « une organisation non reconnue, incitation à l’attroupement; résistance à l’autorité publique, refus d’obtempérer aux forces de l’ordre ». Des chefs d’accusations portés contre le leader de l’organisation anti-esclavagiste IRA et ses camarades arrêtés le 11 novembre lors d’une caravane pacifique sur l’esclavage foncier. Deux journées d’audience électriques déjà, qui donnent aux prévenus l’occasion de se défendre et surtout de mettre à nu les manipulations et autres mascarades de la machine politico-sécuritaire. Un procès aux allures d’un véritable réquisitoire politique qui vise principalement le Président du mouvement abolitionniste dont les moindres déclarations agitent les ouailles du régime. Si plus d’un observateur suit de près le déroulement de ce procès, c’est moins par sa dimension judiciaire que par les motifs on ne peut plus « ordinaires » qui ont fini par donner matière à convocation d’un groupe de militants des droits de l’homme devant le tribunal régional de la capitale du Trarza. Belle parade pour détourner les mauritaniens des vrais problèmes que traverse le pays. Superbe manœuvre pour mettre le pays à l’abri des « fauteurs de troubles » et de laisser les véritables criminels dignes de procès à La Haye se promener en toute impunité ! Dans les faits, ce procès pouvait plus embarrasser les accusés s’ils avaient au moins perpétré des actions de violence ou provoqué d’éventuels préjudices. Il n’en est rien de tout ça pour des caravaniers qui n’avaient que leurs pieds pour marcher et un discours pacifique pour dénoncer l’accaparement des terres par des maitres du foncier dans la vallée. Quand la force publique se confond à la volonté d’un homme capable d’actionner sur le bouton pour ordonner l’arrestation d’un citoyen qui dérange, la suite est évidemment connue. Et c’est là où l’arme de la répression devient encore plus redoutable. Livré dans un monde Kafkaïen où en réalité l’accusé est jugé par une cour invisible qui agit dans l’ombre, la victime se trouve partout cloisonnée derrière des murs de sons inaudibles. Le jugement de Biram Ould Dah n’est rien d’autre qu’un soit transmis en justice par procuration dont la suite du procès ne fera que confirmer les instructions venant du haut bureau. Finalement , que lui et ses camarades soient condamnés n’est pas l’aboutissement qui va le plus déterminer ce procès. Ce sera surtout l’incohérence d’un système politico-judiciaire incapable d’agir quand il faut au moment qu’il fallait, un pouvoir qui perd les pédales pour se fourvoyer dans ses propres procès. A quoi sert aujourd’hui de porter des accusations contre des individus qui n’ont fait que dénoncer ce qui n’est plus un secret pour personne. Ce n’est pas Biram qu’on juge à travers ce procès. Mais l’impuissance d’un pouvoir à traiter les questions de fonds qui minent l’unité nationale. Est-il plus facile d’arrêter des militants des droits de l’homme que d’instaurer une justice sociale, de consolider l’unité nationale par le respect des différences culturelles et l’égalité entre tous les mauritaniens ? Au deuxième jour du procès renvoyé à lundi, c’est encore une fois de plus cette Mauritanie où les langues nationales sont considérées comme des trucs ne faisant pas partie du patrimoine culturel de ce pays qui défile dans les murs d’un tribunal où tenez –vous bien, ce sont les cancrelats qui répondent devant le tribunal des poules …Et parce que Djibi Sow ne comprend pas l’arabe, le procès est reporté faute de traducteur. Un fait marquant de cet autre procès auquel la justice doit répondre elle aussi . Ceci confirme cela !

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