Conseil National du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Harratines : Déclaration
Manifeste des Harratines – A la suite de leur caravane contre les discriminations foncières dans la Vallée du Fleuve, La chambre correctionnelle du tribunal de Rosso a rendu, ce jeudi 15 janvier 2015, son verdict du procès intenté aux accusés de l’Association anti esclavagiste l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA).
Ainsi les deux principaux dirigeants de l’Organisation Mrs. : Biram Dah ABEÏD , son Président et Brahim OULD BILAL RAMDANE, son vice-président ainsi que Mr. Djybi SOW, Président de l’Association KAWTAL YELITARE, ont été condamnés à deux ans de prison ferme pour des chefs d’inculpation dignes des périodes d’exception les plus obscures de notre histoire et dont la continuelle requalification prouve leur caractère éminemment politique.
D’attroupement non autorisé qui constituait l’accusation initiale, on est passé à l’accusation d’appartenance à organisation non reconnue avant de retenir enfin l’accusation d’acte de rébellion non armée.
Il reste avéré qu’aucune de ces accusations n’a de fondement et que les faits contenus dans le dossier d’instruction n’ont aucun rapport avec l’énoncé du verdict qui a été apparemment décidé puis dicté au président du tribunal par des autorités ne concevant d’autre mission pour la justice que celle d’obéir aux ordres.
Ces mêmes autorités qui ont déjà fait preuve de ségrégation flagrante entre les membres de ladite caravane dans le but de prendre à partie une certaine frange sociale ( les Haratine) et transféré illégalement les prévenus, quelques heures après le verdict scélérat, à la prison d’Aleg, les soustrayant ainsi à la compétence territoriale de leur juridiction d’origine; en l’occurrence la cour d’appel de Nouakchott.
Cette délocalisation du lieu de détention des intéressés qui ressemble étrangement à une opération de rapt, constitue une énième violation des lois du pays et du droit des accusés à un procès équitable devant la juridiction compétente au sein de laquelle ils ont introduit leur appel.
Le Comité permanent du Manifeste qui a suivi, avec une grande attention, tout le processus depuis l’arrestation injustifiée des intéressés jusqu’à leur inexplicable condamnation :
• condamne, avec énergie, l’instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de compte politiques pour la neutralisation des défenseurs des droits de l’Homme ;
• stigmatise la pratique courante de la politique de l’autruche par les pouvoirs en Mauritanie; politique qui consiste à insulter et à abuser des droits des citoyens, à bafouer les règles réels de la consolidation de l’unité nationale puis s’attendre, en retour, à récolter autre chose que la tempête, fruit du vent qu’ils ont sciemment semé;
• demande, en conséquence, la reconnaissance de l’innocence et la relaxe immédiate des trois citoyens concernés : Birame DAH OULD ABEÏD, Brahim OULD BILAL RAMDANE et Djybi SOW ;
• appelle toutes les forces nationales concernées par la vraie concorde nationale, la primauté du droit, le respect réel des libertés publiques et de la paix civile, à la mobilisation générale pour l’annulation des conclusions de ce jugement inique ;
• remercie vivement les forces politiques, les écrivains, les blogueurs et tous ceux de nos concitoyens qui ont exprimé, à travers les réseaux sociaux ou des communiqués officiels, leur solidarité agissante avec les désormais détenus d’Aleg, victimes de l’arbitraire;
• remercie chaleureusement et tire son chapeau pour la « jeunesse de gauche » dont les représentants ont fait le déplacement jusqu’au tribunal de Rosso pour apporter leur soutien aux dirigeants de IRA et de KAWTHAL, injustement prisonniers ;
Nouakchott le 19 janvier 2015
Le Comité permanent du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même.