La Mauritanie risque l’instabilité si ses richesses ne sont pas mieux réparties : l’expert de l’ONU sur l’extrême pauvreté – Mauritania risks instability if its wealth is not better shared: UN expert on extreme poverty
(La version anglaise se trouve ci-dessous – English version, see below)
La Mauritanie risque l’instabilité si ses richesses ne sont pas mieux réparties : l’expert de l’ONU sur l’extrême pauvreté
NOUAKCHOTT / GENEVE (11 mai 2016) – Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Philip Alston, a déclaré aujourd’hui que la stabilité continue de la Mauritanie dans une région volatile risquerait d’être compromise à moins que les bénéfices de la croissance ne soient plus équitablement répartis.
« Le gouvernement doit fournir davantage d’efforts pour tenir sa promesse de lutter contre les séquelles de l’esclavage, et doit aller au-delà d’une approche de charité pour aller vers une approche qui reconnaît que chaque Mauritanien a un droit fondamental à l’eau, aux soins de santé, à l’éducation, et à l’alimentation», a déclaré M. Alston à la fin de sa première visite officielle* dans le pays.
Le Rapporteur spécial a décrit la Mauritanie comme un pays riche en ressources naturelles, et dont le système juridique n’accepte plus l’esclavage, qui a pu maintenir sa stabilité, et a, comparativement, bénéficié d’un niveau élevé d’aide internationale pour le développement.
Il a reconnu que des réalisations importantes ont été faites au cours de ces dernières années, en particulier en ce qui concerne les zones urbaines. Cependant, il a averti que 44% de la population rurale continuait à vivre dans une pauvreté écrasante dans des régions comme le Gorgol, le Brakna et le Trarza, qu’il a visitées.
« Pour beaucoup de personnes, le seul impact tangible des politiques de développement du gouvernement jusqu’à présent a été l’expropriation de leurs terres et leur attribution aux investisseurs à grande échelle et cela sans aucune compensation », a noté M. Alston.
« Les Haratines et les Négro-Mauritaniens sont systématiquement absents de toutes les positions de pouvoir réel et sont continuellement exclus de nombreux aspects de la vie économique et sociale », a dit l’expert. « Ces groupes représentent plus des deux tiers de la population, mais diverses politiques servent à rendre leurs besoins et leurs droits invisibles. »
Le Rapporteur spécial a noté qu’une reconnaissance officielle que des biens et de services tels que l’eau, les soins de santé, l’éducation, et l’alimentation sont des droits de l’homme « pourrait commencer à transformer la façon dont sont formulées et mise en œuvre les politiques de développement ».
« Au lieu de construire une école semblable au Taj Mahal pour 84 millions d’ouguiyas à Dar el Barka, l’Agence nationale de lutte contre les séquelles de l’esclavage, d’insertion et de lutte contre la pauvreté (Tadamoun) aurait pu entreprendre la construction de salle de classes additionnelles et de toilettes et soutenir le personnel des écoles périphériques qui sont tant dans le besoin », a noté M. Alston.
Mr. Alston a également souligné que « trop de programmes de développement social du gouvernement sont ad hoc et répondent davantage aux intérêts des circonscriptions électorales puissantes qu’aux besoins réels ». Il a appelé à la création d’un groupe des Amis de la Mauritanie, qui rassemblerait les principaux bailleurs de fonds, pour discuter des priorités en amont de leurs réunions régulières avec le gouvernement.
« Les bailleurs de fonds internationaux n’ont pas réussi à encourager le gouvernement à fonder son approche sur des principes, ni à être systématique dans son approche, et ont ainsi consacré beaucoup trop peu d’attention au type de coordination qui renforcerait considérablement leur impact combiné », a-t-il souligné.
Au cours de sa visite de dix jours en Mauritanie, l’expert des droits de l’homme a rencontré le gouvernement central et les autorités locales, les organisations non-gouvernementales, des représentants d’organisations internationales, et des personnes vivant dans l’extrême pauvreté à Nouakchott et dans différentes régions du pays.
Le Rapporteur spécial présentera un rapport complet avec la totalité de ses conclusions et recommandations au Conseil des droits de l’homme en juin 2017.
(*) Consulter la version complète du communiqué de fin de mission au lien suivant: http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=19948&LangID=E
FIN
- Philip Alston a pris ses fonctions comme Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme en juin 2014. Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations Unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel. Pour en savoir plus, connectez-vous à: http://www.ohchr.org/EN/Issues/Poverty/Pages/SRExtremePovertyIndex.aspx
Nations Unies, Droits de l’Homme, fiche pays – Mauritanie: http://www.ohchr.org/FR/Countries/MENARegion/Pages/MRIndex.aspx
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NEWS RELEASE
Mauritania risks instability if its wealth is not better shared: UN expert on extreme poverty
NOUAKCHOTT / GENEVA (11 May 2016) – The United Nations Special Rapporteur on extreme poverty and human rights, Philip Alston, today said that Mauritania’s continuing stability in a volatile region risks being undermined unless the benefits of growth are more evenly distributed.
« The Mauritanian Government needs to do much more to back up its promise to tackle the vestiges of slavery, and needs to move beyond a charity approach to one that recognizes that every Mauritanian has human rights to water, health care, education, and food, » Mr. Alston said at the end of his first official visit* to the country.
The human rights expert described Mauritania as a country rich in resources, and one whose legal system no longer accepts slavery, has maintained stability, and has enjoyed comparatively high levels of international development assistance.
He acknowledged that significant achievements have been made in recent years, especially in relation to urban areas. However, he warned that 44% of the rural population continues to live in crushing poverty in regions such as Gorgol, Brakna, and Trarza, which he visited.
« For many of them the only tangible impact so far of the Government’s development policies has been the expropriation of their land without compensation so that it can be turned over to large-scale investors, » Mr. Alston noted.
« There is a systematic absence from almost all positions of real power, and a continuing exclusion from many aspects of economic and social life, of the Haratines and the Afro-Mauritanians », the expert said. « These groups make up over two-thirds of the population, but various policies serve to render their needs and rights invisible. »
The Special Rapporteur noted that official recognition that there are human rights to goods and services such as water, health care, education, and food « would begin to transform the way in which policies are formulated and implemented. »
« Instead of building an 84 million ouguiyas Taj Mahal-like school in Dar el Barka, the National Agency to Fight against the Vestiges of Slavery, Integration, and Fight against Poverty (Tadamoun), might have decided to build toilets, expand classroom facilities, and provide teachers for the many existing schools in the vicinity that are in desperate need, » he said.
- Alston also pointed out that « too many of the Government’s social development programs are ad hoc and responsive more to powerful constituencies than to need, » and called for the creation of a Friends of Mauritania group, bringing together the major donors to discuss priorities in advance of their regular meetings with the Government.
« International donors have not succeeded in encouraging the Government to be more principled and systematic in its approach, and they themselves have devoted far too little attention to the sort of coordination that would greatly enhance their combined impact, » he stressed.
During his ten-day visit to Mauritania, the human rights expert met and engage with the central government and with local governments, non-governmental organizations, representatives of international organizations, and people living in extreme poverty in Nouakchott and in different regions of the country.
The Special Rapporteur will present a comprehensive report with his full findings and recommendations to the Human Rights Council in June 2017.
(*) Read the full end-of-mission statement by the Special Rapporteur: http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=19948&LangID=E
ENDS
Mr. Philip Alston took up his functions as the Special Rapporteur on extreme poverty and human rights in June 2014. The Special Rapporteurs are part of what is known as the Special Procedures of the Human Rights Council. Special Procedures, the largest body of independent experts in the UN Human Rights system, is the general name of the independent fact-finding and monitoring mechanisms of the Human Rights Council that address either specific country situations or thematic issues in all parts of the world. Special Procedures experts work on a voluntary basis; they are not UN staff and do not receive a salary for their work. They are independent from any government or organization and serve in their individual capacity. Learn more, log on to:
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UN Human Rights, Country Page – Mauritania http://www.ohchr.org/EN/Countries/MENARegion/Pages/MRIndex.aspx
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