Ouverture du procès des « excommuniés d’IRA »
Ce jeudi 5 mars 2015 a vu s’ouvrir à Nouakchott, le procés des militants d’IRA arrêtés le 24 octobre 2014 à la suite d’une « excomunication » prononcée à leur encontre par le grand mufti de la République, grand propriétaire terrien et esclavagiste à ses heures, l’imam Ahmedou Ould Lemrabott Ould Habibou Rahmane (voir photo). Il s’agit de Messieurs Brahim Jiddou, Yacoub Inalla et Sabar Houssein contre lesquels le parquet a requis deux ans de prison ferme et 60 000 UM d’amende pour chacun. Lors de ce procès, les avocats des militants d’IRA n’euerent aucun mal à démontrer le caractère purement politique des réquisitions de l’accusation. Le verdict tombera le 19 mars prochain.
Cette affaire remonte au vendredi 24 octobre 2015. En ce jour de grande prière hebdomadaire et alors que Biram Dah Abeid, président d’IRA, avait organisé quelques jours auparavant une conférence de presse où il présentait l’Appel des élus et associations citoyennes de Chicago (USA) fustigeant la persistance de l’esclavage en Mauritanie et la permanence du double discours des autorités mauritaniennes sur cette question, l’Imam Ould Lemrabott, avait attaqué frontalement l’organisation anti-esclavagiste en qualifiant ses membres de « cinquième colonne du judaïsme et de l’impiété en Mauritanie ». Ould Lemrabott a appelé les autorités à « défendre l’Islam contre ses ennemis » en spécifiant la leicité du meurtre de Biram.
Suite à cette charge sans précédent dans un lieu aussi solonnel, Brahim Jiddou, surnommé « l’imam d’IRA » et qui, lui aussi, est versé dans les sciences islamiques, interrompit le Mufti en lui retournant accusations et compliments. S’en suivit l’intervention des fidèles qui se sont scindés en deux camps, l’un à majorité Hratîn et l’autre à majorité Bidân. C’est dans la soirée de ce vendredi que des membres de la police politique vinrent arrêter les militants d’IRA. Les premiers interrogatoires au commissariat de police de Tavragh Zeina cherchaient à « clarifier » les liens supposés entre IRA et la classe politiqe afro-américaine. Le lendemain, le sit-in organisé par d’autres militants d’IRA devant le commissariat de police fut violamment dispersé. Deux autres militants seront interpellés et jetés en prisons à cette occasion.
Ce procès démontre l’influence des Uléma du pouvoir qui sont capables « d’excommunier » des fidèles et de les jeter en prison alors que la contestation des prêches dans la Mosquèe est une pratique très répandue et tolérée. Il démontre aussi la peur panique du gouvernement de Ould Abdel Aziz des connections qu’IRA a établies avec le mouvement abolitionniste mondial notamment dans les pays occidentaux.