Le temps de se ressaisir !

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L’Authentique – La lourde atmosphère qui règne actuellement dans le pays sur fond de tensions créées après la réaction des autorités sur la marche contre l’esclavage foncier, doit interpeller les Mauritaniens sur la fragilité de l’édifice. Elle doit surtout interpeller l’élite, ou ce qui en reste sur la gravité de la situation.

Elle doit enfin interpeller les tenants du pouvoir et le système qu’il incarne sur la précarité de l’existant. Ces derniers doivent enfin comprendre que la Mauritanie des années en cours n’est plus celle des années 1987, ou encore 1990. Elle n’est même plus celle des années 2005-2007.

Aujourd’hui, les Mauritaniens sont majeurs. Ils sont devenus plus éveillés. Et surtout plus conscients de leurs droits et davantage plus jaloux de leurs libertés. Ils n’acceptent plus les dysfonctionnements « structurés » que manipulent les pions du système à travers la perpétuation, au sein de l’Etat, de critères injustes et inéquitables entre les citoyens.

Ils ne veulent plus que la caste, la couleur de la peau, la naissance et la condition servile soient primordiaux dans l’accession aux droits. Ils ne veulent plus que l’Etat soit un « privilège » que s’échangent des groupes, des castes et des lobbies qui font actionner les leviers de la répression à chaque fois que des voix s’élèvent pour dénoncer cet état de fait suicidaire. Ils ne veulent plus que les appareils répressifs de l’Etat soit exclusivement orientés contre tous ceux qui refusent l’injustice, l’esclavage, le racisme et l’obstination à ne jamais rendre justice aux victimes des anachronismes.

Dans cette logique, la dernière (toujours en cours) affaire de Biram Ould Dah Ould Abeid, survenue récemment à Rosso, en dit long sur les velléités du Système à ramener le pays vers la logique de la confrontation ethnique et du purgatoire communautaire. En réalité, Biram n’aurait rien à reprocher. Du moins cette fois-ci. Aller saluer et souhaiter la bienvenue à des manifestants pacifiques, n’a jamais été un crime.

Exprimer sa solidarité avec les victimes de l’arbitraire ou de l’injustice, de toute nature que ce soit, n’est aussi pas un crime. Si l’on voulait charger Biram pour lui faire payer le discours assez offensif qu’il avait eu à tenir, lors de la dernière campagne présidentielle, contre le système social « inéquitable » et le Système qui le protège, c’est complètement raté.

Juridiquement, Biram et ses compagnons n’ont rien à se reprocher. Ils étaient en regroupement pacifique et d’ailleurs autorisé. Pratiquement, ils ont été agressés dans leur droit à l’expression, à la manifestation et au rassemblement. Surtout, selon tous les témoignages objectifs, il n’ y avait aucune raison d’interpeller les membres de la caravane (qui ne l’ont pas été d’ailleurs, si l’on excepte les leaders de l’IRA). Contrairement à ce qui avait été dit dans tous les médias manipulés par les officines obscures du Système, il n’ y a jamais eu de « contact » entre les gendarmes et les manifestants. Seuls des échanges à voix élevées ont été déplorés entre le Hakem et les organisateurs de la marche.

Et c’est justement en voulant arrondir les angles que Biram a été interpellé. Ensuite, on fera passer le discours officiel à la vitesse supérieure avec force de renforts de propagandes, d’informations « fuitées » qui n’auraient jamais existé et d’autres mensonges agrandis à la loupe !

Certains plateaux des TV privés et des studios des radios ont, pour l’histoire, joué un rôle assez négatif à ce propos. Ouvrant leurs studios et leurs micros à toutes les formes de l’extrémisme, les organes de presse cibles ne faisaient qu’appliquer la stratégie des « pontes » des services sécuritaires.

Impliqués pour certaines dans les tueries extrajudiciaires des années 90-91, récemment réveillées par l’affaire Ould N’Zilou à M’Bagne, ces pontes voudraient davantage compliquer la situation pour que la tension se poursuive et que la vérité sur leurs véritables crimes contre l’unité nationale et la stabilité de la Mauritanie soient diluées dans leurs mensonges.

En effet, qui jette un coup d’œil sur certains commandements actuels des appareils sécuritaires (tous corps confondus) se rend compte d’une évidence : beaucoup de ceux qui ont les mains souillées de sang sont montés en puissance. Ils dirigent des corps, commandent des services et refont surface sur tous les fronts. Leur ascension est plus inquiétante que des « discours haineux » distillés (d’ailleurs sous leur dictée ou avec leur bénédiction) par des groupuscules qui n’ont que des mots alors qu’eux, disposent de moyens et de méthodes qu’ils n’hésitent jamais à mettre à exécution pour réussir leur scénario macabre de défaire la Mauritanie.

Celle-ci n’a jamais connu pire que les « roitelets sanguinaires » de la sécurité, ces diables anthophages ressuscités aujourd’hui en plein jour alors au moment où les Mauritaniens, toutes classe confondues espéraient entrevoir une réconciliation nationale effective, une démocratie réelle et un intégral respect des droits de l’homme !

Amar Ould Béjà

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