Esclavage et récupération politique (suite)
Le Rénovateur Quotidien – Dans nos éditions passées nous avons fait quelques survols diachroniques on ne peut plus généraux sur l’action politique de l’élite haratine en cernant certains aspects saillants se rapportant à la bataille historique pour l’émancipation de la grande masse des damnés noirs en Mauritanie.
Les premières générations appartenant à cette frange d’asservis ont mesuré l’ampleur du phénomène surtout la complexité d’un système qui trouvait normal une telle pratique, fruit d’un «héritage légal» et « socialement légitime ».
Dans ce contexte où les rapports de forces politiques et économiques entre maitres et esclaves, étaient disproportionnés, le combat avait encore de beaux jours devant lui. Surtout il ne concernait qu’une petite élite de cadres qui se cherchait encore.
Les dispositions juridiques qui allaient plus tard reconnaitre les droits sociaux et moraux à ces « abrutis » de la violence féodale et de la « chosification » entretenus par des théories à la Gobineau et nourries par les certitudes sacralisées par les grands exégètes et autres apologues du larbinisme apporteront si infime soit-elles quelques goutes d’eau au moulin des anti-esclavagistes.
Le travail aurait mieux donné des résultats importants si les premières générations de cette lutte de libération concentraient leurs efforts sur la réflexion intellectuelle et la production d’une pensée philosophique méthodiquement formalisée qui pourraient orienter les offensives politiques et idéologiques menées contre le phénomène. Manque de têtes pensantes, tentations de promotions politiques et comme nous l’avions souligné précédemment, ont réduit les mouvements en cercles d’amis à la quête de placements.
Pourtant, des figures dynamiques avaient émergé et dont la conviction s’était bien affirmée au fil de certains événements politiques marquants, mais qui ont fini par rendre les armes au profit de quelques menus fretins. Qu’en est-il de la nouvelle génération d’intellectuels objet de cette dernière partie de ce panorama, qui font trembler tout un pays ?
Nous ne pouvons que citer celui qui incarne aujourd’hui les idées révolutionnaires de ce combat. Peu importe comment est –il venu , ce qu’il faisait comme semble s’en délecter le Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui, en grande partie a favorisé sans le savoir l’ascension spectaculaire du jeune militant des droits de l’homme.
Biram, ce caillou dans la chaussure du Président et du système politique qu’il gouverne a beau avoir des ennemis, trainer des défauts, des maladresses, il est devenu ce mythe géant difficile à abattre par les embastillements et les campagnes de diabolisation. Plus le pouvoir s’acharne contre lui, mieux il le renforce et le sanctifie.
Il est vrai qu’en Mauritanie les convictions les plus chères se monnayent contre des dividendes, mais entre l’homme qui dirige le pays et la détermination du leader anti-esclavagiste le destin semble bien scellé en bien ou en mal pour le règlement de ce dossier des droits humains en Mauritanie. Nous verrons si au sortir de ce procès prévu ce mercredi 24 décembre les rapports de forces profiteront à l’homme au pouvoir ou à l’homme fort de la lutte anti-esclavagiste…
Cheikh Tidiane Dia