Des ONG adressent un courrier à John F. Kerry Secrétaire d’état des États Unis pour dénoncer la détention des abolitionnistes Mauritaniens (Freedom House)

John_F._Kerry26 août 2015

 A l’Honorable John F. Kerry Secrétaire d’Etat 2201 C Street, NW Washington, DC 20520

   Cher Monsieur le Secrétaire d’état,

Nous sommes profondément préoccupés par la décision du tribunal du 20 août en Mauritanie qui a confirmé la peine de deux ans de prison pour les militants anti-esclavagistes Biram Dah Abeid (qui a reçu le Prix des Droits Humains des Nations unies en 2013), Brahim Bilal et Djiby Sow. Le gouvernement mauritanien a manifesté  un mépris total de la loi et des droits humains fondamentaux en emprisonnant des défenseurs des droits humains dans l’exercice  de leur droit à la liberté d’association et d’expression et en contournant le procès judiciaire en appel.

Lorsqu’ils ont été arrêtés en novembre 2014, Abeid, Bilal et Sow représentaient des organisations des droits de l’homme en menant une « caravane » pacifique de sensibilisation le long du fleuve Sénégal – vu que l’obstacle majeur à la lutte contre l’esclavage en Mauritanie est l’absence de prise de conscience du problème. Le 15 janvier 2015, le gouvernement mauritanien a condamné Abeid, Bilal et Sow à deux ans de prison pour incitation à la rebellion et appartenance à une organisation « illégale ».  Dans le but d’éloigner le soutien populaire pour les prisonniers et de rendre l’accès aux visites difficile aux familles et avocats, 24 heures après avoir été condamnés, les trois militants ont arbitrairement été envoyés à la lointaine prison d’Aleg. A la lumière de ces événements, nous vous appelons à condamner publiquement cette injustice, à encourager le gouvernement de Mauritanie à mettre en pratique ses lois anti-esclavage et à sérieusement reconsidérer l’éligibilité de la Mauritanie au pacte sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique  (African Growth and Opportunity Act AGOA).

Freedom House a relevé des situations de détérioration des droits humains dans son rapport annuel Freedom in the World. En 2009, la Mauritanie a été rétrogradée du statut de « Partiellement libre » à celui de « Pas libre », en conséquence de l’évincement militaire du président démocratiquement élu. Sous le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, le pouvoir politique est fortement centralisé dans les mains de l’exécutif et l’étendue de l’esclavage n’a pas diminué.  Selon l’index de Global Slavery, la Mauritanie détient le plus haut taux d’esclavage moderne dans le monde estimé à 4% de la population – bien que beaucoup d’organisations locales des droits de l’homme estiment le nombre proche des 20%.

L’organisation de Abeid, l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), parmi d’autres, ont contribué, en mettant la question de l’esclavage à l’avant plan, à rendre publics les abus et à mobiliser les citoyens mauritaniens pour demander leurs droits fondamentaux. Depuis les arrestations de novembre, les ressources de l’organisation ont été canalisées dans des procédures légales et ainsi détournées de sa mission fondamentale pour éliminer l’esclavage en Mauritanie.

Nous demandons expressément aux Etats Unis de condamner publiquement la décision de la cour d’appel d’Aleg contre Abeid, Bilal et Sow.  Les Etats Unis fournissent plus de 40 millions de dollars en assistance pour la sécurité en Mauritanie.  Cette aide offre un montant significatif de moyens pour engager le gouvernement mauritanien sur les questions des droits humains. De plus, comme vous l’avez souligné dans vos remarques au Sommet pour contenir la violence extrémiste tôt cette année,  les groupes de la société civile et les défenseurs des droits humains comme Abeid, Bilal et Sow sont essentiels dans la lutte contre l’extrémisme violent car ils encouragent l’inclusion sociale et politique,  réduisant ainsi l’appel des groupes extrémistes.

Les Etats Unis devraient faire pression sur le gouvernement mauritanien pour qu’il mette en pratique ses lois anti-esclavage. Nous avons accueilli positivement la promulgation de lois plus dures contre l’esclavage au début de ce mois, spécialement les dispositions qui permettent aux organisations sans profit de déposer plainte au nom de victimes ; cependant l’engagement du gouvernement mauritanien pour mettre en œuvre ces lois reste en doute. Depuis que la Mauritanie a criminalisé l’esclavage en 2007,  le gouvernement n’a pas fourni les ressources adéquates pour le tribunal spécial chargé des poursuites relatives à l’esclavage – ainsi que stipulé dans le rapport récent rédigé par le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines de l’esclavage – et seul un inculpé a été soumis à la justice. Affaiblir les organisations locales des droits de l’homme rendra aussi la mise en vigueur des lois anti-esclavage moins probable.

Enfin les Etats Unis devraient reconsidérer l’éligibilité de la Mauritanie au pacte sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique  (African Growth and Opportunity Act AGOA) sur base des droits humains.  Lors de la prochaine session de l’AGOA sur l’éligibilité de la Mauritanie, le Bureau du Représentant des Etats Unis pour le Commerce devrait consulter les organisations des droits de l’homme mauritaniennes concernant les restrictions aux droits politiques et aux libertés civiles de même que les tendances sur l’incidence de l’esclavage qui existe dans le pays.

En tant que plus proche allié et partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme, les Etats Unis sont en position de force pour encourager le gouvernement du Président Aziz à stopper la persécution des militants anti-esclavagistes et à remplir sa promesse et ses propres engagements pour mettre un terme à l’esclavage. Ces efforts contribueraient à rendre la Mauritanie plus pluraliste et résistante et à diminuer le terrorisme et l’instabilité.

Mark P. Lagon

President de Freedom House

Co-signataires :

The Abolition Institute

Action by Christians for the Abolition of Torture (ACAT – Allemagne)

Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH)

Anti-Slavery International

Article 19

Association des Femmes Chefs de Famille

Free the Slaves

Human Rights First

IRA – Mauritanie

IRA – USA

Robert F. Kennedy Human Rights

SOS-Esclaves

Unrepresentend Nations & Peoples Organization (UNPO)

Vivere

Source : https://freedomhouse.org/article/joint-letter-secretary-state-john-kerry-reconsider-mauritanias-agoa-eligibility-call-anti#.VeJJbX01MQK

 

Freedom House

Joint Letter to Secretary of State John Kerry: Reconsider Mauritania’s AGOA Eligibility, Call for Anti-Slavery Enforcement

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The Honorable John F. Kerry
Secretary of State
2201 C Street, NW
Washington, DC 20520
Dear Mr. Secretary:

We are deeply troubled by the August 20th court ruling in Mauritania upholding a two-year prison sentence for anti-slavery activists Biram dah Abeid (recipient of the 2013 UN Human Rights Prize), Brahim Bilal, and Djiby Sow. The Mauritanian government has demonstrated a complete disregard for rule of law and basic human rights by imprisoning human rights defenders for exercising their right to freedom of assembly and expression and by circumventing the judicial process for appeal.

When arrested in November 2014, the human rights organizations that Abeid, Bilal and Sow represent were leading a peaceful sensitization “caravan” along the Senegal River – as the biggest obstacle to the struggle against slavery in Mauritania is the lack of awareness about the problem. On January 15, 2015, the Mauritanian government sentenced Abeid, Bilal and Sow to two years imprisonment for inciting rebellion and membership in an ‘illegal’ organization. In an attempt to diffuse popular support for the prisoners and make it difficult for their family and lawyers to visit, within 24 hours of being sentenced, all three were arbitrarily moved to the remote location of Aleg. In light of these events, we urge you to publicly condemn this injustice; encourage the government of Mauritania to enforce its anti-slavery laws; and seriously reconsider Mauritania’s eligibility for the African Growth and Opportunity Act (AGOA). 

Freedom House has documented Mauritania’s deteriorating human rights record in its annual Freedom in the World report. In 2009, Mauritania was downgraded from ‘Partly Free’ to ‘Not Free’ status, due to the military’s ouster of the democratically elected president. Under President Mohamed Ould Abdel Aziz, political power is highly centralized in the hands of the executive and the scale of slavery has not diminished. According to the Global Slavery Index, Mauritania has the highest prevalence of modern slavery in the world at an estimated 4% of the population – although many local human rights organizations put the number close to 20%.

Abeid’s organization, the Initiative for the Resurgence of the Abolitionist Movement (IRA), among others, have been instrumental in raising the issue of slavery to the forefront, exposing abuses and mobilizing Mauritanian citizens to demand basic rights. Since the November arrests, the organization’s resources have been funneled into legal proceedings and drawn away from their ultimate mission to eliminate slavery in Mauritania.

We urge the United States to publically condemn the decision by the appeal court in Aleg against Abeid, Bilal and Sow. The United States provides over $40 million in security assistance to Mauritania. This aid offers a significant amount of leverage to engage the Mauritanian government on issues of human rights. Also, as you made clear in your remarks at the Summit on Countering Violent Extremism earlier this year, civil society groups and human rights defenders like Abeid, Bilal and Sow are essential in the struggle against violent extremism as they promote social and political inclusion, diminishing the appeal of extremist groups.

The United States should press the government of Mauritania to enforce its anti-slavery laws.  We welcomed the enactment of tougher laws against slavery earlier this month, especially provisions which allow non-profit organizations to file complaints on the behalf of victims; however, the Mauritanian government’s commitment to implement these laws is in doubt. Since Mauritania criminalized slavery in 2007, the government has not provided adequate resources for the special tribunal dedicated to slavery prosecutions – as noted in the recent report issued by the UN Special Rapporteur on Contemporary Forms of Slavery – and only one perpetrator has been brought to justice. Weakening local human rights organizations will make the enforcement of anti-slavery laws even less likely.

Finally, the United States should reconsider Mauritania’s AGOA eligibility on human rights grounds. During the upcoming AGOA eligibility review of Mauritania, the Office of the U.S. Trade Representative should consult with Mauritanian human rights organizations regarding the restrictions on political rights and civil liberties as well as the trend lines in the incidence of slavery that exist in the country.

As one of Mauritania’s closest allies and key partner in the fight against terrorism, the United States is in a strong position to encourage President Aziz’s government to stop persecuting anti-slavery activists and live up to its own commitments to end slavery. These efforts would help make Mauritania more pluralistic and resilient and decrease terrorism and instability.

Sincerely,

Mark P. Lagon
President, Freedom House

Co-Signers:

The Abolition Institute
Action by Christians for the Abolition of Torture
Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH)
Anti-Slavery International
Article 19
Association des Femmes Chefs de Famille
Free the Slaves
Human Rights First
IRA – Mauritanie
IRA – USA
Robert F. Kennedy Human Rights
SOS-Esclaves
Unrepresented Nations & Peoples Organization (UNPO)
Vivere

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