Procès Biram et ses compagnons : Dénonçant un procès politique, la défense réclame la libération des prévenus

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Le Calame – Ce mardi 30 décembre, le procès Biram Dah Abeïd et de ses compagnons est entré dans sa quatrième journée. Huit conseils des prévenus sont montés à la barre. Dans le sillage des plaidoiries du lundi, il a été demandé la libération pure et simple des dix prévenus.

A l’image des précédentes audiences, l’accusation et la défense étaient à couteaux tirées poussant le président de la Cour à rappeler le plus souvent le substitut du procureur frileux sur certaines interventions des avocats notamment le mariage à la marocaine de la fille du président de la République, les années de plomb, les questions d’esclavage, de la traite de personnes et certains cas de jurisprudence.

Sortant de ses gonds, le substitut du procureur, Moulay Ely Ould Moulay Ely ne cessait de qualifier « d’hors sujet » certains passages des avocats de la défense. Ce qui suscitera l’ire de certains conseils des prévenus qualifiant d’intempestives des remarques peu pertinentes destinées à perturber les plaidoiries.

D’un seul bloc, les conseils des prévenus sont d’avis que ce procès revêt une connotation politique. «Les harratines sont dans la visée du pouvoir actuel. C’est leur tour d’essuyer le bâton du régime après les négro-mauritaniens », ont-ils martelé. Me Mohamed Ould Eleya estime que la condamnation de Biram ou de Brahim Ould Bilal Ramdane ne va pas arranger une situation déjà chaotique et arrêter la marche de l’histoire.

« D’autres Biram et Brahim surgiront et reprendront le combat mené par leurs prédécesseurs », prédit-il. Certains intervenants espèrent que la Cour ne sera pas aux ordres d’un exécutif qui a déjà condamné les prévenus. Ils souhaitent aussi que Biram et ses compagnons ne soient pas une carte ou une monnaie d’échange aux mains du pouvoir dans le bras de fer engagé avec l’Union Européenne dans le cadre du renouvellement des Accords de pêche.

Me Fatimata M’Baye a soulevé, quant à elle, dans sa plaidoirie « la nullité des procès verbaux » et remis en cause, dans la lignée de ces prédécesseurs, l’accusation qui, indique-t-elle, n’est pas fondée et ne recèle aucune preuve. Elle exprimera son étonnement de constater que de toute la Mauritanie, seules les autorités du Trarza semblent se comporter dans un Etat dans l’Etat. « C’est étrange que cette partie de la Mauritanie soit gérée autrement », déplore-t-elle.

Me M’baye fera part à la cour de la plainte introduite en 2000 par l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme contre l’Etat mauritanien auprès de la Commission Africaine des droits de l’Homme pour violation des droits de l’Homme. Une plainte actuelle d’autant qu’elle recelait des points essentiels relatives entre autres à l’éradication de l’esclavage, à l’indemnisation et à l’intégration des victimes de l’esclavage.

Annuellement, la Commission s’informait de l’état d’application des recommandations émises. La surprise fut grande d’enregistrer la demande formulée par le gouvernement mauritanien auprès de l’instance africaine en vue de «clôturer le dossier » alors que l’esclavage foncier et le métayage se posent avec acuité à travers le pays, fait remarquer Me M’Baye.

La création d’institutions de lutte contre l’esclavage et la mise sur pied de projets de lutte contre ce phénomène ne sont que de leurres aux yeux de Me M’Baye. « Nous demandons au parquet général pourquoi les lois en la matière ne sont pas appliquées», s’interroge-t-elle.

Suite à l’intervention de Me M’Baye, le président de la Cour décidera, une nouvelle fois, de reporter l’audience à mercredi. Dix avocats des prévenus devront plaider. Une nouvelle journée marathon sera ainsi au programme.

De la salle d’audience résonnaient les voix des militants abolitionnistes massés devant le palais de justice. Réclamant la libération de Biram et ses compagnons, la foule scandait « Liberté », « justice » et appelait « à l’éradication de l’esclavage ».

Rappelons enfin la présence à ce procès de l’avocate américaine de Biram. Me Alice Brillard qui a assisté aux audiences du lundi et mardi ne pouvait pas défendre son client en raison de l’inexistence de convention judiciaire entre les Etats-Unis et la Mauritanie.

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