Répression des anti­-esclavagistes (lalibre.be)

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« Répression des anti­-esclavagistes (lalibre.be)

Mauritanie

Le principal imam aurait appelé à l’élimination d’un dirigeant politique noir.
Le Mauritanien Biram Dah Abeid, 49 ans, a reçu en 2013 le prix de l’Onu pour les droits de l’homme – comme Nelson Mandela avant lui. Ce prix couronnait son tra­vail pour les droits des Noirs de Mau­ritanie, esclaves – oui, il y a toujours des esclaves!–ou hommes libres trai­tés en citoyens de seconde catégorie par la minorité ethnique arabo­-ber­bère, qui constitue l’écrasante majo­rité de l’élite du pays.
Descendant d’esclaves et candidat indépendant à la présidence cette an­née (2014), Biram Dah Abeid est de nouveau à la “Une” de l’actualité mauritanienne avec son organisation Ini­tiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).
Prêche
Le 23 octobre, M. Abeid avait donné une conférence de presse à Nouakchott, la capitale du pays, pour diffuser une dé­claration des élus et ONG de Chicago (Etats­Unis) appelant la communauté inter­nationale à mettre fin à l’impunité de l’escla­vage en Mauritanie.
Le lendemain, le mufti (autorité reli­gieuse) de la Grande mosquée de Nouak­chott, Ahmedou Habi­bou Rahmane – qui serait, selon l’IRA, le propriétaire de “dizai­nes de familles esclaves”– lors de la prière du vendredi, s’en est pris à l’IRA et à son président, qualifiés d’ “impies”, d’ “apostats”, d’être “à la solde du sio­nisme”, réclamant la répression du mouvement abolitionniste et encou­rageant la mise à mort de ses mem­bres, selon M. Abeid.
Parmi les ouailles se tenait un mili­tant de l’IRA, Brahim Ould Jiddou – lui­ même imam–qui se dressa et cria au mufti, raconte Biram Dah Abeid:
“Tu mens, c’est toi l’impie, c’est toi l’es­clavagiste, le criminel!”. Le mufti or­donne alors à ses proches disciples – “tous arabo-­berbères”, indique M. Abeid– de châtier son contradic­teur.
Mais les Haratines (descendants d’esclaves, noirs) de l’assemblée s’interposent et une bagarre générale éclate. La police y mit fin en évacuant la Grande mosquée mais, le soir­ même, trois membres de l’IRA furent arrêtés par la direction de la Sûreté de l’État, dont Brahim Ould Jiddou, le contradicteur du mufti. Selon M.Abeid, ils ont subi des interrogatoi­res sur les liens entre l’IRA et la classe politique et ONG noires américaines.
Il est “licite” de castrer son esclave
Un “sit­in” pacifique de l’IRA devant le commissariat où étaient incarcérés ses membres fut dispersé le 25 à coups de bâtons et bombes lacrymo­gènes et deux autres abolitionnistes arrêtés.Tous sont inculpés:
“perturba­tion de la prière”, “incitation à la haine” et “à la rébellion”.
Le 30 octobre, le ministre des Affai­res islamiques, Ahmed Ehel Daoud, accordait son soutien au mufti de la Grande mosquée. Ce ministre est lui­même, selon l’IRA, un défenseur de la version maurita­nienne de la charia,se­lon laquelle l’escla­vage fait partie de l’is­lam. Cette version“est tou­jours enseignée dans les écoles coraniques, dans les écoles de magistrats, d’administrateurs et d’officiers de police judi­ciaire”, auxquels elle explique “les façons“ li­cites” d’abuser de son esclave, de la vendre, de la châtier, d’en partager les enfants” ou “de castrer ”un esclave homme“ pour prévenir tout con­tact sexuel avec les fem­mes bien nées”, dit M.Abeid.
Le mufti de la Grande mosquée a indiqué lors de son prêche du ven­dredi 31octobre que le ministre Daoud lui avait transmis le soutien personnel du président Aziz.
Une nouvelle fois, un activiste de l’IRA présent, Sabbar Houssein, dé­nonça les appels répétés du mufti à la mise à mort des abolitionnistes et la persistance de l’esclavage, notam­ment dans les propriétés foncières dumufti. Des policiers ont alors tenté de l’arrêter,mais des fidèles Haratines les en ont empêchés. Sabbar Houssein a été arrêté le 1er novembre et trois autres militants le 2, à leur sortie de la mosquée des Nobles, où ils avaient, eux aussi,répli­qué à une violente diatribe de l’imam du lieu contre l’IRA.
MFC « 

 

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