Mauritanie. Il faut que la condamnation à mort d’un blogueur pour apostasie soit annulée (Amnesty International)
AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
Sous embargo jusqu’au 7 novembre 2017 à 00h01 TU
Mauritanie. Il faut que la condamnation à mort d’un blogueur pour apostasie soit annulée
Il faut que les autorités mauritaniennes libèrent immédiatement et sans condition le défenseur des droits humains Mohamed Mkhaïtir, condamné à mort pour avoir critiqué le fait que l’islam serve à justifier des pratiques discriminatoires à l’égard de minorités ethniques, a déclaré Amnesty International à la veille du procès en appel.
Mohamed Mkhaïtir, condamné à mort en décembre 2014 pour une publication « blasphématrice » sur Facebook, comparaîtra pour la deuxième fois devant la cour d’appel de Nouadhibou, dans le nord-ouest de la Mauritanie, ce mercredi 8 novembre.
« Cette affaire est absurde et constitue un véritable revers pour la liberté d’expression, dans un pays qui n’a pas infligé de châtiment pour apostasie en plus de 50 années d’indépendance, a déclaré Kiné-Fatim Diop, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
« Mohamed Mkhaïtir est un prisonnier d’opinion, détenu depuis trois ans pour le simple fait d’avoir exercé son droit à la liberté d’expression et de s’être opposé à la discrimination. Sa scandaleuse condamnation à mort doit être annulée et il doit être remis immédiatement en liberté, sans condition. »
En décembre 2013, Mohamed Mkhaïtir a diffusé sur Facebook un billet intitulé La religion, la religiosité et les forgerons, dans lequel il condamnait le recours à la religion pour justifier des pratiques discriminatoires à l’égard de la caste des forgerons, à laquelle il s’identifie. À la suite de cette publication, il a reçu des appels téléphoniques de menace l’accusant de blasphème. Le billet a été repris par plusieurs sites Internet avant d’être supprimé.
Mohamed Mkhaïtir a rédigé un deuxième texte expliquant que son article visait à dénoncer les personnes qui invoquent la religion pour rabaisser des membres de castes inférieures. Des milliers de manifestants ont investi les rues de plusieurs villes, notamment Nouadhibou et Nouakchott, la capitale, pour demander la condamnation à mort de Mohamed Mkhaïtir.
Le blogueur a été arrêté le 5 janvier 2014 et inculpé d’apostasie. Au cours des six premiers mois de sa détention, il a été maintenu à l’isolement dans une cellule dépourvue de toilettes et de douche.
À son procès, il s’est repenti en public, déclarant qu’il n’avait pas eu l’intention de parler avec légèreté du prophète Mahomet dans ses écrits. Il a été déclaré coupable et condamné à mort le 25 décembre 2014. En avril 2016, la cour d’appel de Nouadhibou a confirmé la peine et renvoyé l’affaire devant la Cour suprême afin que celle-ci évalue la véracité de la repentance. La Cour suprême a annulé la décision et renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Nouadhibou.
« Cette condamnation à mort va totalement à l’encontre des obligations de la Mauritanie aux termes du droit international relatif aux droits humains, en particulier de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, à laquelle elle est partie, a déclaré Kiné-Fatim Diop.
« Il faut que les autorités libèrent Mohamed Mkhaïtir sans délai et mettent fin aux poursuites grotesques dont il fait l’objet, qui sont néfastes à sa santé et à sa vie. »
Pour plus d’informations, veuillez prendre contact avec le Service de presse d’Amnesty International à Dakar (Sénégal) : +221 77 658 62 27 ou +221 33 869 82 31 ; courriel : sadibou.marong@amnesty.org
Twitter : @AmnestyWaro
Kiné-Fatim DIOP I West Africa Campaigner for francophone countries I Amnesty International,Regional Office for West and Central Africa IAddress: 3rd Floor | Immeuble Seydi Jamil | Ave Cheikh Anta Diop x Rue Leo Frobenius | Fann Résidence | Dakar Senegal Tel: +221 77 679 93 74 I Skype ID: kifadi
Mauritania: Facebook blogger’s death sentence for apostasy must be quashed
Mauritania must immediately and unconditionally release human rights defender Mohamed Mkhaïtir, who has been sentenced to death for criticizing the use of Islam to justify discriminatory practices against minority ethnic groups in the country, Amnesty International said ahead of his appeal trial.
The case of Mohamed Mkhaïtir, who was sentenced to death in December 2014 for a “blasphemous” post he made on Facebook, will be heard for a second time by an appeal court in the north-western town of Nouadhibou tomorrow.
This case is absurd and represents a real setback for freedom of expression in a country that has not imposed punishment for apostasy in more than 50 years of independence
“This case is absurd and represents a real setback for freedom of expression in a country that has not imposed punishment for apostasy in more than 50 years of independence,” said Kiné-Fatim Diop, Amnesty International’s West Africa Campaigner.
“Mohamed Mkhaïtir is a prisoner of conscience who has been in detention for three years solely for exercising his right to freedom of expression and standing-up against discrimination. His scandalous death sentence must be quashed and he should be immediately and unconditionally released.”
In December 2013, Mohamed Mkhaïtir published a Facebook blog, entitled “Religion, Religiosity and Blacksmiths”, condemning the use of religion to justify discriminatory practices against members of the blacksmith cast, with which he identifies. Following the publication of his post, he received threatening phone calls accusing him of blasphemy. The post was also republished by several websites before it was removed.
He wrote a second blog explaining that his article aimed at denouncing those who use religion to belittle members of lower casts. Thousands of protestors took to the streets in several towns, including Nouadhibou and the capital Nouakchott, demanding that Mohamed Mkhaïtir be sentenced to death.
He was arrested on 5 January 2014 and charged with apostasy. During the first six months of his detention, he was held in solitary confinement in a cell without toilets or a shower.
During the trial hearing, Mohamed Mkhaïtir publicly repented, saying it was not his intention to speak lightly of the Prophet Mohammed in his writings. He was convicted and sentenced to death on 25 December 2014. In April 2016, the Nouadhibou Court of Appeal upheld his death sentence and referred his case to the Supreme Court in order to consider the veracity of his repentance. However the same Supreme Court quashed the decision and referred Mohamed Mkhaïtir’s case back to the Appeal Court of Nouadhibou.
“This death sentence has been imposed in blatant contradiction to Mauritania’s obligations under international human rights law particularly the African Charter on Human and Peoples’ Rights, to which it is state party,” said Kiné-Fatim Diop.
“Authorities should release Mohamed Mkhaïtir now and put an end to the farcical legal proceedings against him, which have been detrimental to his health and life.”