France: Plainte contre de hauts responsables de Mauritanie pour torture (Ouest France)
Cette plainte contre X, déposée au tribunal de grande instance de Paris, vise les chefs de « tortures et de traitements cruels ».
Treize militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG qui dénonce l’esclavage moderne auquel sont soumises les populations noires de Mauritanie, avaient été arrêtés en juin et juillet pour leur implication présumée dans des violences contre la police au cours d’une manifestation.
Condamnés en août à des peines de trois à quinze ans de prison par un tribunal de Nouakchott, leur procès en appel s’est ouvert ce lundi à Zouerate (nord).
« Les architectes de la torture en Mauritanie »
« Les plaignants identifient formellement une vingtaine de hauts-gradés dans ce dossier, des responsables bien connus pour être les architectes de la torture en Mauritanie », ont relevé les avocats de l’IRA, William Bourdon et Amélie Lefebvre, lors d’une conférence de presse.
« Nous demandons aux autorités françaises de les interpeller lors de leur passage en France et de les traduire en justice » en vertu du principe de la compétence universelle qui permet à un État de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves quel que soit le lieu où les faits ont été commis et la nationalité des auteurs ou des victimes, a ajouté Georges-Henri Beauthier, également avocat de l’ONG.
L’esclavage a été officiellement aboli en 1981 en Mauritanie et est réprimé, depuis 2015, par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.
« 20 % de la population victime de travail forcé »
Mais certaines pratiques d’asservissement perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l’IRA. « 20 % de la population est victime de travail forcé. Ils n’ont pas de pièce d’identité ni d’accès aux soins. Les femmes et les filles subissent régulièrement des viols », a déploré lundi le président de l’ONG, Biram Ould Dah Ould Abeid.
Les treize militants de l’association sont accusés de « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ».
En octobre, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU avait estimé que les poursuites judiciaires engagées à leur encontre étaient « destinées à étouffer les groupes et individus qui favorisent les droits de l’Homme » dans le pays, soulignant que « l’activisme anti-esclavagiste ne peut pas être un crime ».